Caractéristiques
- Titre : La Petite
- Réalisateur(s) : Guillaume Nicloux
- Avec : Fabrice Luchini, Mara Taquin et Maud Wyler
- Distributeur : SND
- Genre : Drame
- Pays : France, Belgique
- Durée : 93 minutes
- Date de sortie : 20 septembre 2023
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- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Le travail de deuil
Nouveau long-métrage co-écrit et réalisé par Guillaume Nicloux (La Tour, Les Rois de l’arnaque), La Petite raconte l’histoire de Joseph, qui apprend que son fils et le compagnon de celui-ci viennent de mourir dans un accident. Ils attendaient un enfant via une mère porteuse en Belgique. Que va devenir leur futur bébé ? Joseph en est-il le grand-père légitime ? Porté par la promesse de cette naissance qui va prolonger l’existence de son fils, le sexagénaire part à la rencontre de la jeune Flamande au caractère farouche et indomptable…
Le scénario est tiré du roman Le Berceau de Fanny Chesnel et la romancière et le réalisateur ont co-écrit le long-métrage. Le thème du film est évidemment le deuil. Celui de Joseph qui vient de perdre son fils, à même pas quarante ans, dans un accident. Sa femme étant aussi décédé depuis cinq ans, il ne lui reste plus que sa fille. Le sexagénaire plonge dans une dépression, jusqu’au jour où il apprend que son fils et son compagnon avaient fait appel à une mère porteuse pour avoir un enfant. Sentant que cette petite sera le dernier lien avec son fils, il va quitter Bordeaux pour la Belgique à la recherche de cette femme. La jeune femme, Rita, est déjà mère célibataire d’une petite fille de 9 ans et vu qu’elle ne touchera pas le reste de l’argent qui lui était dû, elle se retrouve dans une situation difficile…
L’espoir d’une nouvelle vie
C’est donc une relation de confiance, voire père/fille qui va se construire entre les deux personnages. Ils vont devoir apprendre à se connaitre et à s’apprivoiser. C’est, pour le coup, une histoire assez classique autour de la relation de deux personnes de deux mondes différents. Du déjà-vu en partie, mais abordé de manière assez juste, que ce soit par la manière dont les personnages sont définis, leurs réactions et leur évolution durant l’intrigue. Le thème du deuil est bien développé, tout autant que celui de la filiation au travers de la relation de Joseph et Rita.
Le scénario n’évite pas non plus de relancer le débat sur la GPA, là encore d’une manière intéressante. D’ailleurs, si on est clairement dans le drame, avec une émotion bien présente, le réalisateur s’accorde quelques touches d’humour (surtout sur l’incompréhension entre les langues française et flamande) qui font du bien et ne rendent pas la narration trop lourde.
Une réalisation simple mais efficace
D’ailleurs, le réalisateur Guillaume Nicloux n’en fait pas trop. S’il nous offre un plan séquence au début du film pour nous montrer l’incrédulité fasse à l’inexplicable finissant sur un mouvement montrant que le personnage de Joseph a une sensation de vertige. Pour le reste, il fait simple, réaliste et reste au plus près des acteurs pour capter leur jeu. Il nous offre aussi quelques beaux moments, comme celui de la plage (dont la photo de l’affiche est tirée) et il utilise parfaitement les décors de Bordeaux et sa région et ceux de Gand en Belgique.
La musique de Ludovico Einaudi accompagne parfaitement le film en soulignant certaines émotions. Enfin, La Petite possède une durée d’1h30 seulement et, avec le rythme imposé, qui est assez rapide mais prend son temps pour certaines scènes afin de laisser le spectateur ressentir les émotions, cela fait que l’on ne s’ennuie pas.
Luchini émouvant et la révélation Mara Taquin
Côté casting, Fabrice Luchini est touchant dans le rôle de Joseph. Même s’il garde certains tics de jeu qu’il a depuis des années, il est émouvant, autant par le côté fonceur tête baissée de son personnage que l’on sent dans le regard de l’acteur que par le deuil que porte Joseph. Il fait évidemment mouche lors des passages humoristiques avec ses répliques, qui sont éparpillées dans le film. Mais la vraie révélation est Mara Taquin (vue aussi dans La Syndicaliste cette année). La jeune actrice belge s’impose face à Luchini, chose pas forcément aisée, et donne à son personnage de Rita toute ses forces et faiblesses. Une superbe interprétation. Mais La Petite ne fonctionnerait pas sans l’alchimie entre Taquin et Luchini, et celle-ci est clairement présente. Enfin, Maud Wyler, qui interprète Aude, la fille de Joseph, a quelques scènes assez difficiles, mais elle s’en sort admirablement bien.
La Petite est une comédie dramatique, convenue mais efficace, avec des thèmes bien traités – et surtout portée par un Fabrice Luchini émouvant et la révélation Mara Taquin.