Symbole absolu de l’architecture gothique, la cathédrale Notre-Dame de Paris demeure l’un des édifices les plus emblématiques de France. C’est à cette figure séculaire que rend hommage La Dame de Pierre, spectacle conçu par Corentin Stemler – ancien bénévole au Puy du Fou – et porté par une bande originale signée Richard Liégeois, déjà compositeur pour les grandes productions du parc vendéen. Présentée au Palais des Congrès, cette fresque musicale et historique entend donner vie à l’histoire du monument et retracer, en chansons et en images, plusieurs siècles d’une épopée qui a façonné Paris.
Une fresque monumentale
Née dans l’émotion du 15 avril 2019, soir de l’incendie de Notre-Dame, La Dame de Pierre est l’œuvre de Corentin Stemler, touché comme beaucoup par la détresse des Parisiens face aux flammes. Le spectacle reprend ce moment comme point de départ : deux personnages assis devant la cathédrale deviennent les guides d’un voyage à travers les siècles, retraçant les grandes étapes de l’histoire du monument, de la pose de sa première pierre en 1163 à sa résurrection après le drame récent.
Avec ses 60 artistes sur scène, ses 24 musiques originales et ses centaines de costumes et accessoires, La Dame de Pierre revendique une ambition spectaculaire. Plus de 18 000 spectateurs ont déjà découvert cette fresque qui, au-delà de la performance scénique, se veut un hommage vibrant au patrimoine français et à la place singulière de Notre-Dame dans la mémoire collective, figure tutélaire et « protectrice des hommes » qui veille sur Paris depuis plus de huit siècles.
Retour sur l’histoire de Notre-Dame
De la première pierre posée sous l’impulsion de Maurice de Sully à l’incendie tragique de 2019, le spectacle déroule l’histoire foisonnante de Notre-Dame de Paris. Corentin Stemler convoque sur scène les figures marquantes qui ont jalonné son destin : Louis IX déposant la Couronne d’épines, Louis XIII et sa Pietà, Victor Hugo popularisant ses héros, Viollet-le-Duc restaurant la cathédrale détruite après la Révolution, et même le général de Gaulle célébrant la Libération. Chacun de ces épisodes, incarné par ces personnages illustres, souligne combien la cathédrale est indissociable de l’histoire de France.
Durant près d’une heure et demie, les spectateurs sont entraînés dans une succession de tableaux : chantiers bruyants animés par artisans et bâtisseurs, fêtes populaires sur le parvis, scènes de couronnement et de destruction, puis l’émotion de l’incendie et de la restauration, mise en scène au moyen de vidéos d’archives. Le fil narratif est assuré par les deux jeunes personnages qui traversent les siècles et commentent les événements, parfois soutenus par des extraits chantés qui ancrent chaque séquence dans son époque.
Grandeurs et limites d’un spectacle monumental
La scénographie frappe d’emblée par sa monumentalité. Une façade de près de dix mètres, représentant les trois portails de Notre-Dame, se transforme grâce aux projections et aux jeux de lumières, tantôt en extérieur flamboyant, tantôt en nef intérieure. Ces effets rappellent les illuminations de cathédrales comme Beauvais ou Amiens, et offrent une immersion spectaculaire, tout comme les costumes, somptueux et variés, changeant selon les époques. Enregistrée par un orchestre symphonique, la musique, à la fois épique et solennelle, accompagne chaque tableau avec puissance, même si l’absence de live peut laisser un léger goût d’inachevé.
Le spectacle, porté par l’énergie d’une troupe nombreuse et des moyens scéniques impressionnants, brille particulièrement dans ses scènes collectives, mais l’ensemble souffre aussi de quelques faiblesses : une narration parfois monotone, quelques passages larmoyants et un manque de rythme lorsque la scène se réduit à un ou deux interprètes. L’insistance religieuse, très marquée, confère une dimension spirituelle forte mais pourra laisser de côté les spectateurs plus intéressés par l’approche patrimoniale et historique.
Avec son ambition visuelle et musicale, La Dame de Pierre réussit à transmettre la grandeur et l’émotion attachées à Notre-Dame, malgré quelques faiblesses de rythme et une approche religieuse appuyée. Un spectacle d’ampleur, sincère dans son hommage, qui trouvera son public parmi ceux que l’histoire et la symbolique de la cathédrale continuent d’émouvoir.