Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PC
- Playstation 4
- Xbox One
- Nintendo Switch
- Xbox Series X/S
- PlayStation 5
- Titre : Agatha Christie - Le Crime de l'Orient Express
- Développeur : Microids Studio Lyon
- Editeur : Microids
- Date de sortie : 19 octobre 2023
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- Note : 7/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Un mode de jeu classique
Contrairement à son confrère Sherlock Holmes, Hercule Poirot n’a pas eu énormément d’incarnations en personnage de jeu vidéo. Une poignée de jeux d’aventure sans grande ambition auraient-ils échaudé les héritiers d’Agatha Christie à la fin des années 2000 ? Toujours est-il que, depuis 2016, la licence a été confiée à Microids, qui sort en 2023 le titre le plus ambitieux tiré de cet univers : Le Crime de l’Orient Express. Et c’est au tout nouveau studio interne Microids Studio Lyon ouvert en 2021 qu’est revenue la lourde tâche d’adapter ce monument de la littérature policière.
Pour cette première, l’équipe a joué la carte de la sécurité et est allée chercher une recette éprouvée, celle inaugurée par Frogwares dans Sherlock Holmes : Crimes and Punishements. Une aventure en 3D où le détective, joué à la troisième personne, récolte des indices, interroge et confronte témoins et suspects, et résout les mystères à l’aide d’une carte mentale. On n’est pas loin du plagiat, mais la formule ayant depuis été reprise dans de nombreux titres (à commencer par la série sur la jeunesse de Poirot chez le même éditeur, qui a très certainement servi d’exemple à ne pas suivre), elle est presque devenue un genre à part entière.
Adaptation : gare à la trahison
Parlons en premier lieu de l’adaptation : comment rendre dynamique une histoire se passant quasi exclusivement dans 5 wagons de train ? L’équipe a résolu ce problème en introduisant dans l’aventure un personnage inédit : Joanna Locke, une agent du FBI qui va nous permettre de suivre sous forme de flashback l’enquête sur le passé trouble de la victime du crime de l’Orient Express. Lors de ces phases, on se retrouve dans des niveaux ouverts permettant de casser le train-train imposé par l’environnement étriqué du célèbre train.
On notera d’autres entorses à l’histoire canonique, mais qui, au lieu de desservir l’intrigue, la rendent plus cohérente. Notons par exemple que l’action se déroule à l’époque actuelle, à l’occasion du 140ème anniversaire de l’Orient Express, ou que c’est l’enquête de l’agent Locke qui va révéler à Poirot la réelle identité de la victime. Dans le roman, cette vérité était rapidement expédiée, déduite par le détective à partir du souvenir d’un fait divers dont il avait connaissance.
Les amoureux du roman qui craindront de se retrouver devant une version interactive de l’œuvre en seront pour leur frais. Après la révélation finale, Poirot et Locke feront face à une incroyable révélation qui les amènera à collaborer sur une enquête de nature à remettre en cause le meurtre le plus emblématique de la littérature policière. Enquête un peu grandguignolesque mais variée et agréable à suivre. L’expérience s’étirera au total sur 10 à 15 heures de jeu suivant votre rapidité de déduction. Les adeptes de la collectionnite pourront également s’amuser à ramasser toutes les moustaches dorées disséminées dans les niveaux pour faire durer le plaisir.
L’originalité est restée sur le quai
Si l’adaptation tire son épingle du jeu, les phases de jeu dans le train s’apparentent presque à un visual novel. Poirot mène son enquête à base de devinettes et de déductions sur un banal écran en 2 dimensions. Une mauvaise réponse n’est pas pénalisante, Poirot se contentera de noter que pour une fois, il a commis une erreur. Notre détective s’appuie donc aussi sur une carte mentale pour consigner ses réflexions. Celle-ci s’avère claire et agréable d’utilisation. Le jeu est aussi agrémenté d’énigmes (tétris, mécanismes, engrenages) un peu téléphonées dont le héros lui-même s’amuse au détour d’un dialogue. Elles prendront plus d’épaisseur et de cohérence dans les phases avec Joanna Locke et lors de l’enquête finale. Pas de panique pour les joueurs occasionnels, des indices permettent de les résoudre sans avoir à trop faire travailler ses petites cellules grises.
Un aspect technique sur de bons rails
Techniquement, ce titre s’en sort avec les honneurs. On voit que les moyens ont été mis sur les éléments essentiels : le character design est bien travaillé, les décors sont soignés et des doublages sont proposés dans 3 langues (français, anglais et allemand). Nous recommandons de jouer dans la langue natale d’Agatha Christie : non seulement c’est dans celle-ci que les acteurs sont les plus convaincants, mais en plus, elle permet d’entendre les accents des différents protagonistes. La version française ne s’est pas embarrassée de cette coquetterie. Dur alors de déduire la nationalité d’une personne sans cet indice. Enfin, les dialogues anglais sont exprimés dans une langue simple qui ne nécessite pas un niveau élevé. A noter que sur la version PC, la synchronisation labiale des personnages est parfaite et s’adapte à chaque idiome. Que ce soit en anglais ou en français, les dialogues sont bien écrits et il y a très peu de remplissages inutiles.
Les animations dans la démarche des personnages, les murs invisibles ainsi que l’anatomie de certains protagonistes trahissent les moyens limités de l’équipe de développement, mais rien qui gâche l’expérience.
En conclusion, il s’agit de la meilleure version vidéo-ludique des aventures de Poirot à ce jour. L’adaptation de la page à la manette est un modèle à suivre et révèlera son lot de surprises, même aux fans de l’œuvre originale. L’œuvre ludique elle-même reste très classique, mais sa maîtrise de bout en bout lui confère un capital sympathie qui ne vous fera pas lâcher la manette avant d’avoir débarqué à Paris Gare de Lyon. Vu la qualité du produit livré, on attend avec impatience la relecture du classique Flashback par le même studio.
