Caractéristiques
- Titre : City of Darkness
- Titre original : Jiu Lóng Chéng Zhài·Wéi Chéng
- Réalisateur(s) : Soi Cheang
- Avec : Louis Koo, Raymond Lam,Terrance Lau, Philip Ng, Tony WuTsz Tung, German Cheug et Sammo Hung.
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Genre : Action, Thriller
- Pays : Hong-Kong
- Durée : 125 minutes
- Date de sortie : 14 août 2024
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- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Le réalisateur Soi Cheong revient 2 ans après Limbo pour signer un film d’action sous haute tension inspiré des grands maîtres hongkongais. Pendant deux heures, on assiste à un enchaînement de scènes d’art martial spectaculaires sur fond de critique sociale grinçante. Pour City of Darkness, il choisit de placer son action au cœur de la mégalopole urbaine : la citadelle de Kowloon, l’enclave ayant réellement existé jusqu’à sa démolition en 1993. C’est une sorte de bidonville où se regroupent les strates les plus pauvres de la société, issue d’une immigration mal gérée par le gouvernement. A l’intérieur de cette zone, tout le monde veut sortir de la misère par tous les moyens, même les plus extrêmes.
Un lieu atypique et signifiant
C’est donc ce lieu qui va donner une originalité au métrage. Il permet d’établir une très bonne métaphore de la lutte des classes tout en ajoutant un aspect sale et lugubre à l’ambiance et aux différents décors. On a un mélange parfait entre une action condensée et une critique sociale sur le capitalisme et la pauvreté. Chaque personnage est en train de se battre métaphoriquement et physiquement pour une vie meilleure et échapper à cet horrible lieu. Cette citadelle donne également un aspect film noir, notamment dans son approche des différents gangs rivaux et des systèmes de triades si chers aux films de gangsters. On peut dire que ce lieu est quasiment un personnage à part entière.
Le personnage principal joué par Raymond Lam est très bien écrit. Nous entrons directement en empathie avec ses motivations et son objectif. C’est lorsqu’il va rencontrer les autres habitants de la citadelle que la caractérisation est moins bien établie. On tombe parfois dans le gimmick du personnage cool japonais, dans le sens où certains des personnages n’ont pas d’autres traits de caractère que de porter un vêtement significatif ou d’être limités à leur fonction narrative au sein de l’histoire. On aurait aimé en voir plus, ou pouvoir passer davantage de temps avec eux individuellement.
Des personnages attachants, mais trop nombreux
On reprend d’ailleurs une structure de développement de personnages classiques de héros japonais. On peut penser aux Sept Samouraïs d’Akira Kurosawa pour exemple ou au genre du shonen dans le manga. L’équipe que forment les personnages fonctionne très bien et les scènes de combat n’en sont que plus réussies. En cela, le film réussit son pari. L’action est très bien filmée, sorte de mélange entre la folie créative de John Woo et le découpage de The Blade de Tsui Hark. C’est un chaos maîtrisé de bout en bout.
Le découpage contient beaucoup de plans dans les chorégraphies, mais nous ne sommes jamais perdus, grâce à un montage au cordeau, certes rapide, mais toujours lisible. Le réalisateur a particulièrement soigné le cadre et l’utilisation des décors durant toutes les scènes de combat. C’est rafraîchissant, alors que, trop souvent, nous sommes soumis à un cinéma d’action sur-découpé et standardisé. Ici c’est violent, on tâche les murs, on n’aseptise pas la violence du monde pour pouvoir le vendre à un plus large public. Hong Kong reste le pays de référence en termes de cinéma d’action créatif, même en 2024.
Une mise en scène rappelant les classiques de Hong-Kong
On ne renie pas non plus les ralentis et les effets de mise en scène, qui sont la marque de fabrique de ce type de cinéma. Le réalisateur assume pleinement l’héritage du genre. Le travail du son est également à noter. Les coups portés ont un véritable impact grâce à celui-ci. On entend le bruit des os qui s’entrechoquent, ce qui permet de ressentir cette violence de manière plus viscérale.
City of Darkness est donc un long-métrage rafraîchissant, sortant des codes marqués d’un cinéma américain plus conventionnel. Le film n’oublie cependant pas de rester fidèle à des références et à un univers qui pourront parler aux connaisseurs de cinéma hongkongais. Si vous appréciez les films d’actions, ce film vous apportera un shoot d’adrénaline devenu assez rare. Mais il reste aussi une très bonne porte d’entrée pour ceux qui ne connaîtraient pas le magnifique cinéma de Hong-Kong.