Caractéristiques
- Titre : Natura
- Réalisateur(s) : Mickael Perret
- Scénariste(s) : Mickael Perret
- Avec : Manya Muse, Serge Requet-Barville et Chris Zastera
- Distributeur : Cinéma Saint-André des Arts
- Genre : Aventure
- Pays : France
- Durée : 70 minutes
- Date de sortie : 19 juin 2024
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- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Dans ce premier long métrage, Natura, le scénariste réalisateur Mickael Perret nous raconte l’histoire d’une femme allemande pourchassée par des soldats américains à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. L’héroïne va alors se réfugier dans une immense forêt sauvage. Seule et blessée, elle apprendra à survivre. Ce film est un survival (film de survie) avec un projet très simple : confronter l’être humain à la nature. Nous sommes donc pendant tout le film aux côtés de cette jeune femme. Nous ne quittons jamais son point de vue pour nous attarder sur un autre personnage ou sur les antagonistes. C’est avant tout un film d’ambiance, construit sur une mise en scène et un montage très bien pensés. Si vous recherchez un film proche des blockbusters actuels, passez votre chemin, mais si vous aimez les films lents et enivrants, ce sera votre tasse de thé.
S’adapter pour survivre
Natura est l’épopée d’une survivante juste après la Libération. Nous ne savons jamais où ni quand se déroule cette histoire, ce qui la rend universelle. L’important, c’est ce qu’on va nous montrer, le contexte autour compte très peu. Il pourrait s’agir de n’importe quel migrant dans n’importe quelle guerre. Cette épure du scénario le rend complétement accessible et centré sur un sujet précis. Nous aurions pu avoir d’autres points de vue comme pourrait le faire un film américain. Il n’en est rien ici. C’est l’un des points du scénario qui peut être désarçonnant. Le réalisateur nous montre une femme en plein combat contre la nature et décide de se concentrer sur des besoins primaires pendant la première partie du film.
Il adopte un temps long pour s’attarder sur chaque détail et chaque difficulté de la condition de cette femme. Cette absence de surenchère est louable, en développant ce qui fait la difficulté de la vie en pleine nature. Mickael Perret s’adapte ici aux contraintes d’une première production pour en faire ressortir la base de son propos. Là où, dans un film d’action comme The Revenant, DiCaprio est confronté à une attaque d’ours, ici c’est le simple fait de se trouver des vêtements chauds ou de l’eau qui constitue un véritable défi. Nous pouvons donc poser la question de la mise en scène qui, selon moi, est l’autre point fort. Avec un scénario aussi épuré, il est nécessaire que la mise en scène nous fasse ressentir la difficulté de cette vie nomade. C’est l’autre point fort de ce film.
Être au plus proche des survivants
Le metteur en scène privilégie ici le temps long. Il va étirer ses plans et montrer un maximum le voyage de la jeune femme. Cela va venir accentuer un parcours initiatique complexe. Faire durer un plan sans le couper permet de créer une certaine tension, un sentiment d’attente et d’anticipation. Il profite également de l’environnement naturel du Massif des Vosges en y déployant toute la puissance d’une direction photo irréprochable nous montrant ainsi toute la beauté de la nature en contraste avec la dureté d’y vivre. Le montage est également bien travaillé, en utilisant plusieurs effets comme des jump cut ou des transitions de forme.
Nous pouvons cependant regretter que le film ne dure pas suffisamment longtemps. La lutte se termine de manière très abrupte. Le point final aurait probablement mérité d’être davantage magnifié, un léger sentiment de frustration peut subsister.
Natura reste cependant une réussite dans l’ensemble. C’est agréable de voir de nouveaux cinéastes arriver à autoproduire une œuvre sans devoir rendre de compte à personne. La liberté créative qui s’en dégage fait plaisir à voir, surtout pour un premier long-métrage. Nous espérons que la suite de la carrière de cet auteur lui permettra de développer d’autres projets comme celui-ci.