Caractéristiques

- Titre : Une Bataille après l'autre
- Titre original : One Battle After Another
- Réalisateur(s) : Paul Thomas Anderson
- Scénariste(s) : Paul Thomas Anderson
- Avec : Leonardo DiCaprio, Sean Penn, Benicio Del Toro, Regina Hall, Teyana Taylor et Chase Infiniti.
- Distributeur : Warner Bros France
- Genre : Action, Comédie
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 162 minutes
- Date de sortie : 24 septembre 2025
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- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Nouveau long-métrage écrit et réalisé par Paul Thomas Anderson (Phantom Thread, Licorice Pizza), Une Bataille après l’autre, adaptation libre du roman Vineland de Thomas Pynchon, raconte l’histoire de Bob, un ancien révolutionnaire désabusé et paranoïaque, qui vit en marge de la société, avec sa fille Willa , indépendante et pleine de ressources. Quand son ennemi juré refait surface après 16 ans et que Willa disparaît, Bob remue ciel et terre pour la retrouver, affrontant pour la première fois les conséquences de son passé…
Causes et Conséquences
Depuis vingt ans, chaque nouveau film de Paul Thomas Anderson est un évènement. Il est sans doute l’un des plus grands réalisateurs de sa génération et, avec Une Bataille après l’autre, il le démontre une fois de plus. Le cinéaste construit son récit en trois actes. Le premier nous raconte l’histoire de Bob (Leonardo DiCaprio, toujours au sommet de sa forme), membre du groupe French 75, qui milite pour une révolution sociale aux États-Unis. Pour y parvenir, ils organisent aussi bien des actions visant à libérer des prisonniers mexicains à la frontière que des braquages de banques.
Bob est en couple avec Perfidia Beverly Hills (Teyana Taylor, au charisme fou). Mais alors que la jeune femme tombe enceinte et accouche, les choses commencent à s’envenimer. Cette première partie sert autant à présenter les personnages qu’à dresser une critique de la société et de la politique américaine contemporaines. C’est bien mené, bien amené, et l’on entre parfaitement dans le film, les thèmes abordés étant clairement exposés.

Quand le passé rattrape le présent
La seconde partie se déroule seize ans plus tard. Bob vit désormais sous une nouvelle identité avec sa fille Willa (Chase Infiniti, la révélation du film). Tandis que lui s’est réfugié dans l’alcool et la drogue, elle s’impose comme une brillante élève au sein de son lycée. De son côté, nous retrouvons le colonel Steven J. Lockjaw (Sean Penn, qui livre une prestation de haut vol et sera très probablement cité aux nominations de meilleur acteur dans un second rôle de différentes cérémonies). Ce dernier cherche à intégrer un groupe de suprémacistes blancs occupant des postes élevés dans la société et pratiquant l’entraide entre eux. Mais il n’a pas oublié une affaire restée en suspens avec Bob… Cette partie, assez tranquille, nous montre l’évolution des personnages, spécialement ceux de Bob et de Lockjaw. Elle développe aussi parfaitement les enjeux qui trouveront leur conclusion dans la dernière partie.
Celle-ci prend des allures de course-poursuite entre Lockjaw et Bob. Inutile de révéler l’issue, mais les évènements s’enchaînent tambour battant. Bob peut compter sur l’aide de Sergio (Benicio Del Toro, marquant malgré sa courte présence), le sensei de Willa. Les thématiques trouvent ici une résonance directe dans le cheminement des personnages : tout sonne juste, aussi bien dans leurs réactions que dans leurs émotions. Si l’on peut saluer le côté thriller, extrêmement bien mené même si certaines révélations restent prévisibles, il faut aussi souligner l’efficacité des touches de comédie. Rares mais savoureuses, elles font systématiquement mouche, qu’il s’agisse d’une conversation téléphonique codée, de la chute d’un toit ou du côté décalé de Bob. Une Bataille après l’autre est donc autant une comédie qu’un thriller.

Entre rigueur formelle et excès musicaux
Sur le plan technique, on retrouve la solidité habituelle de Paul Thomas Anderson. La direction artistique comme le choix des plans (certains, sur une route singulière, marquent particulièrement) témoignent d’une maîtrise totale. Le cinéaste suit ses comédiens avec une précision remarquable. On pourra toutefois regretter deux défauts. D’abord, la durée : deux heures quarante-deux, c’est peut-être un peu long au regard de ce qui est raconté. Si chaque acte dure environ cinquante minutes, réduire le film d’une dizaine ou quinzaine de minutes lui aurait sans doute conféré un meilleur rythme. Ensuite, la musique de Jonny Greenwood (guitariste et claviériste de Radiohead) : sa composition au piano, parfois entraînante, fonctionne globalement, mais se révèle par moments trop présente et redondante, au point de nous sortir de certaines scènes.
Malgré ces réserves mineures, Paul Thomas Anderson signe avec Une Bataille après l’autre un thriller haletant autant qu’une comédie subtile, abordant avec pertinence des thèmes de société, servi par une mise en scène solide et des acteurs au sommet, avec une mention spéciale pour Sean Penn.