Caractéristiques
- Titre : Un Fils du Sud
- Titre original : Son of the South
- Réalisateur(s) : Barry Alexander Brown
- Scénariste(s) : Barry Alexander Brown
- Avec : Lucas Till, Lex Scott Davis, Julia Ormond, Ludi Lin, Brian Dennehy et Lucy Hale.
- Distributeur : Star Invest Films France
- Genre : Biopic, Drame
- Pays : Américain
- Durée : 106 minutes
- Date de sortie : 16 mars 2022
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Une histoire vraie touchante et essentielle
Nouveau long-métrage de Barry Alexander Brown (Lonely in America) et d’après l’autobiographie de Bob Zellner, The Wrong Side of Murder Creek, Un fils du Sud, produit par Spike Lee et Sélection Officielle du Festival de Deauville 2021, raconte donc l’histoire vraie de Bob Zellner, petit-fils d’un membre du Ku Klux Klan originaire de Montgomery dans l’Alabama, en 1961, qui est confronté au racisme endémique de sa propre culture. Influencé par la pensée du révérend Martin Luther King Jr. et de Rosa Parks, il défie sa famille et les normes sudistes pour se lancer dans le combat pour les droits civiques aux États-Unis.
Le scénario de Barry Alexander Brown est bien écrit. Bob Zellner se retrouve, par hasard, embrigadé dans la lutte pour les droits civiques des afro-américains après avoir participé à une messe militante pour une thèse sur la cohabitation raciale. Préférant être un observateur plutôt qu’un activiste, il va se retrouver par la force des choses un membre imminent, bien que blanc, du mouvement. La progression se fait doucement mais sûrement. On voit clairement que le personnage a une évolution, que ce soit dans ses actes ou sa pensée. Il va être confronté au regard des autres blancs sudistes, mais aussi à son grand-père, qui fait partie du Ku lux Klan. Tiraillé entre deux mondes, il va devoir faire des choix difficiles. Cela se fait aussi par des rencontres, notamment avec des figures célèbres de l’époque (comme Rosa Parks) qui vont l’aiguiller dans la direction à prendre.
Le combat pour les droits civiques vu d’une autre façon
Il y a aussi tout le contexte de l’époque, qui est bien décrit. Que ce soit par les personnages secondaires ou les événements qui se déroulent. On sent que c’est le début du combat dans l’Alabama, un état sudiste qui ne jure, pour la majorité, que par les blancs. Le contexte choisi est intéressant car les blancs qui aident les afro-américains sont considérés comme des traîtres et ne sont pas à l’abri d’être tués. On sent clairement le risque dès la scène d’ouverture du long-métrage. On a aussi le droit à quelques touches d’humour quand Bob se retrouve seul pour être le standardiste du mouvement ou encore quand l’une des figures du mouvement lui apprend à prononcer de la bonne façon « negro » pour désacraliser ce mot, ce qui reviendra vers le final du film, là encore de façon amusante. Car oui, même si le sujet est grave (on a le droit à des lynchages ou encore à des entrainements d’afro-américains à la non violence), des touches d’humour bienvenues sont là pour nous permettre de souffler.
La réalisation de Barry Alexander Brown n’est pas exceptionnelle, mais marche comme il faut. Il filme ce qu’il doit filmer de façon assez classique, sans fioritures. Il est bien aidé par la superbe direction photographique de John Rosario, qui joue parfaitement sur les lumières du sud des États-Unis et sur les ombres sur les visages pour montrer leurs conflits. Le rythme est assez bon malgré quelques petites longueurs en milieu de métrage, mais rien de bien grave. Les 1h46 passent assez bien et on ne s’ennuie pas. Il faut aussi louer la reconstitution des décors et des costumes des années 60, qui nous plongent complètement dans cette époque. L’utilisation des chansons d’époque est aussi une part essentielle de la narration, qui est complétée par la composition musicale de Steven Arguila, qui fait le travail.
Un casting et une réalisation impliqués, mais pas sans défauts
Du côté du casting. Lucas Till est impliqué dans son rôle. On voit clairement l’évolution du personnage grâce à son interprétation. Lex Scott Davis est autant touchante qu’excellente dans le rôle de Joanne. Julia Ormond est aussi impliquée dans le rôle de activiste blanche Virginia Durr. Ludi Lin est tantôt amusant tantôt sérieux dans le rôle Derek Ang. Un américain d’origine chinoise qui a une histoire et une importance dans le mouvement. Brian Dennehy, que l’ont voit trop peu au cinéma, apporte son savoir faire et sa « gueule » dans le rôle du grand-père de Bob. Enfin, Lucy Hale a un rôle un peu ingrat, celui de la petite amie de Bob, et elle surjoue un peu trop. Sûrement l’élément le plus faible du casting.
Un Fils du Sud est donc un bon film, une belle histoire, qui montre une autre facette du combat pour les droits civiques des afro-américains. S’il ne révolutionne pas le genre, il constitue un bon apport, et est donc essentiel pour la compréhension de ce qui se passait à cette époque.