Caractéristiques
- Titre : The Bikeriders
- Réalisateur(s) : Jeff Nichols
- Scénariste(s) : Jeff Nichols
- Avec : Jodie Comer, Austin Butler, Tom Hardy, Mike Faist, Boyd Holbrook, Michael Shannon et Norman Reedus.
- Distributeur : Universal Pictures International France
- Genre : Policier, Drame
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 116 minutes
- Date de sortie : 19 juin 2024
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- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Nouveau long-métrage écrit et réalisé par Jeff Nichols (Loving, Midnight Special) et inspiré du livre photo du même nom de Danny Lyon sorti en 1967, The Bikeriders se déroule dans le Middle-West des années 60. Benny, un garçon farouchement indépendant, est un membre de la bande de motards de la ville : les Vandals. Benny est tiraillé entre Kathy, la femme qu’il aime, et sa loyauté envers le gang qui fait des émules au fil des années et à travers le pays. Les Vandals sont désormais respectés et craints, menaçant le mode de vie unique à l’origine de leur communauté.
Un vent de liberté
La réputation des motards, surtout aux USA, est bien connue et surtout mauvaise. Et Jeff Nichols offre un scénario et un film pour comprendre comment cela est arrivé. Il s’appuie sur un livre photo de Danny Lyon sorti en 1967. L’auteur avait suivi des bikers pendant quelques temps. Son personnage dans le film, interprété assez simplement par Mike Faist, est le liant de l’histoire, mais il n’en est pas le narrateur. La narration revient à Kathy (incarnée par la toujours excellente Jodie Comer), la femme de Benny, un jeune motard. Au travers de son récit, on découvre le monde des bikers, comment elle l’a intégré, mais surtout comment celui-ci a évolué. Un monde qui, au départ, est une aspiration à la liberté. Celle de se déplacer quand on veut et où on veut.
Cette façon de penser, dans les années 60, était déjà mal vue. Surtout que le fait de se déplacer en groupe et leur façon de s’habiller n’aidait pas à leur donner une « bonne » image au sein de la société traditionnelle. Beaucoup de motards étaient des « outsiders », rejetés de la société et épris de liberté. En cela, l’histoire de Zipco est émouvante, surtout lors d’une scène où il raconte comment il en est arrivé à être rejeté de l’armée. L’interprétation de Michael Shannon y est pour beaucoup également. Voilà tout ce qu’on découvre dans la première grosse partie et première heure du film, au-delà de la hiérarchie du groupe avec des personnages intéressants.
Un changement d’époque
Parmi eux se trouvent Johnny (impeccable Tom Hardy), le leader des Vandals, qui a eu l’idée de fonder ce groupe après un visionnage de L’Equipée Sauvage avec Marlon Brando. D’ailleurs, il n’est pas innocent que le personnage de Hardy s’appelle Johnny, c’est aussi le cas de celui de Brando, qui était aussi le leader de son groupe, dans le film de 1953. Une référence donc, qui va aussi avec l’interprétation de Hardy. En tout cas, son personnage veut passer le relais à Benny (Austin Butler, qui nous fait son James Dean). Un jeune motard épris de liberté assez instable mais, surtout, qui ne veut pas être un leader. Sa relation avec sa femme Kathy est vacillante à cause des ennuis qu’il s’attire.
Mais tout change dans le seconde partie. Si la première partie était la montée, la seconde est la chute. Les idéaux de départ vont être bafoués par une nouvelle génération, celle qui a vécu la guerre du Vietnam. Ces nouveaux arrivants sont différents. Ils se droguent, que ce soit avec de la marijuana ou des drogues plus dures mais, surtout, ils ne respectent pas les règles établies. Cela va changer progressivement ce groupe en gang. Ce changement, bien opéré dans The Bikeriders, aurait pu l’être un peu plus si le contexte socio-économique avait été un peu plus développé. C’est le seul vrai reproche que nous pourrions faire au film. Notamment quand on ne connait pas l’histoire des Etats-Unis dans la période de 1965 à 1973 – celle où se déroule le film et qui marque le basculement d’une époque à une autre.
Un bout d’Amérique raconté
Côté technique, Jeff Nichols sait y faire. On sent son envie de faire dans l’authenticité. Cela se voit avec des photos du livre-photo de Lyon qui sont diffusées lors du générique de fin. On découvre que certains plans du film sont des reproductions de certaines de ces photos. Il a donc autant été inspiré sur le plan de l’histoire que sur le plan technique. Les scènes de moto nous imprègnent d’un vrai sentiment de liberté. Sinon, le réalisateur filme de façon classique mais toujours efficace, avec une photo à prédominance chaude pour la première partie et froide pour la seconde pour bien marquer l’ascension et la chute.
La reproduction des années 60 et 70 est parfaite, tout autant au niveau des costumes, coiffures que des décors. Particulièrement, on retiendra le bar où les motards se retrouvent. Les chansons utilisées et la musique de David Wingo, très peu présente, appuient ce sentiment. Le rythme est bon et les deux heures passent assez vite malgré une petite et légère baisse de rythme dans la seconde partie. Enfin, le casting est aussi suppléé par Boyd Holbrook et Norman Reedus. Si le premier est assez discret, le second a un look improbable de hippie californien.
Mené par un casting charismatique et par le sens de l’authenticité de Jeff Nichols, The Bikeriders raconte un bout d’Amérique et de ses outsiders à travers la transformation d’un simple club de moto en un gang. Un film imparfait mais prenant.