Caractéristiques
- Titre : Running Man
- Titre original : The Running Man
- Réalisateur(s) : Edgar Wright
- Avec : Glen Powell, William H. Macy, Lee Pace, Emilia Jones, Michael Cera, Daniel Ezra, Jayme Lawson, Colman Domingo et Josh Brolin.
- Distributeur : Paramount Pictures France
- Genre : Action, Science Fiction, Thriller
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 133 minute
- Date de sortie : 19 novembre 2025
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- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Nouveau long-métrage co-écrit et réalisé par Edgar Wright (Baby Driver, Last Night in Soho) et nouvelle adaptation du roman éponyme de Stephen King, Running Man se déroule dans un futur proche. The Running Man est l’émission numéro un à la télévision : un jeu de survie impitoyable où des candidats, appelés les Runners, doivent échapper pendant 30 jours à des tueurs professionnels, sous l’œil avide d’un public captivé. Chaque jour passé augmente la récompense à la clé — et procure une dose d’adrénaline toujours plus intense.
Ben Richards, ouvrier désespéré prêt à tout pour sauver sa fille gravement malade, accepte l’impensable : participer à ce show mortel, poussé par Dan Killian, son producteur aussi charismatique que cruel. Mais personne n’avait prévu que Ben, par sa rage de vivre, son instinct et sa détermination, devienne un véritable héros du peuple… et une menace pour tout le système. Alors que les audiences explosent, le danger monte d’un cran. Ben devra affronter bien plus que les Hunters : il devra faire face à un pays entier accro à le voir tomber.
Une course mortelle à travers le pays
Mais quelle idée de réadapter Running Man en film ! Certes, le long-métrage de 1987 avec Arnold Schwarzenegger n’était pas un chef-d’œuvre, mais il offrait des moments fun et gore. Alors, que nous propose Edgar Wright avec cette nouvelle adaptation ? Ben Richards (Glen Powell, qui confirme ici qu’il peut être un excellent premier rôle) va se retrouver à participer à l’émission la plus regardée des États-Unis pour sauver sa fille. Un risque qu’il prend car il n’a plus le choix : après avoir tenté de dénoncer les agissements de la société qui dirige désormais le pays, il se retrouve blacklisté et incapable de retrouver un emploi. Participer à cette émission mortelle — qu’aucun candidat n’a jamais remportée — devient alors son dernier recours.
Le principe : survivre 30 jours, non pas dans une arène, mais à travers tout le pays. Plus il survit, plus il gagne d’argent. Plus il tue de “Hunters” (les chasseurs de l’émission), plus la somme augmente. Et s’il parvient à tenir un mois, il empoche un milliard de dollars. Évidemment, pour impliquer le public, ceux qui dénoncent les “runners” peuvent eux aussi gagner de l’argent. De quoi transformer chaque rencontre en menace potentielle. Les règles étant posées, Wright plonge directement le spectateur dans l’action. Entre déguisements, affrontements et rencontres fortuites, les scènes d’action, variées et jamais répétitives, offrent — comme souvent chez le réalisateur — une bonne dose d’adrénaline, relevée par un humour bienvenu qui renforce le plaisir de visionnage. De ce point de vue, Running Man est une réussite : on ne s’ennuie pas une seconde.

Une satire sociale efficace
Le film se déroulant dans un futur proche, Wright s’amuse avec des technologies crédibles et inventives : drones postaux, smartphones connectés à l’émission, caméras volantes… mais surtout une utilisation percutante de l’intelligence artificielle. Chaque runner (ils sont trois par émission) doit poster une vidéo quotidienne via une sorte de service postal. La production peut alors les manipuler, modifiant leurs discours pour influencer le public. C’est ici que la satire sociale prend toute son ampleur. Le simple fait que les États-Unis soient dirigés par une entreprise donne le ton. Dans ce monde, toute critique du système fait de vous un paria. Les pauvres vivent séparés des riches par un mur, étroitement surveillé. Si une partie de la population traque les runners pour l’argent, une autre, consciente que le jeu est truqué, veut voir Ben gagner.
Au-delà du divertissement, le film pose ainsi la question de la révolte : Ben devient la mèche susceptible d’enflammer une révolution. Il va apprendre à jouer avec les règles pour défier un système corrompu dès le départ. Les trois runners incarnent des archétypes bien choisis : Ben, le survivant pragmatique ; un geek trop sûr de lui, persuadé de pouvoir déjouer le système ; et une fêtarde inconsciente, vivant à fond ses derniers instants. Des figures qui reflètent à la fois la mécanique du jeu et la diversité des rapports à la mort. Le tout est orchestré par Dan Killian (le toujours excellent Josh Brolin), producteur cynique prêt à tout pour faire grimper l’audience, quitte à trafiquer les règles.

Une mise en scène solide
Si le divertissement et la critique sociale fonctionnent, la mise en scène d’Edgar Wright se montre tout aussi solide. Certes, on est un cran en dessous de la virtuosité formelle de Baby Driver ou Scott Pilgrim, et certaines séquences d’action semblent plus complexes à maîtriser pour lui. Mais le cinéaste livre un travail propre et efficace, soutenu par un rythme impeccable — l’une de ses grandes forces — qui maintient l’intérêt du spectateur durant près de deux heures. Ne vous attendez pas à un déluge de sang : s’il y en a, on est loin du film de 1987. La musique, toujours essentielle dans le cinéma de Wright, accompagne bien l’action, même si elle se révèle parfois un peu trop générique. Enfin, costumes, décors et effets spéciaux sont de très bonne facture et contribuent à la crédibilité de cet univers futuriste proche.
En somme, sans atteindre les sommets de ses précédents films, Edgar Wright signe avec Running Man une réinvention pertinente et percutante du roman de Stephen King. Plus proche de la dystopie que du simple film d’action, cette version moderne mêle critique sociale et pur divertissement avec une belle énergie. Ce n’est pas son meilleur film, mais un spectacle efficace, rythmé et intelligemment mis en scène, qui confirme encore une fois tout le savoir-faire du réalisateur britannique.




