Caractéristiques
- Titre : Abigail
- Réalisateur(s) : Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett
- Avec : Melissa Barrera, Alisha Weir, Dan Stevens, Kathryn Newton, Kevin Durand, Angus Cloud, William Catlett et Giancarlo Esposito
- Distributeur : Universal Pictures International France
- Genre : Epouvante-horreur, Thriller
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 109 minutes
- Date de sortie : 29 mai 2024
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- Note du critique : 4/10 par 1 critique
Après Wedding Nightmare, Scream 2022 et Scream VI, le duo de réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett reviennent avec une toute nouvelle création : Abigail.
Entre huis clos et comédie horrifique
Présenté comme un remake de La Fille de Dracula, film réalisé par Lambert Hillyer et sorti en 1936, le long-métrage fait également penser à Une nuit en enfer de Robert Rodriguez, avec son synopsis plutôt divertissant : un groupe de criminels amateurs, ne se connaissant pas les uns les autres, se voit réuni pour kidnapper la fille d’un puissant magnat de la pègre, Abigail. Pensant avoir affaire à une banale histoire de rançon, les protagonistes se replient dans un manoir isolé pour surveiller la jeune ballerine durant la nuit. Mais lorsque les ravisseurs commencent à disparaître les uns après les autres, la menace change de camp : la petite fille est-elle aussi innocente qu’elle le semble ?
Avec son esthétique alliant ancien et moderne, manoir d’une autre époque et personnages contemporains, Abigail propose un cadre plutôt plaisant, écrin tout choisi pour un huis clos horrifique. Malheureusement, dès les premières minutes du long-métrage, on se rend compte que ni le scénario ni les protagonistes ne seront particulièrement convaincants. Les six ravisseurs sont très peu caractérisés et assez grossièrement croqués, apparaissant comme de simples fonctions. Ils vont et viennent dans le manoir sans but, cible facile pour le monstre se terrant dans l’ombre. Quant à l’histoire, elle n’est ni effrayante, ni amusante, ce qui entraîne une immédiate désillusion. L’on regrettera d’ailleurs l’absence d’humour méta qui caractérisait les films Scream et aurait pu apporter la fraîcheur qui fait cruellement défaut à Abigail.
Classique et sans relief
Le film de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett propose une mise en scène plutôt classique, avec tout de même quelques séquences de danse classique au-dessus du lot, et de beaux costumes et décors. Le montage est dynamique et l’alternance de lumières chaudes et froides au sein du manoir plutôt immersive. Néanmoins, il s’agit d’une réalisation propre mais peu mémorable ou personnelle, avec de nombreux dialogues très creux et des champs contre-champs réguliers. Le film manque d’originalité et semble particulièrement long malgré sa durée relative d’1h49.
L’intrigue piétine et l’on s’ennuie en attendant vainement que l’action se mette enfin en place. Le climax, gore à souhait, arrive bel et bien, mais un peu trop tard. Quant au casting, il ne brille pas particulièrement, malgré la présence de la scream queen Melissa Barrera dans le rôle principal. La jeune Abigail (Alisha Weir) s’en sort plutôt bien, alternant aisément entre la gentille petite fille et le vampire assoiffé de sang, mais les performances de Dans Stevens (Frank), Kathryn Newton (Sammy), William Catlett (Rickles), Kevin Durand (Peter) ou du regretté Angus Cloud (Dean) ne laissent pas de souvenir mémorable. C’est bien simple : on ne ressent pas la moindre empathie pour ces personnages plats et lisses. De vraies coquilles vides ! Reste une apparition plutôt jouissive de Giancarlo Esposito (Lambert), dont on ne vous dira rien de plus pour ne pas gâcher la surprise…
Vampires et cache-cache mortel
Dans son dernier acte, Abigail propose enfin ce que le spectateur attendait depuis le début : du gore et un final terriblement sanglant. La bande-annonce ayant choisi d’éliminer tout suspense quant à l’identité réelle de la jeune ballerine, le récit se révèle plutôt pataud lorsqu’il s’agit d’entretenir une quelconque forme de mystère sur la nature vampirique de la protagoniste. On peut reconnaître au long-métrage des maquillages plutôt convaincants et quelques scènes réjouissantes où l’hémoglobine coule à flots. On avait rarement vu des vampires exploser de la sorte ! Malheureusement, en dehors de ces geysers sanglants plutôt amusants, les attaques d’Abigail en chaussons de danse et au son du Lac des Cygnes sont totalement ridicules.
Le film propose quelques jump scares assez poussifs qui n’effraient jamais réellement, des antagonistes qui s’entretuent sans raison, histoire d’arriver plus vite au dénouement, et des tentatives d’humour vaines, tant le niveau des blagues peine à décoller… contrairement à Abigail, qui déjoue régulièrement les lois de la gravité ! Il faut d’ailleurs reconnaître aux réalisateurs un jeu plutôt amusant sur les codes du film de vampires : certaines scènes impliquant un pieu ou de l’ail, sont, elles, plutôt divertissantes. Mais, dans l’ensemble, l’ambiance faussement lugubre à la lueur des lampes torches et les quelques effets gores du final ne suffisent clairement pas à remplir la mission du bon film horrifique.
Abigail est donc une comédie horrifique décevante, qui ne parvient ni à effrayer, ni à amuser. Malgré son casting alléchant et son envie de proposer du gore fun et décomplexé, le long-métrage rate tout ce qu’il entreprend et offre un scénario paresseux, une mise en scène sans saveur et un climax poussif. Si l’envie vous prend malgré tout de voir un film drôle et horrifique, mettant en scène une jeune danseuse criminelle, jetez plutôt votre dévolu sur M3gan !