[Test – PlayStation 5] Resident Evil 4 : Un remake classieux

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 5
      Existe aussi sur :
    • Playstation 4
    • Ordinateur/PC
    • Xbox Series X/S
    • Steam
  • Titre : Resident Evil 4 Remake
  • Développeur : Capcom
  • Editeur : Capcom
  • Date de sortie : 24 mars 2023
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 8/10

Des zombies et des hommes


Depuis que Capcom s’est décidé à moderniser sa saga d’horreur phare Resident Evil, les remakes s’enchaînent et fort heureusement se ressemblent qualitativement. Pour un Resident Evil 2 de très haut niveau qui avait subi en plus de ses améliorations certaines modifications de scénario et de gameplay bienvenues, nous avons eu droit à Resident Evil 3 également de bonne facture, mais avec des choix en revanche plus hasardeux et des raccourcis par rapport à l’histoire originale qui n’étaient hélas pas judicieux.

Néanmoins, qualitativement, l’ensemble était très encourageant et les ventes ayant naturellement suivi, il aurait été illogique que le studio s’arrête en si bon chemin. À présent est venue l’heure du grand défi car, de tous les opus de la saga, Resident Evil 4 est celui qui a marqué le tournant action à une époque où la saga commençait un peu à tourner en rond (à l’exception peut-être d’un Code Veronica injustement sous-évalué la plupart du temps, alors qu’il est sans doute l’un des meilleurs opus).

La question est : vont-ils à nouveau pouvoir satisfaire les joueurs de la première heure tout en s’adaptant aux nouveaux standards actuels? La réponse ne sera certainement pas la même à tous points de vue, mais il est évident que Capcom a néanmoins en grande partie réussi son pari.

Un jeu familier, et pourtant…

image remake resident evil 4
Copyright Capcom

Ce qu’on constate rapidement, c’est que l’univers visuel a subi un lifting extrêmement poussé, de même que l’ambiance. Pour exemple, l’arrivée dans le village ne se fait plus de jour mais de nuit, certains passages sont rallongés alors que d’autres ont été raccourcis, certaines situations ont carrément disparu du jeu pour laisser place à de nouvelles… En fait, on a l’impression de jouer au même jeu, mais beaucoup de choses ayant changé, on peut se laisser surprendre comme un débutant, même après avoir refait le jeu d’origine récemment – c’est le cas de l’auteur de ces lignes.

Initiative bienvenue car, non seulement les graphismes subliment l’ambiance (en particulier celle du village), mais en plus de ça, la tension est toujours aussi omniprésente. La maniabilité a également été retravaillée, même si le personnage conserve une certaine “lourdeur” dans ses déplacements et réactions, mais cela a toujours été une marque de fabrique de la licence, qu’on apprécie cette caractéristique ou pas.

C’est donc un véritable tour de force qui a été exécuté mais, comme nous le disions, c’est en particulier la section du village qui en profite grâce à des décors variés, au décalage jour/nuit, mais aussi par le biais d’une météo changeante devenant de plus en plus capricieuse au fil du temps.

Le château lui était déjà magnifique dans la première version mais son lifting s’avère moins ambitieux et malgré quelques beaux passages comme le jardin intérieur ou la salle de l’eau on a surtout l’impression de circuler dans des couloirs ou des petites pièces dont l’aspect répétitifs et à moitié détruit donnent un sentiment d’abandon des lieux plus prononcés que dans l’original. Un choix esthétique plutôt étrange d’ailleurs vu le nombre de laquais qui y vivent pour l’entretenir, au moins en partie. C’est un petit peu dommage, mais il faut reconnaître qu’en termes de grandiloquence et de beauté visuelle, le château de Lady Dimitrescu de Resident Evil Village est depuis passé par là, et celui de Resident Evil 4 a tendance à faire un peu trop série B voire Z en raison de sa taille invraisemblable façon Castlevania. Certains passages hors de propos ont d’ailleurs été retirés dans cette version, afin de rendre le tout plus crédible – une impression à relativiser cependant avec l’apparition d’un troll géant digne du Seigneur des Anneaux qui vous bombarde depuis les remparts.

