[Critique] Terrifier 2 : Art le clown est de retour

Caractéristiques

  • Titre : Terrifier 2
  • Réalisateur(s) : Damien Leone
  • Scénariste(s) : Damien Leone
  • Avec : David Howard Thornton, Kailey Hyman, Lauren LaVera, Jena Kanell, Catherine Corcoran...
  • Distributeur : ESC Films
  • Genre : Horreur
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 2h18
  • Date de sortie : 11 janvier 2023
  • Acheter ou réserver des places : Cliquez ici
  • Note du critique : 5/10

La boucherie rouvre ses portes

Terrifier 2, toujours réalisé et écrit par Damien Leone et faisant suite au premier volet sorti en 2017, revient sur les écrans avec un budget de sept fois supérieur à son aîné, et toujours la même envie de soulever les estomacs.

Un an après la précédente boucherie, Art le clown ressuscité par une force surnaturelle maléfique revient dans la ville où il a commis ses précédents meurtres, durant une soirée d’Halloween où il va devoir faire face à un frère et une sœur qui semblent psychiquement connectés à lui.

Reprenant les recettes du film original, autrement dit une sorte de trio magique avec, au sommet, l’acteur David Howard Thornton qui incarne toujours Art le clown, du gore à outrance et un scénario rachitique, Damien Leone tente de nous refaire le coup du premier volet, mais cette fois-ci le métrage passe de 1h30 pour son prédécesseur à plus de 2h avec celui-ci, ce qui ne va pas vraiment tourner à son avantage.

art le clown et sienna du film terrifier 2

Un slasher fauché

Bien qu’ assumant son manque de moyens, il est clair lorsqu’on voit Terrifier 2 qu’il n’avait pas été vraiment prévu depuis le premier volet qu’il connaisse un grand succès au-delà d’une certaine frange d’adeptes. Tout dans le film fait penser à de l’artisanat : on sent des problèmes de rythme, les lieux les plus souvent utilisés manquent d’envergure (sauf peut-être la boutique de costumes et la scène de cauchemar) et, pour cause, ce sont, comme dans le premier volet, des hangars abandonnés, des parkings, des immeubles à moitié détruits, des sous-sols, des caves… Bref, que de l’économique qui lasse vite la rétine.
L’éclairage va de pair, souvent appuyé par deux lampes et trois néons tenus par une ficelle. La plupart des effets visuels ressemblent au chapitre 1 du manuel de MacGyver.

Que dire, en plus, de l’interprétation des acteurs et actrices, qui sont tout juste passables dans le meilleur des cas, voire carrément mauvais pour l’essentiel ? Sauf, bien sûr, l’interprète d’Art le clown qui constitue son nul doute l’argument de vente du réalisateur, avec toute la tripaille et l’ambiance débridée à la limite du grotesque qui va avec lui.

lauren laverra dans le film d'horreur terrifier 2

L’Art et du cochon

Ce genre de métrage est bien sûr destiné à tous les amateurs d’humour franchement très noir et de violence gratuite, entendez par là sans aucun réel scénario pour le justifier. Et, de ce côté-là, il faut dire que nous sommes plutôt bien gâtés, entre des globes oculaires qui volent, des boîtes crâniennes servant à distribuer des bonbons, des jets d’acide, des lames de rasoir, des explosions de tête à coup de fusil à canon scié… Bref, tout y passe dans une joyeuseté qui frôle l’indécence, mais aux effets limités car souvent trop grand-guignolesques pour paraître crédibles.

Cependant, rien ne peut faire oublier le fait que le premier volet avait l’initiative judicieuse de ne durer qu’une heure trente alors que ce second volet avec ses 2h18 devient l’un des slashers les plus longs de l’histoire. Ce qui n’est pas vraiment une bonne nouvelle, compte tenu du fait qu’en voulant surgonfler sa narration, l’auteur finit par donner l’impression de tourner davantage en rond avec la mythologie d’Art, qui ne s’étoffe pas pour autant. Il y a certes cette petite fille représentant sans doute l’entité diabolique (Satan ?), mais jamais son histoire n’est développée – ou peut-être le sera-t-elle dans un prochain volet, déjà programmé, dans lequel il ne serait pas surprenant de retrouver certains personnages de ce volet afin de pérenniser une nouvelle franchise, à l’image des Halloween et autres Vendredi 13.

L’horreur en Art mineur

En conclusion, nous dirons que ce métrage plaira à un certain public friand de gore ou simplement heureux de retrouver un film d’horreur qui ne cherche pas à auteuriser sa violence à l’ancienne. Néanmoins, il déplaira à ceux qui préfèrent – et on les comprend – suivre une véritable histoire qui aiderait davantage à supporter une violence devenant souvent totalement gratuite, et donc à la longue déplaisante.

Le premier volet avait au moins le mérite d’aller à l’essentiel, alors que le second, en essayant de développer artificiellement sa mythologie, se perd dans une foule d’intrigues qui vont dans tous les sens, au point qu’on se demande pourquoi le réalisateur a opté pour ce format. Reste au final un bon gros bis gore, bancal, aux moyens limités et à l’énergie débridée, auquel on peut concéder un petit plaisir coupable.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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