Caractéristiques
- Titre : Sharknado 4 : The 4th Awakens
- Réalisateur(s) : Anthony C. Ferrante
- Avec : Ian Ziering, Tara Reid, Masiela Lusha, Cody Linley, Ryan Newman, Imani Hakim, David Hasselhoff
- Distributeur : The Asylum
- Genre : Comédie, Science-fiction
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 85 minutes
- Date de sortie : 4 août 2016 (téléfilm)
- Note du critique : 5/10 par 1 critique
Ça commence à faire beaucoup
Après un troisième volet aussi délirant que décomplexé qui repoussait avec joie les limites terrestres pour propulser des tornades de requins dans l’espace, la franchise Sharknado est de retour pour la 4e année consécutive avec un nouveau téléfilm, Sharknado 4 : The 4th Awakens, dont le titre, pompé sur le 7e Star Wars, donne le ton d’emblée : les références, clins d’oeil pop et caméos seront une fois de plus de mise.
Si la saga de Syfy ne se prend clairement pas au sérieux et a aussi pu, par le passé, se reposer sur ce parti pris de nanar assumé pour justifier certains gags un peu faiblards et une intrigue n’importe nawak, Sharknado 3 : Oh Hell No! nous avait agréablement surpris par le panache dont il avait su faire preuve dans la surenchère de la dernière partie. Mis à part les requins dans l’espace, on pouvait également assister, ébahis, à un accouchement à l’intérieur d’un requin propulsé dans l’espace et s’écrasant sur Terre, suivi d’une « césarienne », rien que ça ! Si le scénario tenait là encore une fois sur un timbre poste, le téléfilm était globalement bien rythmé et donnait à voir certaines morts particulièrement inspirées, comme celle, sadique à souhait, du personnage incarné par Frankie Muniz, ancienne star de la sitcom Malcolm.
On était donc assez curieux de voir ce que pouvait donner ce 4ème Sharknado, tout en se demandant ce que les scénaristes allaient bien pouvoir trouver après le feu d’artifice surréaliste du 3. La réponse ? Encore plus de surenchère, en diversifiant le type de tornades (on ne vous en dira pas plus, mais les requins sont loin d’être les seuls à voler dans ce nouvel opus), en multipliant les références à la pop culture et les caméos. Malheureusement, si le téléfilm se regardera assez agréablement lors d’une soirée entre amis avec bières et pizzas, force est de constater que le résultat n’est pas aussi jouissif, la faute à une intrigue éparpillée façon puzzle et à un manque de rythme qui peut de prime abord paraître assez étonnant si l’on considère le nombre de rebondissements et d’attaques en tous genres qui interviennent lors de ces 85 minutes de film.
Sharknado 4 : au pays du Magicien d’Oz et de la surenchère assumée
C’est en réalité en partie là que le bât blesse : en démarrant à fond les ballons, en montrant d’entrée de jeu la destruction de Las Vegas, Anthony C. Ferrante finit par banaliser ces incroyables scènes d’action aux effets spéciaux de mauvais goût. Ajouté aux restrictions budgétaires, qui conduisent le réalisateur à laisser hors champ une partie des rebondissements les plus délirants, en ne nous dévoilant que quelques brèves images des autres types de tornades à des moments où une montée en puissance aurait été la bienvenue, cela a donc tendance à blaser le spectateur qui aurait déjà vu ne serait-ce que le précédent film de la franchise. On ajoutera également que la narration éclatée n’est pas toujours pertinente, puisque l’on perd parfois en tension ou tout simplement en attention, de sorte que le téléfilm, pourtant court, tire parfois en longueur. Toutes les scènes où l’on suit April (Tara Reid), la femme de Shepard, manquent ainsi parfois de folie et ne se fondent pas toujours bien dans l’ensemble. Il en est de même pour un certain nombre de scènes relativement indépendantes, sympathiques dans l’idée mais pas forcément nécessaires.
Cela étant dit, et à condition bien sûr de le prendre au 15e degré, Sharknado 4 : The 4th Awakens reste un téléfilm estival sympathique, qui sait aussi rattraper certaines de ses errances et facilités le temps de quelques clins d’œil bien sentis. Une partie de l’intrigue se déroulant au Kansas, on s’attendait à retrouver quelques références au Magicien d’Oz, œuvre incontournable de la culture américaine, qui s’ouvre sur une tornade emportant avec elle la jeune Dorothy, qui vit dans une ferme du Kansas avec son oncle et sa tante. C’est en effet le cas, et, au-delà le relativement facile et très littéral « Suivez la route de briques jaunes ! », on a droit à un très sympathique rappel du plan où la vilaine sorcière de l’Est est écrasée par la maison de Dorothy, que les cinéphiles ayant grandi avec le film de Victor Fleming reconnaîtront sans mal. Ce genre de citations bien intégrées participe au plaisir pris devant le téléfilm et tranche avec d’autres références, plus immédiates.
Et de 5 ?
Notons également que Ian Ziering sort encore une fois son épingle du jeu, face à une Tara Reid égale à elle-même et un David Hasselhoff qu’on était contents de retrouver après le 3, mais qui apparaît ici clairement sous-exploité, malgré une brève réunion avec deux de ses anciennes co-équipières d’Alerte à Malibu, Geena Lee Nolin et Alexandra Paul. De manière générale, il est bon de préciser que ce Sharknado, comme ses prédécesseurs, parlera davantage aux nostalgiques des années 80 et 90, même si la jeune génération pourra aussi y trouver son compte. Entre références à destination de ces spectateurs plus « âgés » et vannes identifiables de tous, le téléfilm de Syfy essaie de trouver un équilibre et, si certains gags font un peu forcés, l’ensemble se laisse regarder.
Sharknado 4 : The 4th Awakens s’achève une nouvelle fois sur un cliffhanger et annonce donc bel et bien un cinquième opus qui, on l’espère, sera soutenu par une narration plus tendue et des partis pris qui lui éviteront de se perdre dans des auto-citations qui pourraient facilement passer pour de la paresse. S’il n’est à priori pas évident de parvenir à renouveler la franchise après quatre films poussant toujours plus loin les limites de scènes d’action aussi surréalistes qu’improbables, on reste malgré tout curieux de voir ce que l’été 2017 réserve à Fin Shepard et son inséparable tronçonneuse…