Caractéristiques
- Titre : Le Dossier Maldoror
- Réalisateur(s) : Fabrice Du Welz
- Avec : Anthony Bajon, Alba Gaia Bellugi, Alexis Manenti, Sergi Lopez, Laurent Lucas, Béatrice Dalle et Mélanie Doutey
- Distributeur : The Jokers Films
- Genre : Policier, Drame, Thriller
- Pays : France, Belgique
- Durée : 155 minutes
- Date de sortie : 15 janvier 2025
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- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Nouveau long-métrage co-écrit et réalisé par Fabrice Du Welz (La Passion selon Béatrice, Inexorable), Le Dossier Maldoror se déroule en Belgique en 1995. La disparition inquiétante de deux jeunes filles bouleverse la population et déclenche une frénésie médiatique sans précédent. Paul Chartier, jeune gendarme idéaliste, rejoint l’opération secrète « Maldoror » dédiée à la surveillance d’un suspect récidiviste. Confronté aux dysfonctionnements du système policier, il se lance seul dans une chasse à l’homme qui le fera sombrer dans l’obsession…
Un thriller rondement mené
Le Dossier Maldoror, qui est librement inspiré d’une histoire vraie (l’affaire Dutroux), nous entraîne dans une enquête. Paul Chartier (Anthony Bajon, qui offre une belle diversité de jeu), un jeune gendarme, sent qu’il est sur la bonne piste quand deux jeunes filles sont enlevées. Il bénéficie d’un peu de soutien de la part de son supérieur et de l’un de ses collègues, Luis Catano (Alexis Manenti, qui fait évoluer son répertoire depuis quelques films). Mais l’enquête s’enlise faute de preuve concrète et, par-dessus tout, c’est la confrontation entre les différents services de l’Etat (police, gendarmerie, procureur, etc.) qui fait que rien ne marche. C’est donc le fonctionnement du système entier que Du Welz dénonce en montrant comment la dimension politique d’une affaire peut vite prendre le pas sur l’enquête.
L’enquête est sûrement ce qui fonctionne le mieux dans ce long-métrage, avec un résultat assez maîtrisé. Nous plongeons donc dans la tête de Paul, qui fait ce qu’il peut pour résoudre cette affaire malgré les bâtons dans les roues qu’on tente de lui mettre. D’ailleurs, le personnage plongera totalement dans l’obsession en se laissant happer par cette histoire, au point d’en délaisser sa vie privée, peut-être au risque de tout perdre. Nous suivons ainsi les indices, qui le mènent sur des pistes qui peuvent sembler évidentes pour le spectateur… Mais l’obsession de Paul est-elle justifiée ? De plus, nous avons en méchant de service un Sergi Lopez des grands jours, on ne peut plus en forme dans son jeu, et qui en impose physiquement.
Entre enquête, obsession et vie privée
Nous suivons aussi la vie privée de Paul qui, au début de l’affaire, est très jeune et en couple avec Jeanne (Alba Gaia Bellugi, qui s’offre un rôle simple sur le papier, mais assez difficile émotionnellement). Leur vie va donc être conduite pas l’évolution de l’affaire, du mariage à la naissance d’un enfant. Mais Paul pourra-t-il concilier les deux ? Et faire abstraction de son obsession pour l’affaire pour vivre une vie de famille équilibrée ? De plus, nous en apprenons aussi davantage sur le passé de Paul, sa relation avec sa mère (Béatrice Dalle, toujours présente pour Du Welz) et son père. Un passé qui nous fait comprendre pourquoi il a choisi la gendarmerie et son obsession pour l’affaire.
Si nous louons la maîtrise des sujets et des thèmes du Dossier Maldoror, nous serons plus mesurés sur l’équilibre entre les différentes trames narratives. Le mélange entre l’affaire et la vie privée de Paul est parfois mal équilibré. De plus, le rythme est un peu chancelant. Il aurait fallu couper dix à quinze bonnes minutes pour éviter que l’ennui se fasse légèrement sentir. Il faut dire que c’est le long-métrage le plus long de Du Welz, ce dernier n’ayant que des films qui ne dépassent pas les deux heures. Ici, la durée de 2h35 fait que tout n’est pas maîtrisé. Heureusement que cela remonte en fin de métrage pour nous offrir un final tout en nuances. Du côté technique, le résultat est assez efficace, sans être flamboyant.
Une durée un peu trop longue et un rythme chancelant
Si la direction photo (avec un grain argentique qui sied parfaitement à l’ambiance du film), les décors et les costumes nous plongent parfaitement dans les années 90 autant que dans le côté thriller, avec des couleurs souvent désaturées, voire lorgnant vers le jaune/orange à la Seven, la caméra, elle, suit les acteurs comme il faut mais n’offre pas vraiment d’éclat. La mise en scène est assez simple, avec souvent des mouvements de caméra à l’épaule. Du Welz s’offre peu d’amplitude de mise en scène. Pour le reste, la musique de Vincent Cahay fait le travail. Elle reste discrète la plupart du temps, tout en accompagnant parfaitement le film.
Le Dossier Maldoror, malgré quelques petits défauts et une durée un peu longue pour ce que raconte le long-métrage, s’avère être un bon thriller dramatique. L’enquête et la dimension intime se mêlent pour nous immerger au coeur d’une histoire passionnante.