Caractéristiques
- Titre : O Corno, Une Histoire de Femmes
- Titre original : O Corno
- Réalisateur(s) : Jaione Camborda
- Scénariste(s) : Jaione Camborda
- Avec : Janet Novás, Julia Gomez, Nuria Lestegás...
- Distributeur : Epicentre Films
- Genre : Drame
- Pays : Espagne, Portugal, Belgique
- Durée : 105 minutes
- Date de sortie : 27 mars 2024
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- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Premier long-métrage écrit et réalisé par Jaione Camborda, O Corno, Une Histoire de Femmes se déroule en 1971, dans une Espagne franquiste. Dans la campagne galicienne, María assiste les femmes qui accouchent et, plus occasionnellement, celles qui ne veulent pas avoir d’enfant. Après avoir tenté d’aider une jeune femme, elle est contrainte de fuir le pays en laissant tout derrière elle. Au cours de son périlleux voyage au Portugal, María rencontre la solidarité féminine et se rend compte qu’elle n’est pas seule et qu’elle pourrait enfin retrouver sa liberté…
Un accouchement
C’est dans la simplicité que certaines histoires se racontent. C’est le cas de O Corno, Une Histoire de Femmes. On commence le long-métrage par une scène d’accouchement assez longue avec Carmen, qui donne naissance à sont quatrième enfant, assistée de sa fille Luisa et de Maria, que l’on peut considérer comme une sage femme. On découvre cet événement du point de vue de Luisa.
La jeune fille voit les douleurs de sa mère et on comprend que quelque chose ne va pas. On court avec Luisa sur la plage de l’île espagnole sur laquelle elle vit. Elle voit ses amis et son petit ami. Elle-même enceinte, elle ne veut pas garder le bébé. Un problème dans l’Espagne de 1971. Elle demande donc à Maria de l’aider à avorter via une potion concoctée par la sage femme.
Les douleurs de cet avortement font écho à la douleur d’enfanter et à la scène d’accouchement initiale. Des séquences assez longues durant lesquelles on reste auprès de ces femmes. Puis, on passe au point de vue de Maria qui, après avoir aidé la jeune fille, part pour la soirée de la fête nationale où elle aura une relation sexuelle avec un homme de passage. Une scène là aussi longue, qui fait effet de miroir avec les scènes de douleurs des précédentes scènes. Et là, le long-métrage part dans une autre direction. Maria (l’excellente Janet Novás,qui porte parfaitement le film) est obligée de fuir au Portugal. Va t’elle y arriver ? Et si oui, dans quelles conditions? C’est le cœur de cette œuvre qui montre une solidarité féminine de chaque instant.
Un avortement
La solidarité féminine est le thème principal de O Corno, une histoire de Femmes. Une solidarité autant dans la douleur d’un accouchement que de celle d’un avortement. Une entraide entre entre deux femmes de couleur et une femme espagnole pourtant loin de chez elles et qui devront se serrer les coudes. Cela ne veut pas dire que les hommes sont les méchants de l’histoire pour autant, loin de là. Le petit ami de Luisa l’aime et est affectueux. L’homme de passage de Maria ne s’en prend pas à elle et le mari de Carmen est également un homme aimant. Alors oui, certains hommes en profitent mais, comme il y a des hommes bons et mauvais, il n’y a pas de sentiment de généralisation.
C’est surtout le contexte de l’époque qui fait que Maria doit fuir. Tout comme en France dans les années 70, l’avortement était alors encore interdit. Il sera dépénalisé en 1985 et légalisé en 2010 mais des mouvements, comme celui de 2014, ont failli faire en sorte que celui-ci soit de nouveau interdit par une loi. Autant dire que O Corno, Une Histoire de Femmes est un long-métrage important pour l’Espagne pour bien comprendre ce qui a été gagné et ce qui pourrait être perdu.
Alors que la France vient d’inscrire l’IVG au sein de la constitution, des films importants sur le sujet continuent de sortir, comme Annie Colère et L’Evènement. O Corno, Une histoire de Femmes est le penchant ibérique de ces œuvres. Cette thématique est bien développée, y compris au niveau des personnages. Celui de Maria va évoluer au gré de ses rencontres – ce que montre clairement la scène finale.
Une relation sexuelle
En ce qui concerne la réalisation, cela reste aussi très minimaliste. Caméra à l’épaule avec une lumière réaliste, la scénariste/ réalisatrice Jaione Camborda suit le mouvement de ses personnages. Elle ne fait pas dans l’esbrouffe, mais offre des scènes miroirs (l’accouchement, l’avortement et la relation sexuelle) pour montrer autant la douleur que le plaisir d’une femme. Ces scènes sont longues et en plan séquence pour rester au plus près des émotions des protagonistes. On pourra seulement reprocher le changement de point de vue de Luisa à Maria après le premier tier du film, qui pourra déstabiliser le spectateur.
Enfin, il y a peu de musique. Celle-ci est présente uniquement lors de scènes importantes et, même là, elle reste minimaliste, appuyant juste ce qu’il faut les émotions convoquées.
O Corno, Une histoire de Femmes est un drame touchant à la réalisation maîtrisée. Il s’agit aussi de la révélation d’une actrice, Janet Novás, et d’une cinéaste, Jaione Camborda.