Caractéristiques
- Titre : Here
- Réalisateur(s) : Robert Zemeckis
- Scénariste(s) : Eric Roth, Robert Zemeckis & Richard McGuire
- Avec : Tom Hanks, Robin Wright, Paul Bettany, Kelly Reilly, Lauren McQueen...
- Distributeur : SND
- Genre : Drame, Fantastique
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 1h44
- Date de sortie : 6 novembre 2024
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- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Du papier à l’écran
Here (ou les plus belles années de notre vie en français) est un film américain coécrit et réalisé par Robert Zemeckis. Il s’agit de l’adaptation du roman graphique du même nom de Richard McGuire qui fut à sa sortie, en 2014 (après une première ébauche de 6 pages noir et blanc en 1989), très bien accueilli par la critique, au point de recevoir « Le Fauve d’or » au festival d’Angoulême 2016.
À travers les âges; des couples défilent dans un lieu unique sur plusieurs générations. Ce lieu sera le témoin de l’évolution de l’humanité et permettra d’assister à un enchevêtrement de vies, d’histoires d’amour, de drames et de conflits.
Robert Zemeckis (Forrest Gump, Retour vers le futur…) est sans doute l’un des derniers grands réalisateurs capable de changer autant de style et d’univers tout en continuant à nous proposer des histoires mêlant subtilement des émotions aussi diverses. Avec Here, il nous propose un métrage pétri de sensibilité et doté d’une réalisation aussi atypique qu’efficace compte tenu de l’origine de son récit et du propos qui y est développé, le tout porté par un casting au diapason.
Une réalisation épousant la narration de la bande dessinée
Grâce à sa réalisation tout d’abord, qui est sans nul doute l’élément le plus inattendu, Zemeckis, en adaptant le roman graphique du même nom, met en scène son film en enchevêtrant différentes époques et différents personnages, le tout rythmé par la superposition régulière de vignettes qui nous font passer d’une situation à une autre, d’une époque à une autre, tout cela filmé en un seul lieu unique (le salon de la maison la plupart du temps). Chronologiquement, on commence aux origines du premier peuple autochtone américain pour remonter jusqu’à notre époque contemporaine. Cette subtilité narrative permet aux thématiques émotionnelles, que ce soit l’amour, la trahison ou le deuil, d’exister. Ce procédé n’est pour autant pas exempt de défauts car, du papier à l’écran, il y a toujours un pas à franchir, la narration s’étendant dans la bande dessinée entre 3 500 000 000 avant J.C.et l’an 22175 dans le futur.
Zemeckis, conscient que cette chronologie poserait problème en adaptation (dans la B.D. l’auteur se permet d’énoncer l’époque à chaque fois) et sans doute désireux de resserrer les liens émotionnels, recentre sa narration majoritairement sur des périodes plutôt contemporaines. Mais désireux également de rester fidèle au matériel d’origine, conserve certains passages préhistoriques et d’autres concernant l’opposition entre Benjamin Franklin et sa famille (sur le lieu où sera construit le fameux salon), tout en occultant la partie futuriste. Un numéro d’équilibriste qui ne gênera pas ceux qui ne connaissent pas la BD et pourra même se justifier à l’écran. Néanmoins, on s’habitue tellement à ce salon et à cette famille que, dès qu’on en sort, cela nous perturbe un peu, même si les passages en question ne sont pas mauvais et restent inscrits dans les thématiques. C’est juste que cela nous éloigne un peu du fil rouge auquel on s’attache le plus.
Curieusement, le vrai bémol provient des derniers occupants en date de la maison, qui ressemblent à une compromission idéologique du réalisateur pour que les financements de son film soient acceptés, tant nous retrouvons maladroitement des références actuelles (les masques pour le Covid, un sermon du père noir à son fils sur les risques de se faire arrêter par la police…) qui, finalement, nuisent à l’aspect intemporel d’un récit qui se devrait de rester dans le registre de la fable pour mieux convaincre.
Une adaptation qui crève les pages
Avec Tom Hanks en tête, impeccable comme toujours, le casting s’avère extrêmement impliqué dans l’histoire, tout en parvenant à maintenir une certaine connivence ironique avec le regard du spectateur.
Robin Wright et Kelly Reilly nous rappellent combien elles sont des actrices exceptionnelles et nous font regretter de ne pas les voir plus souvent. Quant à Paul Bettany, il se taille la part du lion dans le rôle d’un père de famille qui estime avoir raté sa vie (un problème auquel son fils aîné sera également confronté), et qui parvient à nous émouvoir et à gagner notre sympathie dans la peau d’un personnage pourtant si faillible qu’il semblait destiné de base à l’inverse. Tout le reste du casting, moins connu, ne démérite jamais et constitue d’un bloc le second point fort d’un métrage qui pourrait se permettre de se reposer sur leurs seules épaules.
Here, bien que constituant une expérience « mineure » dans la filmographie d’un auteur dont les plus grands succès possèdent ce degré de folie (Qui veut la peau de Roger Rabbit ?) ou de souffle épique (Forrest Gump, La légende de Beowulf…) qui ont bâti leur notoriété, n’en reste pas moins un film intimiste dont la réussite repose sur une réalisation originale et un casting solide. Une adaptation convaincante donc, qui contribue à sa modeste mesure à ajouter une nouvelle pierre à l’édifice de la filmographie brillante de son auteur.
