Caractéristiques
- Titre : Emmett Till
- Titre original : Till
- Réalisateur(s) : Chinonye Chukwu
- Avec : Danielle Deadwyler, Jalyn Hall, Frankie Faison, Haley Bennett et Whoopi Goldberg
- Distributeur : Universal Pictures France
- Genre : Biopic, Drame
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 132 minutes
- Date de sortie : 8 février 2023
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- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Une histoire vraie poignante et essentielle
Nouveau long-métrage de Chinonye Chukwu (Clemency, Alaskaland) et d’après une histoire vraie, Emmett Till raconte l’histoire de Mamie Till-Mobley, jeune veuve élevant seule son fils de 14 ans et unique femme noire travaillant pour la US Air Force à Chicago. Quand Emmett est assassiné parce qu’il aurait sifflé une femme blanche dans le Mississippi de 1955, Mamie bouscule les consciences en insistant, lors des obsèques, pour que le cercueil de son fils reste ouvert afin que l’opinion publique comprenne l’horreur qu’il a subie. Un geste fort pour refuser l’oppression et la haine. Elle cède également au magazine Jet les droits exclusifs de publication des photos de son fils mutilé, si bien que le monde entier s’émeut de ce lynchage particulièrement atroce.
Le scénario est donc tiré d’une histoire vraie et se concentre sur Mamie Till. Son mari est décédé durant la Seconde Guerre Mondiale et elle élève seule son fils depuis. Elle est en couple avec Gene quand Emmett part, pour les vacances, chez ses cousins dans le Mississippi. Evidemment, entre Chicago et cet état du Sud, les différences sont nombreuses en 1955 quand on est afro-américain. C’est comme ça qu’Emmett va se mettre à dos une femme qui tient un commerce, va se faire kidnapper et lyncher. Lyncher étant un petit mot vu ce que le jeune homme va subir avant sa mort. Même si ces sévices ne sont pas montrés à l’écran, on nous montre le cadavre et on ne peut qu’imaginer les souffrances subies.
Un récit puissant
Avant ce drame, nous apprenons à connaître, en prenant en compte leurs points de vue, Mamie et Emmett jusqu’à son décès, ce qui, évidemment, nous pousse à avoir de l’empathie pour ces deux personnages, le meurtre n’ayant lieu qu’en milieu de métrage. C’est là qu’Emmett Till bascule. Mamie veut montrer au monde ce qu’on a fait à son enfant. Elle utilisera aussi les médias en étant prise en photo à côté du corps meurtri de son fils. A partir de là, c’est le combat essentiel d’une mère pour la justice qui est lancé. Mais pourra-t-elle vraiment le remporter ?
Alors oui, il ne s’agit pas d’un film facile car les émotions dégagées par celui-ci sont réelles et particulièrement intenses. L’horreur subie par Emmett est indescriptible et difficile à encaisser. Mais, plus que ça, ce qui en fait un film essentiel, c’est la manière de montrer les répercussions sur les meurtriers du jeune homme. On comprend que le procès n’en n’est pas vraiment un et, au lieu de céder à la colère, Mamie va devoir se battre, de façon pacifique, pour les droits des afro-américains. C’est un tournant dans l’histoire des USA car c’est ce qui lancera le mouvement des droits civiques. Le récit n’est donc pas « juste » un cas de lynchage, mais l’histoire qui a permis de lancer un grand mouvement, à l’importance historique.
Une réalisation académique réservant quelques fulgurances
Du côté de la réalisation, Chinonye Chukwu (Clemency, Alaskaland) reste assez académique en utilisant bien les décors, qui nous plongent dans les années 50 avec les costumes, son espace et son cadre. Elle s’offre un beau plan séquence lors d’une scène importante du procès et dirige bien ses acteurs.
On sent tout de même que le budget était assez serré. Surtout pour les scènes de foules où l’on sent le manque de figurants et pour deux ou trois plans où l’on voit clairement les fonds bleus. Outre cela, le rythme est plutôt bon. On ne s’ennuie pas durant les 2h10. Enfin, la musique d’Abel Korzeniowski accompagne parfaitement le film, autant sur le plan émotionnel que pour nous plonger dans les années 50.
La magnifique performance de Danielle Deadwyler
En ce qui concerne le casting, Danielle Deadwyler offre une magnifique performance dans le rôle de Mamie. Elle a reçu un nombre de prix assez conséquent pour sa prestation, ce qui est complètement mérité. Elle incarne à la perfection son rôle et porte le long-métrage sur ses épaules. Jalyn Hall, qui interprète Emmett, est aussi rayonnant que son sourire. Frankie Faison et Whoopi Goldberg (Star Trek : Picard – Saison 2) ont peu de scènes, mais livrent des interprétations solides. Enfin, Haley Bennett (Cyrano) est également peu présente à l’écran, mais se révèle convaincante dans le rôle de Carolyn Bryant, la femme qui accuse Emmett.
Emmett Till est un film important pour comprendre comment a été lancé le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis. Grâce à la puissance émotionnelle du récit et à la performance déchirante de Danielle Deadwyler, nous avons là un long-métrage essentiel sur le sujet du racisme dans l’Amérique des années 50.