Caractéristiques
- Titre : Kinds of Kindness
- Réalisateur(s) : Yorgos Lanthimos
- Avec : Emma Stone, Jesse Plemons, Willem Dafoe, Margaret Qualley, Hong Chau, Joe Alwyn, Mamoudou Athie et Hunter Schafer.
- Distributeur : The Walt Disney Company France
- Genre : Drame
- Pays : Irlande, Grande-Bretagne, U.S.A.
- Durée : 164 minutes
- Date de sortie : 26 juin 2024
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- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Nouveau long-métrage co-écrit et réalisé par Yorgos Lanthimos (Pauvres Créatures, La Favorite), Kinds of Kindness, qui a été présenté en avant-première mondiale au 77e Festival de Cannes et qui a reçu le Prix d’Interprétation Masculine pour Jesse Plemons, est une fable en triptyque qui suit un homme qui tente de prendre enfin le contrôle de sa propre vie ; un policier inquiet parce que sa femme, disparue en mer, est de retour semble être une personne différente ; et une femme déterminée à trouver une personne bien précise dotée d’un pouvoir spécial, destinée à devenir un chef spirituel prodigieux. Encore un gros coup pour le réalisateur grec ?
Trois histoires
Kinds of Kindness est donc une fable en trois actes. Qui dit fable dit qu’on doit en tirer une leçon de l’histoire, et la traduction du titre du film est évidemment très importante ici. Il s’agit de différentes sortes de gentillesse, ou plutôt de réfléchir à ce que nous sommes capables de faire par amour. Est ce qu’un « acte d’amour », aussi horrible soit-il que, par exemple, violer sa femme pour la sortir d’une secte, peut être justifiable? Se mutiler pour montrer l’amour que l’on a pour quelqu’un peut-il être considéré comme un geste d’amour, etc ? C’est le genre de questions que pose le cinéaste. Alors oui, nous entrons dans une univers déjanté et il faudra vous accrocher, car les trois histoires ne sont pas toutes égales en qualité mais, clairement, vous allez passer un bon moment.
Dans la première histoire, Robert est un homme qui est contrôlé par son patron. Il lui dit quoi faire, quoi manger et s’il doit avoir des relations sexuelles avec sa femme. Toute sa vie est régie par Raymond, le patron donc. Quand ce dernier lui demande quelque chose que Robert ne peut pas faire et coupe les ponts, le pauvre homme se retrouve démuni. Il est libre, mais que faire de cette liberté ? Est-ce que ce qu’il ressent à l’égard de Raymond le poussera à commettre un acte horrible ? Ici, Yorgos Lanthimos montre des sentiments humains à leur paroxysme, accompagnés d’une forme de dépendance suffisamment forte pour prendre totalement le contrôle de la vie d’une personne. Mais peut-on vraiment appeler ça de l’amour ou s’agit-il seulement d’une volonté de possession qui, elle, sous-entend une objectification de l’autre plutôt qu’une relation d’égal à égal ? Le cinéaste se montre, comme toujours, provocateur dans les réflexions qu’il propose aux spectateurs en interrogeant certains biais ancrés dans notre société et l’inconscient collectif, de ceux qui nous poussent à parler de crime « passionnel » ou à excuser le pire.
L’amour sous toutes ses formes
La seconde histoire est celle de Daniel, un homme dont la femme est perdue en mer depuis quelques temps. Miraculeusement, elle est secourue. Le problème étant que la jeune femme n’a pas du tout le même comportement qu’avant. Daniel suspecte que sa femme a en réalité été remplacée. Est-il paranoïaque ou sa femme a-t-elle juste changée à cause de son expérience traumatisante ? Le mari, convaincu qu’il a raison, va pousser dans ses dernier retranchements la pauvre Liz. Cette dernière, par amour, va-t-elle faire tout ce que lui demande Robert, quitte à se mutiler? C’est sûrement là le meilleur segment. Un homme peut-il vraiment connaître parfaitement sa femme ? L’amour qu’il lui porte pourrait-il faire la différence entre elle et un clone ?
La troisième histoire s’intéresse à Emily, une jeune femme qui a rejoint une sorte de secte, délaissant mari et fille pour trouver une jeune femme exceptionnelle à l’histoire bien spécifique. Il s’agit sans doute de l’histoire la moins intéressante, qui porte autant sur l’amour porté à une cause qu’à celui d’un homme pour sa femme et qui veut la sortir d’une situation compliquée. Pour les deux thèmes, la question est de savoir jusqu’où chacun est prêt à aller. Les trois histoires sont maîtrisées dans leurs thèmes, mais aussi dans la leçon qu’elles donnent. C’est la force de Kinds of Kindness.
Une comédie qui fait mouche
De plus, alors qu’on pense que les trois histoires, bien que visuellement similaires, se déroulent dans un monde différent, celles-ci possèdent un personnage en commun, RMF. De plus, le titre des chapitres font référence à lui, les liant les unes aux autres. Un autre bon point est que le long-métrage est parsemé de moments humoristiques, par le biais notamment de gags absurdes, présents jusqu’au final du film. Evidemment, ces moments ont un ton satirique pour appuyer l’irrationalité de certaines situations. L’une des force du long-métrage est la mise en scène de Yorgos Lanthimos, qui est simple mais efficace. Il laisse ses acteurs libres de faire et il le fait toujours bien. Le rythme du film est aussi bon malgré 2h44 au compteur, de sorte que l’on ne s’ennuie pas. L’autre force de Kinds of Kindness est aussi son casting.
Des performances de haute volée
Les acteurs et actrices interprètent des personnages différents dans les trois histoires. Jesse Plemons (Killers of the Flower Moon) en tête, dont le prix d’interprétation masculine au dernier Festival de Cannes est complètement mérité. Surtout pour les deux premières histoires, où son interprétation de Robert et Daniel est juste magnifique. Dans la troisième histoire, il s’en tire également très bien, mais son personnage est secondaire. Emma Stone est toujours parfaite quand elle joue pour ce réalisateur. Willem Dafoe (Asteroid City) est hilarant dans les différents rôles qu’il interprète. Margaret Qualley démontre son talent, surtout dans la troisième histoire, où elle interprète deux personnages. Hong Chau (The Whale) est une bonne addition à l’ensemble. Joe Alwyn, Mamoudou Athie et Hunter Schafer (Hunger Games: La Ballade du Serpent et de L’Oiseau Chanteur) complètent un casting parfaitement dirigé.
Kinds of Kindness est une fable satirique sur la nature de l’amour qui fait mouche, même si les trois histoires contées ne sont pas toutes de même qualité. Yorgos Lanthimos nous offre une proposition de cinéma intéressante qui s’avère être encore une belle réussite, magnifiée par la performance de ses acteurs.