[Critique] Project Wolf Hunting : Un délire sanglant

Caractéristiques

  • Titre : Project Wolf Hunting
  • Titre original : Neugdaesanyang
  • Réalisateur(s) : Kim Hong-Sun
  • Scénariste(s) : Kim Hong-Sun
  • Avec : Seo In Guk, Jang Dong Yoon, Jung So Min...
  • Distributeur : ESC Films
  • Genre : Horreur, Action
  • Pays : Corée du Sud
  • Durée : 2h01
  • Date de sortie : 15 février 2023
  • Acheter ou réserver des places : Cliquez ici
  • Note du critique : 6/10

À la croisée du thriller et du survival horror

Déjà projeté au Festival international du film de Toronto et à L’Étrange Festival à Paris, puis sorti dans les salles coréennes le 21 septembre 2022, Project Wolf Hunting arrive enfin dans nos contrées. Il met en scène les acteurs Seo In Guk, Jang Dong Yoon et Jung So Min dans un survival en pleine mer, impliquant des criminels coréens réfugiés en Thaïlande qui sont rapatriés pour être jugés. Gardés par des policiers sous pression, la situation ressemble à une poudrière qui n’aurait besoin que d’une allumette pour exploser, et c’est exactement ce qui va se passer avec un parrain du crime préparant son évasion. Mais aussi et surtout à cause d’une étrange expérience militaire qui se trouve également à bord et qui finira par faire basculer l’intrigue vers une sorte d’ersatz de Predator.

Le tout est agrémenté d’une violence absolument ahurissante qui ne lésine pas sur les têtes coupées, les bras brisés, les jambes écrasées et des litres d’hémoglobine déversés qui atteignent de telles quantités que cela impacte rapidement la crédibilité des scènes, même si on devine que le réalisme n’est pas vraiment l’objectif du réalisateur. Reste à voir si ce côté cartoon sanglant fonctionne ou pas sur une durée de tout de même plus de 2 heures…

scène de combat dans le film coréen project wolf hunting

Évasion sur un bateau, le plan tombe à l’eau

Le scénario commence par planter le décor avec la première tentative défaillante de rapatrier des criminels en Corée par avion qui se solde par un attentat d’une des anciennes victimes des criminels. Comme chat échaudé ne craint apparemment pas l’eau froide, cette fois-ci, il est décidé à utiliser plutôt le bateau et de renforcer sensiblement la sécurité. Mais c’est sans compter l’un des détenus qui, manifestement, a déjà fait monter ses complices à bord et s’apprête à jouer les filles de l’air… jusqu’à ce qu’une créature quelque peu zombiesque enfermée dans les cales du cargo s’invite à la fête. Un autre meurtrier aussi mutique qu’efficace au combat semble en savoir plus long qu’il ne veut l’admettre sur ce qui est en train de se passer sur le bateau…

On ne peut pas dire que le scénario de base soit très fouillé et la psychologie des personnages particulièrement recherchée, néanmoins il y a une véritable énergie qui permet au réalisateur d’enchaîner les péripéties et retournements de situation. Un peu trop même, car finalement, lorsque la créature est relâchée, on constate vite qu’elle ne fait aucune différence entre les matons et les prisonniers. La quasi totalité du casting va se retrouver massacrée pendant le reste du métrage de manière systématique sans qu’on n’ait jamais pris un instant pour s’y attacher, qu’il s’agisse d’un personnage important ou pas. C’est tout de même un poil embêtant et surtout, ça transforme le métrage en une espèce de simple spectacle gore sans réel fond, et même le côté fun finit par être redondant arrivé au 10e ou 12e massacre.

Autre problème : les retournements de situation, qui témoignent d’une certaine générosité, deviennent eux aussi de plus en plus foutraques au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire. En fait, on sent que le réalisateur pense tout cela comme une saga plus vaste à laquelle il ne manquera pas de donner des suites en cas de succès.

Un effort louable, mais qui plombe un petit peu ce volet en multipliant les pistes d’une façon presque trop rapide dans la dernière partie, alors que le reste du métrage n’est qu’une succession de massacres qui n’apportent aucune densité à l’histoire.

le casting de project wolf hunting

Sang pour sang efficace

Les acteurs sont crédibles et leur jeu est plutôt percutant, mais c’est au niveau de leur caractérisation que le bât blesse. La réalisation, quant à elle, s’avère efficace mais sans génie. Néanmoins, on parvient à suivre l’histoire avec un certain plaisir, le réalisateur Kim Hong-Sun baladant sa caméra dans les coursives de cet immense paquebot sans qu’on ait l’occasion de perdre vraiment le fil de l’intrigue. Un fil qui se raccorde souvent à une nouvelle tête écrasée ou à un nouveau membre coupé. Les musiques, elles, ne sont pas mémorables mais, là encore, ce n’est pas vraiment le sujet du film.

En bref, Project Wolf Hunting s’avère un divertissement plutôt généreux à destination des amateurs de films d’horreur et d’action, mais qui ne possède pas suffisamment d’atouts au-delà de son gore outrancier pour prétendre être davantage qu’un petit plaisir coupable vite vu, vite oublié. Peut être que si des suites voient le jour, la cohérence au sein d’une histoire plus vaste nous permettra de le réévaluer un jour. Pour l’heure, c’est juste un bon film du samedi soir sous la couette.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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