[Critique] The Outrun : Vaincre l’addiction et trouver sa voie

Caractéristiques

  • Titre : The Outrun
  • Réalisateur(s) : Nora Fingscheidt
  • Avec : Saoirse Ronan, Paapa Essiedu, Stephen Dillane, Saskia Reeves...
  • Distributeur : UFO Distribution
  • Genre : Drame
  • Pays : Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne
  • Durée : 118 minutes
  • Date de sortie : 2 octobre 2024
  • Acheter ou réserver des places : Cliquez ici
  • Note du critique : 7/10

Nouveau long-métrage co-écrit et réalisé par Nora Fingscheidt (Impardonnable, Benni), The Outrun raconte l’histoire de Rona, bientôt la trentaine, qui  brûle sa vie dans les excès et se perd dans les nuits londoniennes. Après l’échec de son couple et pour faire face à ses addictions, elle trouve refuge dans les Orcades, ces îles du nord de l’Écosse où elle a grandi. Au contact de sa famille et des habitants de l’archipel, les souvenirs d’enfance reviennent et se mêlent, jusqu‘à s’y confondre, avec ceux de ses virées urbaines. C’est là, dans cette nature sauvage qui la traverse, qu’elle trouvera un nouveau souffle, fragile mais chaque jour plus puissant.

Vaincre une addiction

Adapté de mémoires et co-écrit avec Amy Liptrot, le scénario de The Outrun est aussi déstructuré que l’esprit de son héroïne Rona. Celle-ci part dans les Orcades, là où vivent ses parents, séparés. Son père est éleveur d’agneaux tandis que sa mère est une catholique pratiquante (Saskia Reeves, qui donne une interprétation très naturelle). Elle revient après avoir vécu des années à Londres. Dans la capitale, elle est devenue alcoolique, au point que son copain est parti. Après une nuit d’ivresse, elle a failli se faire violer. C’est à la fois le déclic et le déclencheur de l’histoire. Après trois mois en clinique de désintoxication, elle repart dans les îles de son enfance.

Alors qu’elle cherche sa voie, Rona va devoir faire face à son addiction et au souvenir de sa vie à Londres en plus des réminiscences de son enfance. Evidemment, tout n’est pas présenté dans l’ordre et nous passons de certains événements dans le passé à un autre de sorte que, pour nous y retrouver dans la timeline de l’histoire, il faudra se fier aux différentes couleurs de cheveux.

Et c’est un peu le problème du film. Rona est sur l’île, voire les îles car il y en a plusieurs et, si les scènes là-bas sont présentées dans l’ordre chronologique, les flashback ne le sont pas. La co-scénariste et réalisatrice voulait montrer par ce biais dans quel état se trouve son héroïne. Sauf que ce procédé, bien que bon au départ, trouve ses limites dans la seconde moitié du film, où il devient redondant.

image Saoirse Ronan the outrun
Copyright UFO

Des images magnifiques

Alors oui, quand l’héroïne commence à aller mieux, les flashback sont moins désorganisés, mais il suffit d’une rechute pour que cela reparte. Du coup, les quelques révélations sur un père bipolaire (Stephen Dillane, excellent), le soir où elle a failli se faire violer, la fin de sa relation avec son copain (Paapa Essiedu, touchant) sont prévisibles. Il manque un petit quelques chose pour que cela soit vraiment réussi. Pour les scènes qui se déroulent sur les îles, c’est autre chose. On sent que le personnage se cherche. Rona a un master en biologie et va donc mettre à profit ses études pour trouver un travail qui lui convient.  Sauf que, quand son addiction refait surface, elle décide d’aller s’isoler tout en travaillant. Etant loin du monde, seule face à elle-même, elle va pouvoir travailler sur elle. Il y a aussi quelques habitants qui sont là pour l’aider et les quelques scènes d’interaction sont intéressantes.

Enfin, à côté de ça, nous avons la scène une peu cliché d’immersion dans l’eau pour renaitre. Du déjà vu… mais cela fonctionne. Et ce pour une raison simple : la performance de haut vol de Saoirse Ronan. Avec son interprétation émouvante de Rona, elle prouve encore une fois qu’elle est l’une des meilleures actrices de sa génération.  Un gros plan  sur ses yeux bleus expressifs, et on comprend ce que vit le personnage. Mais c’est aussi grâce à la réalisation de Nora Fingscheidt que le film fonctionne. Alors oui, très clairement, The Outrun devrait être un peu plus court pour gagner encore plus en efficacité. Mais la réalisatrice capte parfaitement la performance de son actrice et utilise divinement bien les paysages des Orcades.

image sephen dillane the outrun
Copyright UFO

Saoirse Ronan bouleversante

Que ce soit les falaises où les vagues s’écrasent, les plans sous l’eau avec des phoques ou encore les paysages soulevés par le vent, elle fait des îles un personnages à part entière. Elle utilise aussi le folklore et les légendes régionales à son avantage pour faire un parallèle avec son histoire. Enfin, l’utilisation de la musique. Rona a quasiment toujours un casque grâce auquel elle écoute de la musique électro, comme pour être dans son monde. Quand elle l’enlève, les bruits de la nature prennent le dessus. Et plus elle s’achemine vers la guérison et moins elle utilise son casque. On suit donc de plusieurs façons l’avancement intérieur du personnage, ce qui amène à une superbe scène finale – sûrement l’une des plus belles de cette année.

Malgré quelques défauts, The Outrun est donc un magnifique film, autant visuellement que par le parcours de son personnage pour vaincre son addiction. Saoirse Ronan démontre encore une fois qu’elle est une grande actrice grâce à une performance bouleversante.

Article écrit par

Adore le cinéma en général, que ce soit les gros blockbusters ou les plus petits films, les séries TV et les jeux vidéo. Il réalise de nombreux tests de blu-ray et films en UHD 4K et couvre l'actualité cinématographique en salles.

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