[Test PC] Paranormasight : The Seven Mysteries of Honjo – Un visual novel prenant

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PC
      Existe aussi sur :
    • Nintendo Switch
    • iOS
    • Android
  • Titre : Paranormasight : The Seven Mysteries of Honjo
  • Développeur : Square Enix
  • Scénariste(s) : Takanari Ishiyama
  • Editeur : Square Enix
  • Date de sortie : 08/03/2023
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Une étrange malédiction

Japon, une nuit de l’année 198X. A Honjo, l’un des quartiers du district de Sumida City à Tokyo, une poignée de personnes se voient chacun confier une pierre maudite. Son pouvoir, uniquement actif la nuit, permet de tuer quiconque remplit les conditions d’activation de la malédiction liée à la pierre. Chaque meurtre ainsi perpétré remplit un réservoir d’âmes. Si la victime est un autre porteur de pierre maudite, cela remplit plus rapidement le réservoir. Une fois ce dernier plein, le porteur pourra faire revenir à la vie la personne de son choix. Chaque porteur de pierre reçoit donc un pouvoir qui fait d’elle un chasseur, mais aussi une proie. D’où vient cette malédiction, qui sont les porteurs de pierre, quels sont leurs réseaux ? C’est ce que ce jeu vous propose de découvrir…

La fureur de lire

Paranormasight prend la forme d’un visual novel assez classique. Pour ceux qui ne connaissent pas ce genre, on pourrait l’apparenter à de la littérature interactive : tout au long de la quinzaine d’heures que dure l’expérience, on va suivre le destin de 5 porteurs de pierre maudite. Enfin, plutôt : on va LIRE le destin de ces personnes, beaucoup, BEAUCOUP lire. L’histoire se raconte essentiellement par des dialogues entre les protagonistes du jeu.

Dans ce genre de jeu, l’interactivité reste généralement assez limitée, et c’est le cas ici.  Tout au plus peut-on choisir d’orienter les échanges en choisissant le thème des discussions, mais au final, il faudra avoir épuisé toutes les propositions disponibles pour faire avancer l’histoire. Parfois, des choix sont possibles dans les répliques des conversations, mais elles sont la plupart du temps anecdotiques, car elles ne changent pas le cours de l’intrigue. Suivant le contexte, on peut de temps en temps déplacer les personnages sur une carte pour leur faire visiter la quinzaine de lieux qui servent de décor au récit.

Au milieu de ce classicisme, quelques bonnes idées viennent casser la routine. Tout d’abord, le titre n’hésite pas à casser le quatrième mur :  dès le début de l’aventure, un narrateur s’adresse directement au joueur pour lui expliquer le fonctionnement du jeu. Ce passage didactique va être utile pour résoudre une poignée d’énigmes. Ces fulgurances, malheureusement peu exploitées, sont vraiment très bien trouvées et on regrette qu’elles soient aussi rares.

La narration, morcelée par chapitres, peut être suivie comme une série télé à travers une quarantaine d’épisodes d’une durée de 15 à 20 minutes. Ces épisodes répartis sur 5 lignes temporelles – une par personnage – permettent de manipuler le temps et l’espace. Elles racontent à la fois la même histoire et une histoire différente : dans une sorte de multiverse où les réalités alternatives sont très très proches, seul le joueur a une vision complète du puzzle. Ces différents angles  de narration introduisent très naturellement un élément fantastique supplémentaire dans le récit.

Le jeu est également complété par une encyclopédie en ligne présentant les personnages, ainsi que des éléments de contexte, réels ou fictifs, sur le quartier et ses légendes. Loin d’être accessoire, il permettra d’enrichir l’univers du jeu, mais également de résoudre une poignée d’énigmes au cours du récit.

Beaucoup de choses à lire donc, et obligatoirement en anglais ou en japonais, le jeu n’étant à l’heure actuelle pas encore disponible dans d’autres langues – c’est son principal défaut. Il reste cependant accessible avec un niveau moyen en anglais, les phrases restant courtes et compréhensibles.

Même pas peur….

Le joueur va donc assister au destin de 5 personnages parmi une galerie d’une vingtaine de protagonistes hauts en couleur : le couple de flics grand-guignol, les lycéennes en costume, le détective privé aux tenues excentriques, la délinquante au grand cœur, etc. Leurs histoires sont très bien écrites et il n’y a pas de fausse note dans le casting. Tout au plus peut-on déplorer quelques répétitions lors des échanges, mais rien de préjudiciable au plaisir de la lecture.

Après une première heure de jeu ressemblant à un slasher, l’histoire dérive rapidement vers l’enquête policière. Ceux qui s’attendent à un jeu d’horreur en seront pour leurs frais : ici, le paranormal est un prétexte pour sonder l’âme humaine, chaque personnage ayant ses propres motivations et modus operandi pour l’utilisation des malédictions.

Le scénario s’autorise toutefois quelques digressions intéressantes sur des thématiques comme les légendes urbaines et leur part de vérité, ou l’ukiyo-e, l’art des estampes japonaises. Vendu comme un jeu horrifique, Paranormasight échoue malheureusement à faire peur tant il cherche à expliquer et à rationaliser les manifestations occultes.

Côté visuel, le jeu tente un parti audacieux, celui de mélanger à des décors de type photos assez pixellisées des personnages au style très dynamique et aux contours accentués par des traits de pinceau de calligraphie. Le rendu est vraiment très plaisant, avec des personnages très expressifs, mais on regrettera que lors des zooms, décors et personnages se retrouvent très pixellisés. Un filtre de traitement de l’image de type neige d’écran cathodique (désactivable) ajoute une ambiance vintage à ce tableau.

Pour la partie musicale, c’est un sans-faute, avec une partition mélangeant des styles très variés, évitant la monotonie répétitive de ce genre de production. L’alternance des thèmes musicaux avec des passages silencieux ou uniquement bruités s’allie très bien à une mise en scène simple et dynamique à base de travellings, artifices efficaces pour cacher habilement un titre au budget modeste…

En conclusion, Paranormasight : The Seven Mysteries of Honjo se révèle un très bon jeu d’enquête – à défaut de faire peur – avec quelques trouvailles de gameplay intéressantes qui lui confèrent une originalité bienvenue. La qualité de son écriture et la solidité de son intrigue qui tient la route jusqu’à sa conclusion en font un candidat idéal pour ceux qui voudraient s’essayer au genre.  A condition, toutefois, d’avoir un niveau correct en anglais et de ne pas avoir peur de passer la grande majorité du temps à dévorer des lignes de dialogue…

Article écrit par

Né en 1976, et passionné de jeu vidéo depuis à peu près la même date. J'adore les jeux de réflexion, de plateforme, d'aventure. Ne le dites à personne mon plaisir coupable c'est les Match-3... Mon rêve c'est d'avoir du temps pour me replonger dans mes classiques personnels : Chibi-Robo, Zelda 3, TetroBot & Co et Puggsy.

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