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[Critique] L’Innocence : Vérité et points de vue

Caractéristiques

  • Titre : L'Innocence
  • Titre original : Kaibutsu
  • Réalisateur(s) : Hirokazu Kore-eda
  • Avec : Sakura Andô, Eita Nagayama, Soya Kurokawa, Hinata Hiiragi
  • Distributeur : Le Pacte
  • Genre : Drame, Thriller
  • Pays : Japon
  • Durée : 126 minutes
  • Date de sortie : 27 décembre 2023
  • Acheter ou réserver des places : Cliquez ici
  • Note du critique : 9/10

Nouveau long-métrage réalisé par Hirokazu Kore-eda (Les Bonnes Etoiles) et prix du scénario au Festival de Cannes 2023, L’Innocence raconte l’histoire du jeune Minato, dont le comportement est de plus en plus préoccupant. Sa mère, qui l’élève seule depuis la mort de son époux, décide de confronter l’équipe éducative de l’école de son fils. Tout semble désigner le professeur de Minato comme responsable des problèmes rencontrés par le jeune garçon. Mais, au fur et à mesure que l’histoire se déroule à travers les yeux de la mère, du professeur et de l’enfant, la vérité se révèle bien plus complexe et nuancée que ce que chacun avait anticipé au départ.

Une histoire, trois points de vue

Et c’est avec ces trois versions d’une même histoire que Kore-eda développe plusieurs thèmes intéressants. Dans la première version, nous avons le point de vue de Saori (formidable Sakura Andô), la mère de Minato, qui voit que quelque chose cloche chez son fils : il revient avec des bleus, il lui manque une chaussure ou encore il y a de la terre dans sa gourde… En cherchant, elle pense comprendre que c’est le professeur de son enfant qui s’en prend à lui. Elle va être confrontée à la chaîne éducative de l’établissement de son fils. Etant veuve, Saori doit s’occuper de tout et elle ne comprend pas le comportement du professeur et de la chef d’établissement, qui disent que tout va s’arranger alors que ce n’est pas le cas. Dans cette version, le réalisateur veut nous montrer les difficultés de cette mère isolée qui va faire face à un mur.

image sakura ando l'innocence
Copyright 2023 Monster Film Committee

Des faux-semblants avec de lourdes répercussions

La seconde version est celle du professeur, Hori (Eita Nagayama, très bon), que tout accusait et évidemment, on découvrira autre chose, car la vérité n’est pas la première version de la mère, ni celle de Hori, mais les thèmes développées sont tout aussi prenants, à commencer par celui du harcèlement scolaire, le professeur pensant que Minato s’en prend consciemment à un autre jeune garçon de la classe, Eri. Il va tout faire pour comprendre, mais quelques accidents vont le mettre, lui, en avant.

La rumeur et les réseaux sociaux n’aidant pas, il va devoir faire un choix. On comprend mieux le comportement du personnel de l’école dans cette partie, où il est clairement dit que les parents ont le pouvoir sur les professeurs, voire qu’il arrive que ces mêmes parents s’en prennent à la communauté éducative. Avec cette partie, on pourrait très bien faire le parallèle avec certains faits d’actualité en France ces dernières années.

image eita nagayama l'innocence
Copyright 2023 Monster Film Committee

Des thèmes parfaitement développés

La troisième et dernière partie est le point de vue de Minato (Soya Kurokawa, qui offre une magnifique et émouvante performance pour son âge), l’enfant de Saori, qui est dans la classe de Hori. D’autres thèmes sont développés ici. Le harcèlement scolaire est repris, mais d’une autre façon que lors de la seconde partie. D’autres thèmes, que nous ne dévoilerons pas pour laisser la surprise au spectateur, sont également traités. Les trois versions de l’histoire se rejoignent à la fin, mais sera-t-il déjà trop tard pour les personnages ?

A travers ces trois parties, tous les thèmes sont bien exposés et développés comme il faut. Les préjugés et points de vues nous emmènent dans une certaine direction lors de la première partie, dans une seconde complètement différente dans la deuxième, tandis que la vérité éclate dans la troisième. Attention : le procédé est différent de celui du Dernier Duel de Ridley Scott, où nous avions les mêmes scènes racontées de trois points de vues différents. Ici, ce n’est pas le cas. Oui, il y a quelques scènes (peu nombreuses) que l’on voit deux fois mais, à chaque fois que cela se produit, c’est pour justement montrer la réalité de la scène.

image soya kurukawa l innocence
Copyright 2023 Monster Film Committee

Une histoire émouvante

Le tout est fait très intelligemment de la part de Kore-Eda qui apporte tout son savoir technique à la réalisation de L’Innocence. Il fallait gérer les points de vue, mais surtout donner une identité visuelle à chaque histoire. S’il donne une image assez réaliste au récit, sa réalisation se met à la hauteur de ses personnages, le plus intéressant étant que cela change complètement quand il se met à hauteur d’enfant. Les adultes en deviennent effrayants, et nous ne voyons que rarement leurs visages.

Quand il se place du point de vue des adultes, il reste en cadre assez serré pour montrer que les personnages sont enfermés dans un rôle auquel ils ne peuvent pas échapper. Seule la dernière partie offre des cadres plus larges pour montrer que tout le monde a compris l’histoire, mais une tempête arrive et il est peut-être trop tard… L’histoire est aussi rythmée. D’ailleurs, c’est l’un des plus courts longs-métrages du réalisateur avec une durée de 2h06 que l’on ne voit pas passer. Le tout étant parfaitement accompagné par la musique de Ryuichi Sakamoto.

Magnifique de sensibilité, maîtrisé du début à la fin autant sur le plan technique que dans ses thèmes et interprété très justement par le casting, L’Innocence est clairement l’un des films de l’année. Le prix du scénario au  Festival de Cannes 2023 est clairement justifié. Un coup de cœur à voir en salles.

Article écrit par

Adore le cinéma en général, que ce soit les gros blockbusters ou les plus petits films, les séries TV et les jeux vidéo. Il réalise de nombreux tests de blu-ray et films en UHD 4K et couvre l'actualité cinématographique en salles.

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