Caractéristiques

- Titre : Drop Game
- Titre original : Drop
- Réalisateur(s) : Christopher Landon
- Avec : Meghann Fahy, Brandon Sklenar, Violett Beane, Jacob Robinson, Reed Diamond...
- Distributeur : Universal Pictures International France
- Genre : Thriller
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 100 minutes
- Date de sortie : 23 avril 2025
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- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Un premier date dans un restaurant chic de Chicago. Un homme charmant et une jeune veuve enfin prête à tourner la page. C’est le pitch apparemment idyllique de Drop Game, le nouveau thriller de Christopher Landon (Happy Birthdead 1 et 2, Paranormal Activity: The Marked Ones), produit par les studios Blumhouse et Platinum Dunes. Mais derrière les lumières tamisées et le glamour, un jeu cruel se met en place…
Whodunit à l’ère numérique
L’histoire nait d’une expérience réelle : le producteur Cameron Fuller et son ami, l’acteur Sam Lerner (Les Goldberg), ont été la cible de « drops » – messages anonymes envoyés via une application ne fonctionnant qu’à moins de 15 mètres de distance – pendant un séjour à l’étranger. De cette mésaventure, le duo tire le synopsis de Drop Game, où Violet (Meghann Fahy, vue dans The White Lotus), jeune veuve marquée par les violences conjugales qu’elle a subies, laisse pour la première fois son fils sous la garde de sa sœur Jen (Violett Beane) pour se rendre à un rendez-vous galant avec Henry (Brandon Sklenar, vu récemment dans Jamais plus). Mais alors que le courant semble passer entre eux, Violet commence à recevoir des messages glaçants sur l’application Drop.
Résolument moderne, le long-métrage ancre son récit à l’ère numérique et la menace s’incarne à travers les téléphones portables et les nouvelles technologies. Les messages que Violet reçoit s’affichent à l’écran dans une typographie brutale, les caméras de surveillance de sa maison s’invitent en surimpression dans le décor, et Christopher Landon revisite le whodunit avec dynamisme et enthousiasme, chaque convive devenant un suspect… ou une potentielle victime. La mise en scène, percutante et élégante – à l’image du générique à l’esthétique très soignée – appuie le scénario par quelques effets assez démonstratifs : ralentis, coups de projecteurs fantasmés sur les clients du restaurant lorsque Violet les observe… Le thriller joue avec nos nerfs et pousse le spectateur à s’interroger sur sa dépendance au numérique, et sur les dérives potentielles des nouvelles technologies de surveillance.

Humour et adrénaline
Si le film est sombre et haletant, il ne manque pas d’humour. Entre deux montées d’adrénaline, on rit du serveur volubile et aspirant comique (Jeffery Self), de la gêne de Violet qui doit à la fois gérer son rendez-vous et improviser face aux menaces et aux ordres qu’elle reçoit en temps réel, ou des clients du restaurant campés par un casting secondaire investi (Reed Diamond, Gabrielle Ryan, Ed Weeks…). Drop Game est entraînant et divertissant, et on lui pardonne donc quelques rebondissements poussifs, qui mettent notre suspension consentie d’incrédulité à rude épreuve.
Le rythme est savamment dosé : trente premières minutes d’installation, puis un crescendo de tension accentué par la bande originale efficace et anxiogène de Bear McCreary (Battlestar Galactica, The Rings of Power…). Le thriller nous tient en haleine de bout en bout grâce à la menace permanente pesant au dessus de la tête de Violet, qui contrebalance la banalité apparente de cette scène de restaurant. Quant à la dernière demi-heure, elle constitue le point culminant de l’action, avec cascades, courses poursuites et bagarres violentes à souhait.

Entre romance et huis clos oppressant
Dès que Violet pose le pied dans le Palate, l’histoire se met en place en temps réel, en respectant l’unité de lieu et de temps propre au huis clos. Le restaurant design a été entièrement construit par la cheffe décoratrice Susie Cullen dans les studios Ardmore en Irlande pour jouer sur la claustrophobie et le sentiment d’être pris au piège, grâce à des structures en forme de cage et des espaces imbriqués. La caméra, mobile et utilisant souvent le plan zénithal, explore les moindres recoins de ce lieu aux multiples entrées et sorties, brouillant les pistes et renforçant le suspense.
Véritable contrepoint à ce climat anxiogène, l’alchimie qui se tisse progressivement entre Violet et Henry fonctionne, et renforce l’intensité émotionnelle du thriller. Le duo d’acteurs est convaincant : Meghann Fahy incarne avec justesse une héroïne à la fois forte et vulnérable, au malaise grandissant, tandis que Brandon Sklenar campe un date idéal — patient, attentionné et serviable — dont le trouble devient palpable à mesure que les agissements de Violet perdent en cohérence. Le spectateur, lui, jubile de voir l’angoisse sourde de la menace se superposer au stress déjà bien réel d’un premier rendez-vous.
Entre huis clos high-tech, thriller paranoïaque et satire de notre dépendance numérique, Drop Game est donc un film ludique et haletant. S’il ne révolutionne pas le genre, il remplit pleinement sa mission de divertissement, porté par une mise en scène soignée, un concept accrocheur et un duo d’acteurs charismatiques.