Caractéristiques
- Titre : Jean Valjean
- Réalisateur(s) : Eric Besnard
- Scénariste(s) : Eric Besnard
- Avec : Grégory Gadebois, Bernard Campan, Alexandra Lamy, Isabelle Carré, Dominique Pinon, Romane Libert, Patrick Pineau...
- Distributeur : Warner Bros France
- Genre : Drame Historique
- Pays : France
- Durée : 1h38
- Date de sortie : 19 novembre 2025
- Acheter ou réserver des places : Cliquez ici
- Note du critique : 8/10 par 1 critique
En proposant un métrage qui adapte uniquement le premier livre (la rédemption de Jean Valjean au contact de l’homme d’église Monseigneur Myriel), le réalisateur Éric Besnard prenait un risque mais s’en sort avec les honneurs…
L’intemporalité des Misérables
Le film Jean Valjean version 2025 se distingue immédiatement comme une réinterprétation profondément humaine et sensible du personnage emblématique de Victor Hugo.
La réalisation choisit une approche intimiste, presque brute, qui met au premier plan les visages, les silences, les hésitations, bref, tout ce qui fait vibrer un acteur lorsqu’on lui laisse un véritable espace de jeu. Ce parti pris fonctionne admirablement bien, car il s’appuie sur un casting remarquablement dirigé, capable de porter la dimension morale et émotionnelle du récit sans jamais surjouer.
Des interprétations rendant hommage au roman
Grégory Gadebois, dans le rôle de Jean Valjean, livre une performance d’une densité exceptionnelle. Sa capacité à faire ressentir, d’un simple regard, le poids de la souffrance et l’ombre du passé donne au personnage une profondeur rarement atteinte au cinéma.
Il incarne un Valjean massif mais vulnérable, tour à tour menaçant, protecteur, écrasé par la culpabilité ou illuminé par une volonté de rédemption. Sa force n’est jamais caricaturale ; au contraire, elle semble trembler sous la surface, comme si chaque geste, chaque parole était l’aboutissement d’une bataille intérieure. Gadebois parvient à capturer l’essence même du mythe : un homme brisé qui choisit, malgré tout, la lumière.
Face à lui, Bernard Campan offre un Monseigneur Myriel alias Monseigneur Bienvenu (surnom donné par les pauvres et les nécessiteux auxquels il ne ferme jamais sa porte) particulièrement marquant. Son interprétation se distingue par une rigidité contenue, une forme de froideur presque mécanique qui ne bascule jamais vers la simplification. Campan propose une interprétation habitée, celle d’un homme portant lui aussi les stigmates du passé dont les fissures apparaissent subtilement à mesure que le récit avance. Il joue un adversaire sans haine, mais avec une détermination morale absolue, ce qui rend la confrontation avec Valjean encore plus poignante. L’alchimie entre les deux acteurs fonctionne à merveille et donne aux scènes partagées une intensité rare.
La mise en scène, volontairement épurée, renforce encore l’impact de leurs performances. Les cadrages serrés permettent de capter le moindre frémissement de visage, la moindre hésitation dans la voix. Le film prend son temps, laisse respirer ses acteurs, ce qui donne un rythme parfois contemplatif, mais toujours traversé d’une tension morale palpable. Les décors naturels, la lumière souvent froide et la musique discrète mais enveloppante, participent à créer une atmosphère où chaque choix, chaque parole semble peser lourd.
Un grand cru, mais incomplet
Enfin, la grande réussite du film réside dans sa capacité à moderniser l’émotion sans trahir l’esprit du personnage. Le réalisateur ne cherche pas à styliser à outrance, ni à réinventer pour réinventer : il s’agit avant tout de montrer un homme en lutte contre lui-même et un autre en lutte contre l’idée même de la pitié. Grâce à Gadebois et Campan, cette dualité centrale devient le cœur battant du film, offrant au spectateur un récit puissant, interprété avec une sincérité et une finesse qui marquent durablement.
Ce Jean Valjean version 2025 s’impose ainsi comme une œuvre portée par deux comédiens au sommet de leur art, capable de transformer une histoire connue en une expérience émotionnelle renouvelée, mais qui trouve hélas ses propres limites dans le fait qu’il semble en l’état un objet fascinant mais incomplet, tant nous souhaiterions voir la suite adaptée avec ce même souci de modernisation respectueuse.