Quant au dernier segment qui se passe sur l’île, il demeure toujours un problème, que ce soit dans la première version ou dans ce remake. Non que les graphismes soient moins travaillés que dans les autres segments, mais la pauvreté visuelle et le manque de variétés des décors contrastent avec les lieux précédents (des rochers et des hangars à 90%). C’est dommage que les concepteurs n’aient pas cherché à améliorer davantage cette dernière partie, qui manquait pourtant déjà d’envergure en 2005.

Des changements qualitativement inégaux

copyright Capcom

Donc oui, les décors ont été retravaillés, oui il y a des changements sur le déroulé de l’action, oui certains éléments ou personnages ont été modifiés, tout cela est vrai.

Néanmoins, tous les choix concernant ces points narratifs ne font pas mouche et les modifications les plus intéressantes se font là encore surtout dans la première partie du récit, puis un peu dans la seconde et quasiment plus du tout dans la troisième (à l’exception de la disparition d’un antagoniste dont l’absence dans cette version ne manquera pas de décevoir les fans), ce qui fait que Resident Evil 4 Remake a tendance à nous faire ressentir une impression de perte de vitesse au fur et à mesure que l’intrigue avance, ce qui est problématique car, à un moment du jeu, on finit par avoir l’impression que le meilleur est derrière nous.

Certaines idées sont par ailleurs assez amusantes car, si le personnage d’ Ashley Graham (la fille qu’on vient sauver donc) est devenu beaucoup plus sympathique et touchante dans cette version, il n’en reste pas moins qu’elle conserve un côté boulet dans l’action. Mais, les scénaristes ont eu comme brillante idée de limiter son temps de présence au profit du personnage de Luis qui, lui, était sans doute trop effacé dans la première version et gagne davantages ses galons dans celle-ci.
Si, par conséquent, l’équilibre entre ces deux personnages devient plus efficace, il n’en va pas de même pour les antagonistes.

Bitores Mendez, le géant lugubre qui dirige le village, possède une présence toujours inquiétante, mais n’est néanmoins plus assez présent pour réellement nous inquiéter. Et pourtant, c’est celui qui s’en sort le mieux ! Ramon Salazar, le nabot maître du château de la deuxième partie, est lui complètement aseptisé dans cette version et a perdu totalement son côté enfant capricieux et dégénéré, devenant ainsi un antagoniste sans intérêt. Même problème pour Osmund Saddler, le grand méchant concluant la 3ème partie du jeu, qui nous fait un peu le coup de l’Empereur Palpatine dans la nouvelle trilogie. On ne le voit (presque) pas, puis il tombe comme un cheveu sur la soupe avec un background ressemblant au syndrome de la page blanche. Non que ce beau monde était particulièrement fouillé dans l’ancienne version, mais ils avaient de véritables identités et un charisme indéniable, qui passe totalement à la trappe ici, et ce n’est pas le personnage totalement loupé de Jack Krauser qui vous dira le contraire.

Bis repetita

image gameplay remake resident evil 4
copyright Capcom

Difficile d’expliquer ces mauvais choix, qui rendent l’odyssée de Léon plus superficielle, et ce malgré l’ajout de quelques quêtes annexes pas toutes intéressantes, il faut bien l’avouer. Pour autant, il ne faut pas minimiser le travail colossal effectué par le studio Capcom, qui permet ainsi de (re)découvrir ce jeu d’exception.

En conclusion, nous dirons que ce remake sait mettre en valeur la plupart des qualités de son ancienne version, mais certains éléments pouvant poser question ne manqueront certainement pas de déplaire à beaucoup. D’un autre côté, l’entreprise était si risquée qu’on pourrait se montrer indulgent et se dire que contenter tout le monde relevait de l’objectif impossible à atteindre, mais, pour être franc, il manque un peu d’audace pour justifier pleinement ce remake.

Déjà, le célèbre Mode Mercenaires est disponible et une fois l’effervescence autour de la doubleuse d’Ada Wong passée, il ne fait aucun doute que la belle espionne aura droit à son aventure solo dans un DLC à venir comme dans l’ancienne version. En fait, tout est là, mais rien n’a vraiment changé et c’est comme ça qu’on pourrait conclure cette critique de Resident Evil 4 Remake : beaucoup de talent, mais peu de génie.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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