Caractéristiques
- Titre : La chose derrière la porte
- Réalisateur(s) : Fabrice Blin
- Avec : Séverine Ferrer, Quentin Surtel, David Doukhan, Fabien Jegoudez, Yves Lecat...
- Genre : Horreur
- Pays : France
- Durée : 1h21
- Date de sortie : 2023
- Note du critique : 5/10 par 1 critique
Le cinéma de genre, un complexe français
Malgré de nombreuses tentatives ces dernières années avec des films comme À l’intérieur (2007) ou Frontières (2007), il faut bien dire que le cinéma de genre a du mal à s’exprimer pleinement dans notre spectre cinématographique français. Cependant, chaque nouvelle tentative nous rend curieux, car on espère à chaque fois qu’enfin un bon film de genre fantastique va émerger de nos contrées.
C’est donc avec cet espoir que nous avons visionné cette fameuse Chose derrière la porte réalisée par Fabrice Blin, qui signe là son tout premier long-métrage après une série de courts et un documentaire.
Plaçant son intrigue durant la Première Guerre mondiale, nous suivons le destin d’Adèle (Séverine Ferrer, de retour) qui a vu son homme Jean (David Doukhan) partir à la guerre pour ne jamais en revenir, comme le confirme la lettre qu’elle reçoit du front lui annonçant sa mort. Incapable d’accepter la disparition de celui qu’elle aime et en proie à des cauchemars qui l’amènent tout droit vers un mystérieux grimoire enterré, Adèle va utiliser les formules à l’intérieur pour tenter l’impossible : ramener son amour de la tombe. On se doute bien que si, au début, l’expérience va fonctionner, il va vite y avoir un prix à payer…
L’horreur à l’économie
Bien que bénéficiant d’une réalisation soignée et d’une belle photographie, on voit assez rapidement que La chose derrière la porte n’est pas doté d’un immense budget.
Pour décrire la guerre, juste quelques bruits de fond et quelques avions qui circulent dans le ciel entretiennent l’illusion, tandis que les acteurs sont réduits au strict minimum (1 personnage pour plus de la moitié du métrage), ainsi que le lieu de tournage (la maison d’Adèle et ses alentours).
Néanmoins, le tout fonctionne plutôt bien, le réalisateur utilisant ses maigres moyens au profit d’une ambiance où se mêlent diverses références, comme bien sûr Lovecraft, mais également Le Mort-Vivant de Bob Clark pour les similitudes du pitch de départ, le cinéma italien de Lucio Fulci, et même un peu Alien avec ses cocons gluants servant à la renaissance de Jean.
Cependant, malgré une durée d’à peine 1h20 qui permet à l’intrigue d’aller à l’essentiel, on ne peut s’empêcher à la vision de La chose derrière la porte de se dire en permanence qu’il manque toujours quelque chose.
Trop bancal pour convaincre
Après une longue exposition et quelques lignes de dialogue entre les deux protagonistes, qui constitueront presque les seules du film qui devient quasi-muet par la suite, le récit suit son cours et bascule dans l’horreur pure dans un dernier tiers jusqu’à un final plutôt beau visuellement, mais malheureusement assez prévisible, en fait tellement prévisible qu’on en arrive à se dire « tout ça pour ça ».
Alors oui, les références sont nombreuses mais, en contrepartie, beaucoup de pistes sont délaissées, comme les allusions à la Première Guerre Mondiale (hormis l’apparition un peu artificielle d’un soldat allemand libidineux), dont le contexte aurait pu être davantage utilisé, ou bien les conséquences de la séquence finale qui, en l’état, ne nous renseigne pas beaucoup et s’avère aussi obscur que les formules du grimoire.
Au final, La chose derrière la porte se trouve être un métrage plein de potentiel, avec de très bonnes références mais qui échoue, principalement à cause d’un budget restreint et de plusieurs trous narratifs, à nous proposer un spectacle suffisamment puissant en lui-même pour n’être autre chose qu’un simple mix de genre sans ambition.