Caractéristiques
- Titre : She Will
- Réalisateur(s) : Charlotte Colbert
- Scénariste(s) : Kitty Percy et Charlotte Colbert
- Avec : Alice Krige, Kota Eberhardt, Rupert Everett et Malcolm McDowell
- Distributeur : Alba Films
- Genre : Thriller, Drame, Fantastique
- Pays : Angleterre
- Durée : 95 minutes
- Date de sortie : 30 novembre 2022
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- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Comment vaincre le trauma ?
Premier long-métrage écrit et réalisé par Charlotte Colbert, She Will raconte l’histoire de Veronica qui part en convalescence dans la campagne écossaise avec sa jeune infirmière, Desi, après avoir subi une double masectomie. Les deux femmes développent un lien particulier, alors que des forces mystérieuses amènent Veronica à s’interroger sur ses traumatismes passés et la manière de les venger. Disons-le tout de suite : le scénario écrit par Kitty Percy et Charlotte Colbert, qui nous entraîne en Ecosse, est davantage un thriller fantastique qu’un film d’horreur. Il y a évidemment quelques éléments horrifiques, mais très peu au final.
Le scénario se concentre davantage sur une ambiance fantastique, ainsi que sur des choses et personnes liées entre elles. Le lieu de repos où se trouvent Veronica et Desi possède par exemple une histoire. Des femmes y ont été brûlées après avoir été accusées de sorcellerie. C’est par là que le fantastique arrive, mais il ne constitue que l’un des élément des thèmes du scénario, qui est lui concentré sur le trauma et la manière de le surmonter. Veronica est une actrice qui s’est fait agresser sexuellement par un réalisateur dans sa jeunesse. Comment ne pas penser, à travers ce personnage et son histoire, à l’affaire Polanski ? On sent clairement que cela a été une très grande source d’inspiration. L’actrice vit avec ce trauma depuis son adolescence, cela fait partie intégrant de son corps, qui est maintenant meurtri. A travers ce récit, évidemment, elle va devoir vaincre ce trauma.
La nature en tant que force
Il y a aussi Desi, une jeune infirmière qui s’occupe de Veronica. Celle-ci s’occupe tant bien que mal de l’actrice. Mais au fur et à mesure, les femmes vont commencer à se comprendre. Au travers de ce personnage, c’est la jeune génération qui est visée, dans le sens où le combat des femmes, qu’il se soit déroulé il y a 200 ans ou 50 ans, se poursuit aujourd’hui. Le trauma est donc au cœur du film, qui s’intéresse à la manière dont il est inscrit dans le psychisme et la mémoire corporelle. C’est vraiment intéressant comment ce thème est traité, notamment au travers de plusieurs générations.
La nature est aussi très présente par tous ses aspects. Elle est autant montrée comme régénératrice et facteur de guérison de l’âme comme du corps que comme une force qu’il ne faut pas sous-estimer. C’est par là, l’herbe, les arbres, la terre que le fantastique vient et c’est plutôt bien trouvé, surtout dans la façon d’utiliser ces divers éléments. Donc oui, au final, ce scénario est clairement féministe, tout en ne nous prenant pas pour des buses. Ainsi, il se garde bien de tout expliquer er exposer à travers les dialogues. Souvent, une image parle mieux que des dialogues, et c’est ici le cas.
Une réalisation magnifique
Côté réalisation, c’est clairement un sans faute pour la jeune réalisatrice. On sent clairement la photographe car Charlotte Colbert établit et compose bien ses plans. Elle sait tirer partie des superbes décors naturels de l’Ecosse qu’elle a à sa disposition, que ce soit pour le cadre ou la lumière, ce qui confère au long-métrage une ambiance mystérieuse et mystique qui lui sied à merveille. Le montage est aussi bon, que ce soit pour le rythme ou les transitions. La musique de Clint Mansell est épurée et monte progressivement en intensité en commençant par quelques instruments, puis en ajoutant au fur et à mesure que l’intrigue avance, avec un final qui nous emporte avec un superbe chœur. Une musique envoûtante et parfaite pour She Will.
Alice Krige au sommet
Concernant le casting, Alice Krige (Massacre à la Tronçonneuse 2022) est excellente, autant dans son jeu que dans l’utilisation de son corps pour certaines scènes. Elle envoûte le film de sa présence. Kota Eberhardt n’est pas en reste avec une bonne prestation tout en timidité et l’alchimie avec Krige est parlante. On voit clairement que les deux actrices se sont bien entendues sur le tournage, et cela se ressent à l’écran. Rupert Everett est toujours excentrique et Malcolm McDowell fait du Malcom McDowell. Les deux acteurs n’ont que peu de temps à l’écran, mais le mettent bien à profit.
Au final, She Will est un très bon thriller fantastique, bien réalisé, bien écrit avec des thèmes et un propos forts, une musique qui reste en tête et une Alice Krige au sommet.
