[Critique] Inside : teen horror et folklore

Caractéristiques

  • Titre : Inside
  • Titre original : It Lives Inside
  • Réalisateur(s) : Bishal Dutta
  • Scénariste(s) : Bishal Dutta
  • Avec : Megan Suri, Neeru Bajwa, Betty Gabriel et Mohana Krishnan.
  • Distributeur : KMBO
  • Genre : Epouvante-horreur
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 99 minutes
  • Date de sortie : 6 septembre 2023
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  • Note du critique : 6/10

Adolescente en quête d’identité

Lauréat du prix du public dans la sélection Midnighters du SXSW Film Festival d’Austin aux Etats-Unis, Inside, ou It Lives Inside dans son titre original, est le premier long-métrage de Bishal Dutta, remarqué pour la première fois avec son court-métrage Life in Color, présenté au Festival de Cannes dans le cadre du American Emerging Filmmaker Showcase. Dans Inside, Samidha (Megan Suri), adolescente américaine d’origine indienne, remarque que son amie d’enfance Tamira (Mohana Krishnan) se comporte de manière très étrange et transporte toujours sur elle un mystérieux bocal. Lors d’une dispute, Samidha le brise par mégarde et libère une entité démoniaque qui n’aura de cesse de la persécuter…

La force de ce premier long-métrage réside dans l’exploration – plutôt inédite dans le genre de l’horreur – de la culture et des traditions indiennes. En tant qu’immigrant de première génération aux Etats-Unis, Bishal Dutta partage aux spectateurs quelques éléments de folklore tels que la célébration de la Puja, avec ses rituels et ses offrandes, ou encore les Pishacha, démons mangeurs de chair de la mythologie hindoue. Auprès de sa famille, Samidha parle l’hindi et accepte de se plier à certaines traditions, mais elle veut surtout s’intégrer auprès des jeunes de son âge, ce qui la pousse à rejeter une partie de son héritage culturel, ainsi que son ancienne amie Tamira.

Le réalisateur met en scène de manière plutôt convaincante cette dualité vécue par l’adolescente et la double identité qu’elle ne parvient pas à concilier. Un plan assez marquant du film la représente vêtue d’un jean et d’une dupatta dorée, une longue écharpe portée par les femmes indiennes, dont elle se débarrasse assez vite au profit d’un t-shirt. Les questionnements existentiels classiques des teen dramas sont donc au cœur du long-métrage, mais relevés par une touche d’originalité supplémentaire : Sam n’est pas seulement en train de découvrir sa personnalité et ses goûts. Elle doit également faire la paix avec son legs, et comprendre quelle est sa place dans le monde.

Un scénario faiblard

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Malgré ces idées de départ alléchantes, le scénario du film s’enlise rapidement dans un teen horror assez paresseux. Alors que le cinéma de genre permet souvent de raconter des histoires riches en émotions, en confrontant ses personnages à des expériences éprouvantes, Inside manque cruellement de conviction et de dynamisme. Le film suit la trame conventionnelle du film de monstre et ne parvient jamais à surprendre ou à sortir le spectateur de ce cadre routinier, à la limite de l’ennui.

Les relations familiales, amicales et amoureuses ne sont qu’effleurées et l’on ne parvient pas vraiment à s’attacher aux personnages. A l’exception peut-être de Samidha, interprétée plutôt justement par la jeune Megan Suri, révélée par le film Missing et la série très populaire Mes premières fois, et sa professeure Joyce (Betty Gabriel) – la terrifiante Georgina de Get Out – les autres membres du casting sont pour la plupart des coquilles vides qui ne servent qu’à peupler les lieux emblématiques du lycée : gymnase, salles de classes, longs couloirs de casiers…

Les enjeux du long-métrage sont à peine esquissés : la cause de l’apparition du Pashicha demeure nébuleuse, tout comme le choix de ses victimes. On ne sait pas pour quelle raison le monstre est tantôt invisible, tantôt non… Bishal Dutta ne fait que lancer des pistes sans jamais donner l’impression d’aboutir réellement à un résultat. Quant aux décisions prises par les personnages, elles sont – comme souvent dans le genre – assez irrationnelles, permettant à l’intrigue de rebondir uniquement grâce à ces choix plus qu’hasardeux.

Une mise en scène efficace mais convenue

image bishal dutta inside
Copyright Alamode Film

Dès sa scène d’ouverture – un plan séquence macabre très réussi – Inside indique son choix d’une esthétique lugubre, marquée par la présence récurrente des couleurs noires et rouges annonçant l’arrivée du monstre. La musique anxiogène de Wesley Hughes est plutôt marquante et accompagne efficacement les crescendos de tension. Bishal Dutta utilise également quelques mouvements de caméra inventifs qui créent un sentiment de malaise et d’étrangeté. Cependant, la mise en scène demeure pour le reste assez convenue : propre, mais sans grandes surprises.

Malgré l’exploration du folklore hindou, qui semblait pouvoir permettre au long-métrage de sortir des sentiers battus, le réalisateur se contente souvent d’utiliser les poncifs habituels du film d’horreur pour adolescents : maison délabrée plongée dans le noir, artefact magique, monstre qui surgit dans le reflet du miroir, contorsions corporelles effrayantes… Les quelques jumpscares sont si annoncés et identifiables qu’ils ne surprennent plus personne.

Restent un monstre plutôt convaincant dans ses attaques, quelques scènes de violence assez jouissives – malgré certains effets spéciaux un peu brouillons – et des cauchemars dérangeants qui pourront en effrayer plus d’un. Dommage que le climax final frôle un peu le grotesque…

Malgré un pitch de départ attrayant et une atmosphère lugubre à souhait, Inside est donc un teen horror convenu, qui n’évite aucun cliché du genre. Malgré son intension affichée de traiter de sujets sérieux comme l’intégration, le repli communautaire et la quête d’identité, il tombe rapidement dans le banal film de monstre et d’objet hanté. La promesse était belle…

Article écrit par

Lorsqu’elle n’enseigne pas l’italien, Lucie Lesourd aime discuter de sa passion pour le cinéma, le théâtre et les comédies musicales. Spécialisée en littérature young adult et grande amatrice de polars et thrillers, elle rejoint Culturellement Vôtre en février 2020 pour y partager ses avis lecture et sorties culturelles.

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