[Critique] Sur les chemins noirs : Drame sur les sentiers de France

Caractéristiques

  • Titre : Sur les chemins noirs
  • Réalisateur(s) : Denis Imbert
  • Scénariste(s) : Denis Imbert, d'après l'œuvre de Sylvain Tesson
  • Avec : Jean Dujardin, Joséphine Japy, Izïa Higelin, Anny Duperey, Jonathan Zaccaï...
  • Distributeur : Apollo Films/TF1 Studio
  • Genre : Drame
  • Pays : France
  • Durée : 1h34
  • Date de sortie : 22 mars 2023
  • Acheter ou réserver des places : Cliquez ici
  • Note du critique : 5/10

L’ivresse de la liberté

Sur les chemins noirs est un film français réalisé par Denis Imbert et adapté du récit du même nom de Sylvain Tesson. Alors qu’il est ivre, Pierre (Jean Dujardin) tombe de son balcon et est gravement blessé, conservant des séquelles graves. Néanmoins, toujours ivre de liberté et afin de conjurer le mauvais sort qui lui est tombé dessus, il décide, contre l’avis des médecins, de traverser la France à pied depuis le parc du Mercantour jusqu’au nez de Jobourg, et tout cela en n’empruntant que les petits sentiers (communément appelés les chemins noirs indiqué sur les cartes IGN).
Ce voyage initiatique en forme de bilan est une occasion pour lui de replonger dans son passé dissolu, tout en s’interrogeant sur son avenir en écrivant un roman à la fois sur ce qui lui est arrivé, et sur ce qu’il est à présent en train d’accomplir.

jean dujardin en randonnée dans sur les chemins noirs

Le Dujardin en balade

Porté par la présence écrasante de Dujardin qui, pourtant, doit s’incliner devant la grandeur des paysages qu’il traverse, on ressent à la fois la solitude de l’homme et, paradoxalement, son désir de se perdre, ainsi que l’opportunité qui s’offre à lui de se retrouver à la fin de ce périple. Librement adapté du roman, ce film semble entièrement dédié à sa star (et, par extension, à son auteur, qui se met littéralement en scène par rapport à son propre accident de 2014 quasi similaire), qui trouve là un rôle à sa mesure.

Néanmoins, il est vrai que le déroulé du scénario pourrait dérouter un certain nombre de spectateurs étant donné que, si le périple en lui-même est à la fois passionnant pour les amateurs de paysages français (et de leur histoire, car citer Napoléon de nos jours comporte des risques), il n’en reste pas moins que le cheminement, lui, est extrêmement classique et ne comporte pas particulièrement de surprise. Pire : il pourrait vite ressembler à un trip narcissique de son auteur, et donc du personnage incarné par Dujardin. Une idée motivée par une voix-off envahissante, dont on se serait bien passé parfois, préférant faire silence face aux paysages de France.

Le paradoxe est que le personnage peut être interprété de deux façons. La première manière est de le voir comme un excentrique épris de liberté sur lequel tous les autres se brisent à essayer de le retenir ou de l’enfermer malgré qu’ils l’aiment. La seconde est de le percevoir comme un être instable, incapable de rester en place, et dont l’alcoolisme a provoqué l’inévitable chute au sens propre.

jean dujardin au mont saint michel dans sur les chemins noirs

Une ambivalence intéressante

C’est certainement cette ambivalence du personnage central qui apporte tout son sel à ce métrage qui, en lui-même, ne se résume qu’à une succession de scènes et de belles images.

Car, finalement, que ce soit sa compagne (Joséphine Japy), sa sœur (Izïa Higelin), un ami de longue date (Jonathan Zaccaï) ou même des personnes rencontrées au gré de ses errances, en particulier la vendeuse de fromage qui semble avoir soulevé un véritable clivage sur Internet surtout destiné à attaquer la personnalité controversée de son auteur (l’attirance de la fermière relèverait du cliché du citadin blanc cinquantenaire, alors que le plus simple est de penser qu’elle le trouve juste séduisant), tous et toutes le soutiennent, l’admirent, le désirent ou l’envient, si bien qu’on finit par se demander où se trouve réellement le sujet du film.

Trip égocentrique ou véritable odyssée amoureuse de la France? Difficile à dire, mais c’est intéressant d’essayer de s’en faire sa propre idée car, après tout, ce n’est pas le but atteint qui est important, mais bien le chemin parcouru.

Difficile de donner une note élevée à ce métrage tant il est compliqué de savoir s’ il est sincère ou pas. Néanmoins, nous ne pouvons que vous conseiller de vous faire votre avis sur la question.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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