Caractéristiques
- Titre : The Lost King
- Réalisateur(s) : Stephen Frears
- Scénariste(s) : Steve Coogan et Jeff Pope
- Avec : Sally Hawkins, Steve Coogan, Mark Addy et Harry Lloyd
- Distributeur : Pathé distribution
- Genre : Comédie dramatique, Drame, Comédie
- Pays : Grande-Bretagne
- Durée : 109 minutes
- Date de sortie : 29 mars 2023
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- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Une passion qui devient obsession
Nouveau long-métrage de Stephen Frears (Florence Foster Jenkins, Confident Royal), The Lost King est inspiré d’une histoire vraie et retrace l’extraordinaire aventure de Philippa Langley, passionnée d’histoire à la volonté de fer qui, sur une simple intuition et malgré l’incompréhension de ses proches et la défiance du monde universitaire, a voulu rétablir la vérité autour de Richard III, l’un des monarques les plus controversés de l’histoire.
Le scénario de Steve Coogan (qui interprète aussi John, l’ex-mari de Philippa) et Jeff Pope s’intéresse donc à la folle vie de Philippa Langley. Celle-ci vit, avec ses deux enfants et son ex-mari, à Edimbourg et travaille dans le marketing. Malgré un syndrome de fatigue chronique, elle fait toujours bien son travail, mais elle n’est pas jugée digne d’une promotion. A l’occasion d’une représentation de la pièce de Shakespeare Richard III, elle va tomber amoureuse du personnage et développer une passion pour lui. Le scénario s’articule en trois actes. Dans le premier, on découvre Philippa, sa vie jusqu’au début de sa passion. C’est bien amené, surtout qu’on sent une vraie frustration chez elle parce qu’elle sent qu’en tant que femme de plus de quarante ans, elle ne peut plus évoluer, que ce soit du côté professionnel ou personnel, à cause de la manière dont les femmes sont vues à cet âge.
Une femme qui changea l’histoire
La seconde partie est la plus intéressante du long-métrage car on rentre vraiment dans la nouvelle passion de Philippa, ce qui permet de découvrir des choses avec elle. Elle rejoint le fan club d’Edimbourg sur Richard III, fait des recherches, mais elle est aussi prise de visions du roi, avec lequel elle va discuter. En plongeant dans les recherches, elle va découvrir que ce roi est loin de la représentation qu’en donnait Shakespeare dans sa pièce. Elle va ainsi défier archéologues et universitaires pour prouver qu’elle a raison en voulant trouver sa tombe. C’est là que nous arrivons dans la troisième et dernière partie, qui n’est pas la plus passionnante. Dans celle-ci, Philippa doit trouver des fonds pour creuser dans un parking. Elle a l’intuition que le roi y est enterré. Evidemment, il n’y a pas de surprise dans cet acte, du coup, l’ennui commence à se faire sentir, surtout que le scénario prend son temps pour faire monter, inutilement, la tension au sujet d’une révélation qui semble logique et que l’on voit venir.
Mais le long-métrage reste toujours passionnant par son sujet et ses thèmes. Surtout le thème récurrent de la place de la femme de plus de quarante ans dans la société. Philippa est mise à l’écart de promotions au profits de plus jeunes personnes, elle est raillée par un universitaire et un dirigeant de l’université de Leicester se moquera d’elle et profitera tout de même de sa découverte. Evidemment, tous les hommes ne sont pas des « salauds » dans cette histoire. Ainsi, l’ex-mari de Philippa lui apporte, au final, son soutien, et Richard Buckley la croit et va l’aider. Cela va avec le thème de l’affirmation de soi qui est évidemment présent car, plus The Lost King avance et plus Philippa s’affirmera et s’opposera aux autres. Là aussi, le développement est convaincant. Enfin, nous avons quelques touches d’humour british qui font mouche à chaque fois.
Une réalisation en demi-teinte
Côté réalisation, Stephen Frears, quatre-vingt un ans et plus de vingt cinq films à son actif, n’a plus rien à prouver, mais il livre encore une fois un film convaincant, avec une technique académique et une direction photo réaliste mais lumineuse. Même si techniquement, il nous déjà proposé mieux (on pense évidemment aux Liaisons Dangereuses ou encore à The Queen), son savoir -faire est toujours bien présent. De plus, il dirige toujours bien ses acteurs.
On regrettera tout de même une baisse de rythme dans le troisième acte du film, qui s’avère un peu trop prévisible. On aurait pu facilement couper de-ci de-là quelques minutes de scènes redondantes par leur exploration des thèmes de l’intrigue. Enfin, la musique d’Alexandre Desplat ne fait pas qu’accompagner parfaitement le film, elle reste en tête après la projection. D’ailleurs, sa composition à été nommée en meilleure musique originale pour un film de comédie aux International Film Music Critics Award 2022, et c’est clairement mérité.
Sally Hawkins toujours aussi fabuleuse
Du côté des acteurs, Sally Hawkins (La Forme de l’Eau) offre une magnifique performance dans le rôle de Philippa. Tout en nuances et simplicité, elle nous plonge dans le film et nous immerge dans la passion de son personnage pour Richard III. Steve Coogan (Stan et Ollie) est aussi excellent dans le rôle de John. Même si son personnage ne montre pas énormément d’émotion, tout passe par le dialogue, auquel il donne vie avec un vrai sens du rythme et de l’intonation. Mark Addy est amusant le rôle de Richard Buckley et Harry Lloyd, qui a enfin une couronne sur la tête pour ceux qui ont la référence, est assez amusant par le mutisme de son personnage, auquel il apporte une vraie intensité alors que celui-ci n’est qu’une vision imaginée par l’héroïne.
The Lost King est donc, malgré certains défauts, une belle transposition cinématographique d’une histoire vraie qui changea la vision de l’histoire. Le film est magnifié par la performance de Sally Hawkins. Sans être le meilleur métrage de Stephen Frears, cela reste une œuvre intéressante et honnête.