[Critique] Les Indomptés : une quête d’identité dans l’Amérique conservatrice

Caractéristiques

  • Titre : les Indomptés
  • Titre original : On Swift Horses
  • Réalisateur(s) : Daniel Minahan
  • Avec : Daisy Edgar-Jones, Jacob Elordi, Will Poulter, Diego Calva, Sasha Calle...
  • Distributeur : Metropolitan FilmExport
  • Genre : Romance
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 119 minutes
  • Date de sortie : 30 avril 2025
  • Acheter ou réserver des places : Cliquez ici
  • Note du critique : 6/10

Premier long-métrage réalisé par Daniel Minahan et tiré du roman On Swift Horses de Shannon Pufahl, Les Indomptés raconte l’histoire de Muriel et de son mari Lee. Ils démarrent une nouvelle vie en Californie lorsque qu’il revient de la guerre de Corée. Rapidement, l’équilibre de leur couple va être bouleversé par l’arrivée du charismatique Julius, le frère de Lee, un flambeur au passé secret. Un triangle amoureux se forme.

Mais Julius décide de suivre Henry, un jeune joueur de cartes dont il est tombé amoureux. Ébranlée par ce départ et plus éprise d’indépendance que jamais, Muriel trouve un exutoire dans les courses de chevaux et l’exploration d’un amour qu’elle n’aurait jamais osé imaginer….

Deux histoires sur la découverte de l’homosexualité

Nous suivons donc deux histoires parallèles. Mais avant cela, une introduction nous présente les personnages. Muriel (Daisy Edgar-Jones, émouvante) et Lee (Will Poulter, qui développe un peu plus son jeu que d’habitude) forment un couple sans histoire dans les années 50, au Kansas. Ils vivent dans la maison de la mère de Muriel, récemment décédée. Un jour, Julius (Jacob Elordi, qui crève littéralement l’écran) débarque dans leur vie. Ce que l’on croit être le début d’un triangle amoureux n’en sera finalement pas un. Et c’est ce qui rend l’histoire si intéressante. Muriel pense être tombée amoureuse de Julius, mais ce dernier est homosexuel ou, du moins, en pleine quête de son identité. Le jeune homme finit par s’éloigner, tandis que Muriel et Lee s’installent en Californie pour commencer une nouvelle vie.

C’est à ce moment que l’histoire se divise, adoptant deux points de vue distincts. Le premier est celui de Muriel. À San Diego, elle trouve refuge dans l’univers des courses de chevaux. Lors d’une de ces courses, une rencontre va bouleverser sa vie : elle découvre une attirance pour les femmes. En déménageant dans un quartier tranquille, elle entame discrètement une relation avec Sandra (Sasha Calle, toute en retenue), dans le dos de son mari. Des questions cruciales se posent alors sur son avenir avec Lee, d’autant que le contexte social n’aide pas : à la fin des années 50/début 60, l’homosexualité est encore un crime aux États-Unis (jusqu’en 1962). Le film nous plonge ainsi dans le quotidien difficile de la communauté homosexuelle de l’époque, que ce soit dans la première ou seconde histoire.

image jacob elordi les indomptés
Copyright Metropolitan FilmExport

Entre destins croisés et récits inégaux

Et donc, la seconde histoire suit Julius, installé à Las Vegas, où il tombe amoureux d’Henry (Diego Calva, convaincant). Tous deux travaillent comme surveillants dans un casino. Leur histoire d’amour est amenée avec beaucoup de justesse, Julius ayant du mal à s’ouvrir au début de leur relation. Le développement de cette intrigue est réussi et en fait sans doute la partie la plus solide du film. Cela ne veut pas dire que l’histoire de Muriel est moins intéressante, loin de là, mais celle de Julius bénéficie d’une écriture plus fluide. Cependant, leur bonheur est menacé.  Henry aspire à une vie meilleure, quitte à flirter avec l’illégalité, mettant ainsi en péril leur relation.

Les deux récits se croisent ponctuellement à travers des lettres de Muriel à Julius, quelques appels téléphoniques, ou encore lors d’une visite de Julius au couple dans leur nouvelle maison. Ces instants font office de transitions, mais permettent aussi de faire évoluer les liens entre les personnages. Tous s’influencent, volontairement ou non. Et c’est cette dynamique relationnelle qui s’avère être l’un des aspects les plus riches du film. Cependant, Les Indomptés souffre d’un léger problème de rythme. Certaines scènes redondantes ralentissent la progression de l’intrigue. De plus, l’équilibre entre les deux histoires est parfois précaire, même si le passage de l’une à l’autre se fait sans heurt.

image will poulter les indomptés
Copyright Metropolitan FilmExport

Un écrin imparfait pour une fresque sensible

Sur le plan technique, le constat est mitigé. La reconstitution des années 50-60 est remarquable grâce à une superbe direction artistique (coiffures, costumes, décors). Daniel Minahan signe une mise en scène classique, avec ses qualités comme ses défauts : il suit avec justesse ses acteurs et met bien en scène les séquences de sexe où il met sur un pied d’égalité hétérosexualité, homosexualité masculine et féminine. Une bonne initiative. Malheureusement, quelques faux raccords assez visibles viennent entacher l’ensemble. Tout comme la réutilisation de certains plans (notamment dans les scènes de sexe), censée donner l’illusion de séquences différentes, sans parvenir à tromper le spectateur.

Comme mentionné plus haut, le rythme est sans doute le problème principal. Le film aurait gagné à être allégé d’une bonne dizaine de minutes pour davantage d’efficacité. Enfin, la musique de Mark Orton accompagne le film avec sobriété. Sans être transcendante, elle souligne efficacement les passages clés et contribue à l’immersion dans l’époque.

Malgré ses quelques défauts, Les Indomptés reste un petit film qui mérite le détour, autant pour ses thèmes forts, la qualité de sa reconstitution historique, que pour les remarquables prestations de Daisy Edgar-Jones et Jacob Elordi. Une fresque intime et sensible sur l’amour, la liberté et le poids des conventions.

Article écrit par

Adore le cinéma en général, que ce soit les gros blockbusters ou les plus petits films, les séries TV et les jeux vidéo. Il réalise de nombreux tests de blu-ray et films en UHD 4K et couvre l'actualité cinématographique en salles.

Et maintenant, on fait quoi ?

L'équipe de Culturellement Vôtre vous remercie pour vos visites toujours plus nombreuses, votre lecture attentive, vos encouragements, vos commentaires (en hausses) et vos remarques toujours bienvenues. Si vous aimez le site, vous pouvez nous suivre et contribuer : Culturellement Vôtre serait resté un simple blog personnel sans vous ! Alors, pourquoi en rester là ?

+1 On partage, on commente

Et pour les commentaires, c'est en bas que ça se passe !

+2 On lit d'autres articles

Vous pouvez lire aussi d'autres articles de .

+3 On rejoint la communauté

Vous pouvez suivre Culturellement Vôtre sur Facebook et Twitter (on n'a pas payé 8 euros par mois pour être certifiés, mais c'est bien nous).

+4 On contribue en faisant un don, ou par son talent

Culturellement Vôtre existe grâce à vos lectures et à l'investissement des membres de l'association à but non lucratif loi 1901 qui porte ce projet. Faites un don sur Tipeee pour que continue l'aventure d'un site culturel gratuit de qualité. Vous pouvez aussi proposer des articles ou contribuer au développement du site par d'autres talents.

S’abonner
Notification pour

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x