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[Critique] Cocorico : Une honnête comédie sans prétention

Caractéristiques

  • Titre : Cocorico
  • Réalisateur(s) : Julien Hervé
  • Scénariste(s) : Julien Hervé
  • Avec : Didier Bourdon, Christian Clavier, Sylvie Testud, Marianne Denicourt, Julien Pestel, Chloé Coulloud, Patrick Prejean
  • Distributeur : SND
  • Genre : Comédie
  • Pays : France
  • Durée : 1h31
  • Date de sortie : 7 février 2024
  • Acheter ou réserver des places : Cliquez ici
  • Note du critique : 5/10

Le coq franchouillard à l’honneur

Cocorico est un film français réalisé par Julien Hervé (qui n’était plus passé derrière la caméra depuis sa co-réalisation du film Le Doudou avec Philippe Mechelen, sorti en 2018).

L’histoire commence avec les personnages d’Alice (Chloé Coulloud) et François (Julien Pestel) qui, s’apprêtant à se marier prochainement, souhaitent que leurs deux familles respectives se rencontrent.


Pour l’occasion, ils ont décidé d’offrir à leurs parents un cadeau particulier : des tests ADN pour que chacun puisse découvrir les origines de ses ancêtres. Une simple formalité, que ce soit pour la famille Martin (Didier Bourdon et Sylvie Testud) ou la famille Bouvier-Sauvage (Christian Clavier et Marianne Denicourt), qui n’ont presque pour seul point commun que la fierté d’être Français. Mais, comme dans toute comédie qui se respecte, on se doute que les révélations vont avoir des résultats plutôt inattendus.

Dire que Cocorico pourrait prétendre à être la comédie de l’année serait certainement très exagéré (ou alors, c’est qu’on n’aura pas le droit à beaucoup de comédies cette année), mais le métrage sait tirer son épingle du jeu grâce à quelques qualités qui nous permettent de passer un bon moment.

marianne denicourt julien pestel sylvie testud et didier bourdon dans le film cocorico

Les Inconnus contre le bon Dieu

D’abord, le tandem principal, avec un Bourdon très à l’aise, au point d’évoquer parfois sa grande époque chez Les Inconnus, et un Clavier toujours cabotinant, mais de plus en plus habitué à son rôle de bourgeois snob hérité de la série de films Qu’est ce qu’on a fait au Bon Dieu ? Leurs épouses respectives, jouées par Sylvie Testud et Marianne Denicourt, bien que plus effacées que leurs conjoints, parviennent à faire exister leurs personnages (d’un autre côté, quand vous réunissez Clavier et Bourdon dans un même métrage, c’est plutôt logique qu’ils soient mis en avant via leur notoriété dans le registre).

Le vrai problème du casting de Cocorico pourrait passer pour une faiblesse d’écriture s’ il n’était pas aussi récurrent : les enfants des deux couples représentent le cliché des unions idéales selon le cinéma français, c’est à dire mixtes ou, en l’occurrence, un couple de bobos gauchos moralisateurs. La femme est une authentique tête à claque et l’homme aussi profond que le syndrome de la page blanche – un couple bien assorti, finalement.

On préférera les autres personnages, plein de défauts, mais dont les imperfections les rendent intéressants et humains. Y compris dans la démarche mesquine de se moquer de son prochain, source principale des gags du film qui, s’ils ne sont pas tous subtils ou réussis (surtout sur la fin), fonctionnent la plupart du temps.

En ramassant le récit (1h30 environ) sur presque uniquement une seule unité de lieu et de temps (le château des Bouvier-Sauvage dans l’attente d’un dîner qui ne viendra jamais), l’histoire gagne en efficacité et nous rappelle les anciens petits vaudevilles d’autrefois (comme le célèbre Dîner de Cons ou À gauche en sortant de l’ascenseur avec Pierre Richard et Richard Bohringer).

Alors, bien sûr, tout est loin d’être parfait : on pourrait reprocher au film que, s’il dispose d’une belle énergie sur les trois quarts de sa durée, il a tendance à s’essouffler dans la dernière partie car, comme tout film parasité par la morale, il faut se réserver un moment pour que tout le monde s’excuse d’avoir été vilain avec son prochain.

marianne denicourt et christian clavier dans le film cocorico

La comédie humaine au delà du film

Ce qui ne cesse d’étonner l’auteur de ces lignes c’est que, même pour un métrage aussi inoffensif que Cocorico, les clivages de notre époque se font immédiatement ressentir.

Pour une certaine presse, qui n’apprécie décidément pas l’humour caustique ou caricatural (même dilué dans une bonne morale mentionnée plus haut), le film aura des relents racistes, xénophobes, voire misogynes car ils véhiculent encore trop de clichés… Comme si les remarques acerbes pour ridiculiser l’autre afin de s’épargner soi-même n’étaient pas l’une des bases de beaucoup de comédies !

Le public, lui, semble en revanche plutôt hermétique à ces remontrances car, au moment où nous écrivons ces lignes, environ 2 millions de spectateurs se sont rendus en salles pour voir le film.

Une façon de démontrer, si besoin était que, contrairement à ce que beaucoup de critiques annoncent, la France n’évolue pas dans un sens ou ne rétropédale pas dans l’autre : en fait, elle est désormais à deux vitesses avec, d’un côté, une part de la population appréciant encore de prendre du recul pour rire à ses dépens et celui des autres (tant qu’on reste dans la caricature) et une autre, qui estimera certainement qu’on ne doit rire de rien qui puisse offusquer la fragilité de son prochain.

Ce qui un jour, si on les écoute, reviendra à pratiquer uniquement ce que le personnage d’Hubert Bonisseur de la Bath incarné par Jean Dujardin dans OSS 117 appelle (dans sa représentation fort caricaturale des choses) de « l’humour juif », autrement dit, un humour qui « ne fait pas rire et ne parle pas de saucisse ».

sylvie testud et didier bourdon dans cocorico

Un métrage trop dans les clous

Et finalement, c’est sans doute cela qui empêche Cocorico de dépasser le stade du gentil divertissement : il n’a pas assez d’ambition. Trop sage, trop timoré, trop apeuré à l’idée de sortir des clous. La réalisation est correcte et le montage rythmé, mais l’un comme l’autre sont sans identité véritable, ce qui s’applique également à la B.O., agréablement discrète, mais qu’on ne retiendra pas non plus.

Reste l’humour et la bonne humeur véhiculés par (presque) tout le casting, qui font souvent mouche. Pas aussi souvent et longtemps qu’on l’aurait souhaité malheureusement mais, à sa décharge, si on avait poussé le curseur de la bêtise ou de la méchanceté des personnages plus haut, sûr que beaucoup auraient apprécié, mais d’autres auraient certainement hurlé davantage. A chacun de voir le film pour savoir où il se place.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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