Caractéristiques
- Test effectué sur : Playstation 4
- Genre : Infiltration
- Éditeur : Focus Home Interactive
- Développeur : Cyanide Studio
- Sortie : 14 mars 2017
Test
Si vous appréciez les jeux d’infiltration, ainsi que les belles histoires, Styx : Master Of Shadows a certainement dû vous marquer autant que nous. Rendant justice à Cyanide Studio après un Of Orcs And Men étrangement passé inaperçu malgré pas mal de qualités, l’aventure du gobelin nous rappelait que cet univers était bel et bien fonctionnel. Si les différents tests soulignaient déjà ses qualités, il a tout de même fallu attendre que le titre fasse partie de l’offre Playstation Plus de juillet 2015, qui a signé l’explosion populaire de ce qui, depuis, est devenu une licence à part entière. La suite tant attendue, intitulée Styx : Shards Of Darkness, amoureusement couvée par l’éditeur Focus Home Interactive (Divinity : Original Sin Enhanced Edition, Blood Bowl 2) est dorénavant disponible, et le constat est clair : on prend les mêmes, mais on recommence en mieux.
Histoire : 4/5
C’est le seul léger bémol que l’on peut formuler à l’avancée significative que constitue Styx : Shards Of Darkness. Le scénario n’est pas spécialement décevant, écrivons plutôt qu’il aurait peut-être gagné en évitant certaines redondances humoristique, même si là encore des efforts ont été effectués notamment sur le développement de l’univers. On retrouve notre gredin de gobelin à Thoben, alors qu’il détrousse tout ce qui bouge dans le plus grand des calmes. C’est alors qu’il est contacté par Helledryn, qui n’est pas n’importe qui : elle a en charge une équipe en charge de liquider… les gobelins. Un contrat contre-nature donc, mais au but alléchant pour Styx : voler le sceptre de l’ambassadeur humain du coin contre de l’Ambre à foison. Seulement, tout va très vite se compliquer et les masques, une fois tombés, dévoileront une intrigue faite de trahisons et de complots.
Vous l’aurez remarqué, le récit de Styx : Shards Of Darkness est tout de même plus fourni que celui de la précédente itération. Il est indéniable qu’on sent beaucoup plus, et surtout beaucoup mieux, une écriture loin d’être anecdotique : Cyanide Studio maîtrise les rouages de leur univers, et ne l’utilise plus comme une vulgaire toile de fond. En cela, l’histoire provoque une avancée significative par rapport à son prédécesseur, seulement il est aussi assez indéniable que l’ensemble pèche par un trop-plein d’humour parfois un peu handicapant pour l’immersion. L’intrigue en elle-même est plaisante, et se suit sans peine, mais peut-être que certaines répliques de Styx sont légèrement too much à quelques occasions. L’anti-héros brise régulièrement le quatrième mur, ce qui n’est pas désagréable en soi mais peut se faire sentir comme une volonté envahissante, notamment quand on est entrain d’élaborer un plan machiavélique.
Mais ce serait chipoter que d’en vouloir à Styx : Shards Of Darkness pour son trop-plein d’envie de bien faire. Cyanide Studio prend à bras-le-corps l’une des remontrances qu’ont formulé les fans du premier jeu, et on ne peut nier que l’emballage scénaristique est bien plus plaisant. Le récit n’est pas le seul à influer sur cette bonne impression, le fait de beaucoup plus voyager dans cette univers est aussi une source de développement de celui-ci. Terminé l’unique décors du grand-frère vidéoludique, ici Styx voit son périple lui donner à visiter des environnements à la fois surprenants et rafraîchissants. On pense évidemment à ce gigantesque dirigeable, qui offre d’ailleurs tout le confort pour que le joueur puisse profiter des nouvelles features. Styx : Shards Of Darkness réussit, donc, à nous rendre la licence plus familière, en ouvrant le champ de vision sur un monde fantastique qui, décidément, n’est pas dénué de forces.
