Caractéristiques
- Titre : Ça Tourne à Séoul! Coweb
- Titre original : Geomijip
- Réalisateur(s) : Kim Jee-woon
- Avec : Song Kang-Ho, Im Soo-Jung, Jeon Yeo-bin..
- Distributeur : The Jokers / Les Bookmakers
- Genre : Comédie dramatique
- Pays : Corée du Sud
- Durée : 135 minutes
- Date de sortie : 8 novembre 2023
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- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Le chaos hilarant d’un tournage
Nouveau long-métrage réalisé par Kim Jee-woon (Le Dernier Rempart, Le Bon, La Brute et le Cinglé), Ça Tourne à Séoul! Coweb, présenté hors compétition au Festival de Cannes 2023, se déroule à Séoul en 1970. Kim souhaite refaire la fin de son film “Cobweb”. Mais les autorités le censure, les plaintes des acteurs et des producteurs ne cessent d’interférer et un grand désordre s’installe sur le tournage. Kim doit donc surmonter ce chaos, pour achever ce qu’il pense être son chef-d’œuvre ultime…
Et le long-métrage aurait été excellent s’il n’y avait pas un vrai manque de rythme. Le scénario est pourtant bon sur pas mal d’aspects. N’importe quelle personne qui a été sur un tournage reconnaîtra le désordre que c’est et qu’il faut un miracle pour que celui-ci se termine dans de bonnes conditions. Evidemment, ici, pour amuser le spectateur, le curseur est poussé à fond. Tout ce qu’il peut se passer de mal arrive donc. En cela, Ça Tourne à Séoul! Coweb fait mouche et nous fait rigoler.
Entre le réalisateur rempli d’obsessions qui a quelque chose à prouver, une productrice qui rechigne à donner de l’argent et à accorder deux jours supplémentaires de tournage, les acteurs et actrices à problèmes, la censure qui s’en mêle, etc. C’est à un joyeux bordel jouissif auquel nous assistons. Il y a aussi une critique des critiques de cinéma qui est amusante. Une autre bonne idée est que le long-métrage que l’équipe tourne prend vie sous nos yeux. Si nous n’avons pas vu le tournage principal, nous avons des extraits de celui-ci qui viennent couper la narration des reshoot, et c’est plutôt bien vu car le long-métrage passe ainsi d’un genre à l’autre, du drame, au thriller, au soap opera en passant par le film d’horreur. Cela apporte une dose d’humour supplémentaire bienvenue.
Un rythme bancal
Les personnages sont tous bien à leur place, que ce soit le réalisateur, les producteurs, la scripte, l’équipe technique, les acteurs, etc. Même si certains ne sont pas nommés, on comprend assez vite qui est qui sur le tournage. Mais Ça Tourne à Séoul! Coweb possède un gros défaut comme nous le disions plus haut : il manque vraiment de rythme. Le tournage auquel nous assistons doit être fait en urgence en deux jours. Il n’est pas autorisé et il doit ainsi se dérouler de la manière la plus discrète possible. Le problème, c’est que nous ne ressentons pas ce sentiment d’urgence dans le film, à part dans quelques scènes fulgurantes où le rythme monte, ce dernier est globalement bancal et du coup, parfois, l’ennui pointe le bout de son nez, ce qui est dommage. Si celui-ci avait quinze à vingt minutes en moins et que quelques histoires secondaires, certes amusantes, mais dont on aurait clairement pu se passer, avaient été coupées, le film n’en aurait été que meilleur.
Côté réalisation, Kim Jee-woon déploie une panoplie de techniques du cinéma, autant pour le tournage auquel nous assistons que pour les images en noir et blanc du film qui est tourné – un parti pris qui permet d’effectuer une “cassure” par rapport aux images du tournage, dont nous voyons le résultat de temps en temps. Il fait aussi pas mal de références visuelles à différentes périodes de l’histoire du cinéma et à différents genres. On sent clairement son amour pour le septième art ne serait-ce que dans sa réalisation.
On notera aussi la qualité des décors et costumes qui nous plongent dans les années 70, mais aussi les décors dans le studio du cinéma. Les chansons utilisées (dont “Poupée de Cire, Poupée de son” de France Gall, qui est utilisée lors d’une scène hilarante) et la musique appuient parfaitement les scènes par le décalage qu’elles créent avec ce qui se déroule sous nos yeux.
Une réalisation inspirée et un groupe d’acteurs impliqué
En ce qui concerne le casting, c’est un véritable ensemble que nous avons là. Les acteurs jouant les acteurs le font extrêmement bien, surtout lors des scènes où ils doivent en faire des tonnes. Un véritable plaisir ! Les autres acteurs sont parfaitement dans leurs personnages et apportent tous une touche d’humour même, et surtout, quand ils sont en arrière plan. Evidemment, on retiendra la prestation de Song Kang-Ho (Les Bonnes Etoiles, Parasite) qui, dans le rôle du réalisateur, monsieur Kim, s’avère être un lead à la hauteur. Son talent n’est évidement plus à démontrer et l’acteur sud coréen en fait une nouvelle fois la démonstration.
Ça Tourne à Séoul! Coweb est un bon film sur l’accouchement douloureux d’un long-métrage et son tournage. Une réalisation maîtrisée, un humour qui fait mouche, un groupe d’acteurs talentueux avec quelques fulgurances pour certaines scènes en font un film solide, mais dont le rythme chancelant l’empêche d’être véritablement excellent.