[Test – PlayStation 5] Street Fighter 6 : Un imparfait mais généreux retour en grâce

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 5
  • Titre : Street Fighter 6
  • Développeur : Capcom
  • Editeur : Capcom
  • Date de sortie : 2 juin 2023
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 6/10

La rue vous appelle

Inaugurant une mouvance dans laquelle les jeux de baston sont de nouveau en vogue avec les arrivées prochaines de Tekken 8, le reboot de Mortal Kombat ou encore le Project L du studio Riot déjà annoncé, c’est Street Fighter, le doyen du genre, qui ouvre assez logiquement les hostilités.

Ayant tiré les leçons d’un Street fighter 5 qui n’avait pas convaincu, du moins pas autant que son prédécesseur, le remarquable Street fighter 4, le studio Capcom entend cette fois faire un volet qui plaira autant aux habitués qu’aux néophytes. Pour remplir cet objectif, il est clair que c’est l’option contenu à gogo qui a été privilégiée, d’abord par la présence d’un didacticiel très complet et d’un mode World Tour semi-ouvert qui vous permettra d’augmenter les statistiques de votre personnage et de vous entraîner avant d’affronter les joueurs connectés en réseau ou les fameux boss qui ne sont autres que les autres personnages jouables du gameplay.

capture street fighter 6 sur PS5 combat contre ken

Un jeu de combat complet…

Les débutants pourront ainsi profiter de guides individuels et d’un didacticiel précis pour apprendre les techniques des 18 combattants disponibles. Une façon comme une autre d’aborder ce jeu de la meilleure façon avant de se confronter au mode World Tour, autrement dit la campagne scénarisée où on peut personnaliser soi-même son personnage, que ce soit pour le rendre d’apparence humaine ou carrément mutante (on en connaît qui vont bien s’amuser à faire n’importe quoi).

L’aventure en elle-même se déroule principalement dans la ville de Métro City (mais pas seulement), que l’on peut explorer de fond en comble (ou presque, des agents de police bloquant les zones interdites) et prendre part à des combats plus ou moins amicaux au cours des diverses missions qui sont proposées par le jeu. Une bonne façon d’apprendre les mécaniques du gameplay de manière ludique. Mais, au bout d’un certain nombre d’heures, vous vous rendrez compte qu’un jeu de combat n’étant pas un RPG, les quêtes deviennent vite répétitives et la lassitude nous gagne.

capture attaques street fighter 6 sur ps5

Cependant, certaines fonctionnalités comme l’apprentissage progressif des techniques et styles de combat des autres personnages permettent de créer votre propre avatar mélangeant coups normaux et coups spéciaux de différents personnages, ouvrant ainsi la voie à de multiples possibilités enthousiasmantes.

A signaler également un mode « moderne » avec configuration simplifiée pour ceux qui n’ont pas l’habitude de ce genre de jeu et un mode plus « classique » pour les habitués afin que tout le monde y trouve son compte.
Du côté des combats proprement dits, qu’on peut mener dans un mode tournoi traditionnel ou en versus classique, Capcom semble avoir décidé de dynamiser au maximum ses affrontements tout en piochant certaines idées dans les anciens titres.

La jauge Drive, qui se vide quand on bloque un coup mais se recharge quand on attaque, en est un bon exemple et oblige le joueur à rester attentif car, si elle se vide complètement, il entre en état de Burn-out et devient ainsi très vulnérable. Cette dernière permet d’adapter au mieux sa stratégie et de choisir parmi un certain nombre d’attaques/parades qui enrichissent les combats (Le Drive Impact, Drive Parry, Drive Rush, Drive Reversal et les attaques overdrives) mais elle n’est pas la seule car il faut également compter avec Les Super Arts, des attaques à trois niveaux de puissance qui sont plus efficaces quand il reste peu de vie.

En somme, un contenu très généreux marié à une maniabilité très souple, tout semble aller pour le mieux au royaume de Street Fighter.

jp dans street fighter 6
Un trois pièces version streetwear au rendu quelque peu… étrange et inélégant. L’heure des dandys aurait-t-elle sonné ?

…mais sans âme

Sauf que non, tout n’est pas rose dans ce nouvel opus, qui cumule certains défauts regrettables qui finissent par donner l’impression de se trouver face à une coquille vide.

