Caractéristiques

- Titre : Life of Chuck
- Titre original : The Life Of Chuck
- Réalisateur(s) : Mike Flanagan
- Scénariste(s) : Mike Flanagan
- Avec : Tom Hiddleston, Mark Hamill, Chiwetel Ejiofor, Karen Gillan, Mia Sara, Matthew Lillard et Carl Lumbly.
- Distributeur : Nour Films
- Genre : Drame
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 111 minutes
- Date de sortie : 11 juin 2025
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- Note du critique : 9/10 par 1 critique
Nouveau long-métrage écrit et réalisé par Mike Flanagan (Doctor Sleep) et d’après l’œuvre de Stephen King, Life of Chuck (Prix du Public du Festival de Toronto – TIFF) est une histoire qui célèbre la vie et transcende les genres. Elle relate trois chapitres de la vie d’un homme ordinaire nommé Charles Krantz, dit « Chuck ».
Trois récits, une vie : l’art de relier les histoires
Life of Chuck se structure en trois actes d’environ 40 minutes chacun, avec une particularité notable : nous commençons par le dernier acte. Celui-ci s’ouvre sur une fin du monde imminente. Alors que l’apocalypse semble inévitable, nous suivons Marty Anderson (formidable Chiwetel Ejiofor), un professeur fasciné par une mystérieuse publicité célébrant les 39 ans d’un certain Chuck. Tandis que tout s’effondre autour de lui, Marty décide de tenter de reconquérir son ex-femme Felicia (touchante Karen Gillan), une infirmière témoin d’étranges phénomènes. Ce segment nous confronte à notre propre mortalité, propose un mystère intrigant et véhicule aussi un message écologique. C’est rythmé, visuellement beau et empreint d’une mélancolie profonde.
Le deuxième acte revient sur un épisode de la vie adulte de Charles Krantz, alias Chuck (Tom Hiddleston, bouleversant). Banquier en déplacement pour un séminaire, il croise sur son chemin une musicienne de rue jouant de la batterie (excellente Taylor Gordon). Fasciné, il s’arrête, puis commence à danser. Progressivement, un petit attroupement se forme, et une jeune femme (Annalise Basso, parfaitement dans le rythme), visiblement en pleine mauvaise journée, se joint à lui. Ce trio improvisé offre une scène à la fois joyeuse, poétique et émouvante. Cette parenthèse enchantée soulève aussi une réflexion subtile sur la vie que nous vous laissons découvrir.

De l’apocalypse à l’enfance : une narration fluide et immersive
Enfin, le premier acte – qui clôt le film – nous ramène à l’enfance de Chuck, incarné successivement par Jacob Tremblay, Benjamin Pajak et Cody Flanagan, tous remarquables. On découvre pourquoi il vit chez ses grands-parents (Mark Hamill, à la fois strict et bouleversant, et Mia Sara, lumineuse) ainsi que les origines de ses passions. Le film explore son passage de l’enfance à l’adolescence, tout en révélant quelques secrets bien gardés dans la maison familiale. Ce segment, en plus de proposer une chronique initiatique sensible, n’hésite pas à flirter avec l’horreur, dans des séquences habilement menées.
Trois récits distincts, donc, mais tous liés par la personnalité de Charles Krantz et par la présence de certains personnages récurrents. Le tout est extrêmement bien ficelé, même si certains visages réapparaissent sans que leur rôle soit toujours clairement établi. Mais qu’importe : on est pleinement immergé dans cette narration éclatée mais cohérente. Les différences de ton entre les actes – drame apocalyptique, comédie dansante, récit initiatique teinté d’horreur – sont pleinement assumées et maîtrisées. Le lien entre ces histoires se fait également grâce à la voix d’un narrateur omniprésent (Nick Offerman), qui joue un rôle crucial dans l’unification du récit.

Une mise en scène brillante au service de l’émotion
Côté technique, Mike Flanagan livre ici son œuvre la plus aboutie. Il enchaîne les tonalités avec une aisance remarquable, chaque acte bénéficiant d’une ambiance visuelle et sonore propre. La mise en scène est précise, inventive et toujours au service de l’émotion. Flanagan soigne son esthétique et insuffle des références bien pensées aux années 80-90, ainsi qu’à quelques classiques du cinéma, renforçant ainsi son propos.
La direction artistique est également superbe, entre décors et costumes soignés et lumières magnifiquement travaillées. Mention spéciale au travail sur le son dans le troisième acte (le premier que nous voyons), particulièrement immersif. La musique, signée The Newton Brothers est, elle aussi, très réussie. Le duo compose une partition riche, portée par un thème principal émouvant autour de Chuck, accompagnant aussi bien les moments intimes, les scènes de danse que les pointes d’horreur.
Life of Chuck est une petite pépite, une œuvre rare à la narration singulière et maîtrisée, servie par une mise en scène brillante et un casting irréprochable. Mike Flanagan signe ici un film profondément humain, poétique, lumineux, émouvant et sensoriel. Un véritable coup de cœur.