Caractéristiques
- Titre : Pauvres Créatures
- Titre original : Poor Things
- Réalisateur(s) : Yórgos Lánthimos
- Scénariste(s) : Tony McNamara
- Avec : Emma Stone, Willem Dafoe, Mark Ruffalo, Ramy Youssef et Margaret Qualley
- Distributeur : The Walt Disney Company France
- Genre : Drame, Fantastique, Science Fiction, Romance
- Pays : Irlande, Grande-Bretagne, U.S.A.
- Durée : 141 minutes
- Date de sortie : 17 janvier 2024
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- Note du critique : 9/10 par 1 critique
Fantaisiste
Nouveau long-métrage co-écrit et réalisé par Yórgos Lánthimos (La Favorite, The Lobster) d’après le roman éponyme de Alasdair Gray, Pauvres Créatures raconte l’histoire de Bella Baxter qui est ramenée à la vie par le scientifique Dr Godwin Baxter. Sous la protection de Baxter, Bella a soif d’apprendre. Voulant découvrir le monde, Bella s’enfuit avec Duncan Wedderburn, un avocat habile et débauché, et voyage à travers les continents. Libre des préjugés de son époque, Bella revendique l’égalité et la libération.
Nous découvrons donc Bella, une jeune femme qui s’est suicidée et qui a été ramenée à la vie, à la fin des années 1800, par le Dr Godwin Baxter. Elle a l’esprit, le vocabulaire et la coordination d’un enfant. De son innocence va naître un esprit libre sur pas mal de plans. On va donc suivre ses aventures. D’abord enfermée chez elle, elle se sent opprimée. Elle va rencontrer Max, un disciple de Godwin. Elle va lui être promise, mais va partir à l’aventure avec Duncan Wedderburn. Tout d’abord au Portugal puis en Grèce, en France, puis de retour en Angleterre. Nous avons donc là cinq grands chapitres, dont chacun apportent quelque chose au personnage de Bella. Cela va permettre à la jeune fille de s’affirmer et de s’émanciper.
Fantasmagorique
Ainsi, au Portugal, elle découvrira le plaisir de la chair, la beauté du monde, mais aussi ses risques. En Grèce, elle verra que le monde n’est pas si rose que ça et que même des bébés peuvent mourir. En France, elle ira jusqu’à se prostituer pour survivre, mais en même temps s’instruire. Plus le personnage évoluera et plus sa coordination verbale et physique s’améliorera. On voit clairement là le thème de l’émancipation et, au travers de ses aventures, de l’affirmation de soi. Cela en fait clairement un film féministe, car elle reprend possession de son corps et ce de plusieurs façons. Avant tout ça, l’apprentissage sera dur et le retour en Angleterre, qui réserve un twist assez bien vu, verra l’achèvement de la transformation et de l’évolution du personnage. Du côté de l’écriture, tout est donc bien maîtrisé. Les thèmes sont bien développés (l’identité, les inégalités sociales, les relations hommes/femmes et femmes/femmes…). Les différentes parties sont assez égales et divertissantes
Il y a aussi un humour satirique et assez gore qui ressort de Pauvres Créatures. Clairement, ce film n’est pas fait pour tout le monde. On y voit des découpes de corps et des opérations dignes d’un film de torture porn et il y a des scènes de nu frontal. Mais les répliques et les gags qui en ressortent font tous mouches. Le long-métrage est une vraie comédie noire et certaines scènes sont vraiment hilarantes. Enfin, l’univers dépeint dans le film est d’une magnifique fantaisie. Les lieux que nous traversons sont des versions fantasmées de Lisbonne, Londres, Alexandrie ou encore Paris. On plonge, à travers les yeux de Bella, dans ce monde fantasmagorique de l’époque victorienne.
Féministe
Ce monde est superbement mis en scène par Yórgos Lánthimos qui fait appel à son imagination visuelle pour retranscrire ce monde. Visuellement, Pauvres Créatures est magnifique, que ce soit au niveau des décors, des costumes ou encore des effets spéciaux. Tout est fait pour nous plonger dans ce monde.
Techniquement, on retrouve ce que fait d’habitude le réalisateur, qui utilise les grands angles et les lentilles « fisheye » qui donnent toujours un ton singulier à ses films. Le tout avec une splendide photo de Robbie Ryan et accompagné par la musique de Jerskin Fendrix qui accompagne bien le film sans pour autant être particulièrement mémorable.
Flamboyant
Côté casting, Emma Stone (Cruella) se met littéralement à nu pour ce long-métrage. Egalement productrice du film, elle retrouve, pour une seconde fois, le réalisateur et un rôle à sa mesure. Une performance clairement oscarisable. Elle interprète Bella parfaitement, que ce soit le côté enfant du début du film jusqu’à son affirmation. Elle fait un travail remarquable sur la diction et sa façon de bouger. Son timing de répliques humoristiques est aussi impeccable. Willem Dafoe (Asteroid City) offre aussi une belle performance malgré un maquillage sur sa tête qui l’empêche un tout petit peu de jouer. Il incarne une sorte de docteur Victor Frankenstein décalé. Un rôle qui lui va comme un gant. Mark Ruffalo fait du Mark Ruffalo. Son rôle de Duncan change peu de ce qu’il a fait auparavant, mais il a toujours un timing comique assez drôle. Ramy Youssef est attachant dans le rôle de Max et Margaret Qualley, qui a peu de scènes, est aussi excellente.
Yórgos Lánthimos nous offre avec Pauvres Créatures sa version fantasmée, fantaisiste et féministe de Frankenstein. Une comédie à l’univers visuel victorien baroque flamboyant et aux répliques et gags qui font mouche. Un coup de cœur pour ce long-métrage fantastique. On comprend aisément pourquoi il a reçu le Lion d’Or à la dernière Mostra de Venise.