La faute d’abord à un scénario inexistant. Certes, l’histoire de Street Fighter n’a jamais brillé par sa complexité et là n’est pas l’intérêt d’un jeu de baston, néanmoins, la licence avait su créer son univers avec ses enjeux personnels (Chun Li voulant venger ses parents, la rivalité Ken/Ryu…) ou plus vastes (la lutte contre l’organisation terroriste Shadaloo et ses antagonistes de légende). Ici point de M.Bison ou d’organisations secrètes, juste un apprentissage du monde des combats menés par Luke, nouvelle star de la saga au charisme d’une huître.

Mais il n’est malheureusement pas le seul personnage jouable qui pose problème car, si les combattants classiques s’en sortent encore plutôt bien (excepté Blanka, qui ressemble désormais à l’enfant bâtard de King Kong et Hulk), Capcom semble avoir cédé aux sirènes du wokisme, si bien que les nouveaux venus manquent au mieux de personnalité, au pire sont carrément malaisants.

Juri, Manon et Marisa (un Zangief au féminin avec moins de poils) ont en commun un design raté et une coupe de cheveux pourrie. JP ressemble à un vieux lord anglais qu’on chercherait à ridiculiser en l’obligeant à porter des fripes récupérées chez Emmaüs. Kimberly et Lily pourraient être des sœurs tant elles se ressemblent sauf que Lily fait trop jeune pour qu’on l’affuble d’un short au ras des fesses. Quant à Jamie, outre ses tenues ambivalentes, ses attitudes pour le moins maniérées dans les cinématiques le mettent en compétition avec Luke dans le rôle du viriliste raté (ce dernier étant plutôt un gamin complexé voyant le combat comme un moyen de cacher ses doutes). Impossible de finir cette présentation sans mentionner l’animateur au début du jeu, présenté comme un transsexuel assumé, qui suffira à lui seul pour convaincre les puristes que quelque chose ne tourne plus rond au pays de la baston.
Bref, un message idéologique parfaitement clair, mais qui n’apporte strictement rien de pertinent à l’univers Street Fighter, voire risque plutôt de le desservir en raison de partis pris beaucoup trop clivants.

capture combat jamie dans street fighter 6

Ajoutons à cela une musique rap en remplacement des musiques emblématiques, qui fait beaucoup de bruit mais ne possède aucune identité ou passage mémorable et un esthétisme trop « flashy » des décors qui trouve son point culminant lors des étalages de peinture qui inondent l’écran à chaque action.

Enfin, puisque ce sixième opus place beaucoup en avant son mode aventure semi-ouvert, il est bon de préciser que, si la réalisation des arènes de combats est très bonne et vivante, celle de Metro City, en revanche, est plutôt de qualité franchement moyenne, et il n’est pas rare de ne croiser que des passants en copié collé dans des décors vides qui ne semblent techniquement pas finis. Vu qu’il faudra farmer longtemps pour progresser avec des missions souvent identiques, certains ne manqueront pas de craquer en route.

capture combat manon dans street fighter 6 sur ps5

A chacun son combat

Pour conclure, nous dirons que les adeptes de la saga Street Fighter sauront apprécier la richesse du contenu, ainsi que la nouveauté du mode World Tour, leur permettant de retrouver bon nombre d’Easter Eggs emblématiques au fur et à mesure de leur progression.

Néanmoins, si Capcom comptait fédérer au-delà de sa fanbase avec ce nouvel opus, il est très possible que ce soit l’effet inverse qui se produise et ce, malgré l’appel du pied d’un didacticiel ultra simplifié.

La raison principale tient au fait que malgré ses qualités, beaucoup d’idées sonnent creux et semblent avoir été placées là juste pour grappiller un maximum de nouveaux clients potentiels, quitte à finalement aboutir à un opus complet sur la forme, mais tristement vide sur le fond.

En outre, si quatre nouveaux personnages (dont Akuma) sont déjà annoncés dans l’année à venir, il est à espérer que le contenu additionnel ne soit pas exclusivement payant, car cela finira par revenir cher la nostalgie, pour un résultat qui a peu de chances d’être un jour pleinement satisfaisant compte tenu des intentions d’origine.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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