Caractéristiques
- Titre : When Evil Lurks
- Titre original : Cuando acecha la maldad
- Réalisateur(s) : Demián Rugna
- Scénariste(s) : Demián Rugna
- Avec : Ezequiel Rodríguez, Silvina Sabater, Luis Ziembrowski...
- Distributeur : ESC Films
- Genre : Epouvante-horreur
- Pays : Argentine, U.S.A.
- Durée : 99 minutes
- Date de sortie : 15 mai 2024
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- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Présenté en compétition au 31ème Festival international du Film Fantastique de Gérardmer, où il a remporté le Prix de la critique et le Prix du public, When Evil Lurks est le troisième long-métrage du réalisateur et scénariste argentin Demián Rugna (Aterrados).
Une refonte originale du film de possession
Après avoir entendu des coups de feu, deux frères, Pedro et Jimmy (Ezequiel Rodriguez et Demián Salomón) découvrent qu’un esprit démoniaque a élu domicile dans le corps purulent d’un de leurs voisins. Le mal dont il souffre ne tarde pas à se répandre, telle une épidémie fulgurante…
La force première de When Evil Lurks est sa capacité à surprendre le spectateur. Commençant à la manière d’un film d’enquête, il prend ensuite la forme d’un drame familial intimiste, avant de basculer dans le registre horrifique, avec des scènes d’infectés et d’exorcisme. Le réalisme est palpable, Demián Rugna proposant un filmage naturaliste très réussi.
Plus qu’une adaptation d’un genre, il s’agit surtout du mélange atypique de deux sous-genres horrifiques : le film de possession et le film d’infection, dont les codes sont souvent très marqués et rarement modifiés. En déjouant les attentes du spectateur, Demián Rugna perturbe, dérange, mais également amuse, en définissant de nouvelles règles du jeu.
Un film nihiliste et violent
Avec pour cadre un environnement très rural, le scénario aborde la précarité des milieux agricoles où la terre et la famille sont au centre de tout. Dans ce village où tout le monde se connait et s’appelle par son prénom, la méfiance est pourtant de mise et les superstitions vont bon train, dégénérant rapidement en hystérie collective. La peur est distillée par petites touches, grâce à l’ambiance générale du film, et non par l’utilisation outrancière de jump scares.
La mise en scène de Demián Rugna est soignée, avec une utilisation très réussie de lumières naturelles contrastant avec de nombreuses scènes plus crépusculaires, et de belles compositions de plans. Le nihilisme du film est absolu, permettant au réalisateur de confronter le public à un pessimisme total et à des scènes d’une rare violence.
Dans When Evil Lurks, rien n’est épargné aux personnages. Le film est brutal et sa mise en scène sanglante et macabre. Les maquillages sont impressionnants et l’on voit de nombreux corps découpés et putrides. Cette extrême violence graphique combinée à un jusqu’au-boutisme total du réalisateur alimentent la curiosité du spectateur, qui ne cesse de se demander : « il ne va quand même pas oser… ? » Ah, si !
Inégal mais jusqu’au-boutiste
Si la première partie de When Evil Lurks est entraînante et plonge immédiatement le spectateur dans son atmosphère poisseuse, le film perd de son intensité dans la deuxième moitié, lorsque les codes du film d’exorcisme viennent parasiter l’originalité du scénario de départ. Le parti pris de Demián Rugna de suivre les personnages en temps réel est pertinent et accentue les moments de tension, mais il plombe également parfois le rythme par une succession excessive de dialogues.
Côté interprétation, les acteurs principaux sont plutôt convaincants, mais l’on pourra regretter l’invraisemblance de certaines scènes et le manque de logique des décisions de Pedro et Jimmy dans le dénouement du long-métrage.
Malgré ces légers bémols, When Evil Lurks demeure particulièrement plaisant, bénéficiant en outre d’une bande son très réussie, capable d’illustrer tantôt la tranquillité des paysages ruraux, tantôt l’urgence des scènes de course poursuite. Le rythme et le montage sont très bien gérés, du début in medias res au climax final, avec un grand nombre de scènes très anxiogènes.
When Evil Lurks est donc un long-métrage atypique et violent, se jouant des codes de l’horreur pour mieux surprendre et malmener son spectateur… mais également pour le divertir. Si l’envie vous prend de sortir des sentiers battus et que vous avez le cœur bien accroché, ce film est clairement fait pour vous !