Gameplay : 4/5
Là encore, Cyanide prouve à quel point il est un studio à l’écoute des joueurs. Styx : Shards Of Darkness corrige des lacunes qui, il faut bien l’écrire, handicapaient le précédent épisode au point de rendre certains passages un peu délicats. On pense évidemment aux fameux sauts afin de changer de bord de corniche, une petite aberration qu’on voulait absolument voir être réparée avec cette suite. Souriez, car c’est le cas, et ce n’est pas la seule amélioration, loin de là. Précisons aux nouveaux venus, avant d’aller plus en avant, que Styx : Shards Of Darkness est un pur jeu d’infiltration. Votre avatar est une véritable quiche lorraine au corps-à-corps, heureusement il redouble d’ingéniosité afin de se mouvoir dans l’ombre. Les stratagèmes à la disposition du joueur sont nombreux, mais le plus efficace est sans aucun doute ce double, créé par vomissement (vous avez bien lu), qui permet de partir en reconnaissance de manière plus sécurisée.
Styx : Shards Of Darkness est plus agréable à prendre en mains, plus complet et équilibré. Plus malin aussi, en donnant de suite l’accès à certaines capacités sans passer par l’arbre de compétence. Celui-ci est, heureusement, toujours de la partie mais de manière beaucoup moins brute que précédemment. Mieux structuré (ouf !), mais aussi plus garni en possibilités, ce menu d’améliorations offre assez de choix pour que chaque joueur puisse y trouver le cheminement évolutif idoine à un style de jeu personnalisé. Autre grosse satisfaction, mais cette fois-ci sortie totalement de sous le chapeau de Cyanide Studio : le crafting débarque dans Styx : Shards Of Darkness, et d’une fort belle manière. En effet, cette mécanique pousse sans cesse le joueur à explorer les environs, à la recherche d’éléments à rassembler autour d’une des tables de construction disposées ici ou là. Et croyez-nous, vous allez aimer la possibilité de confectionner vos propres potions de soin, surtout dans les niveaux de difficulté élevés (quatre sont disponibles).
Les déplacements ont aussi fait l’objet d’un certain focus de la part de Cyanide Studio. Terminés les sauts peu lisibles, d’ailleurs la caméra nous a semblé beaucoup mieux gérée dans son ensemble. Tout est fait pour que le gamer puisse profiter de niveaux tout simplement splendides dans leur volonté de jouer sur la verticalité, offrant ainsi tout le confort afin de développer ruses et débrouillardises. Aussi, saluons la nouveauté que représente la possibilité de se déplacer sur des cordes, offrant des techniques d’approche encore renouvelées. On ne peut pas aborder le gameplay de Styx : Shards Of Darkness sans toucher quelques mots à propos de l’intelligence artificielle, si importante dans un soft d’infiltration. Si le champ de vision des ennemis a été agrandi, on pourra peut-être regretter la trop grande faculté de certain à suivre notre avatar à la trace, créant à certains moment un peu de frustration. Mais, là encore, l’amélioration est palpable : moins permissif, plus de cas de figure aussi. Enfin, signalons que les amateurs de récompenses de fin de mission seront aux anges, car dorénavant ces objectifs sont multipliés par la graduation bronze, argent et or.
Technique et ambiance sonore : 4/5
Si Styx : Shards Of Darkness n’est pas encore un foudre guerre technique, notamment dans ses textures au sol, il est tout de même savoureux de constater, là encore, les progrès réalisés. La profondeur de champ est plus appuyée que précédemment, et surtout les environnement profitent d’un Unreal Engine 4 permettant des jeux de lumières d’un niveau inatteignable dans la précédente itération. Les animations ont aussi fait un bond en avant notable. Moins raides, plus coordonnées, bien plus fluides globalement. Enfin, comment ne pas souligner le travail de Cyanide Studio côté direction artistique, qui rend encore une copie qualitativement irréprochable ? Sombres, voire même glauques sur certains passages, et habités par des éléments de décors soignés au possible, les environnements laissent de bons souvenirs.
Tout comme pour Master Of Shadows, la bande originale de Styx : Shards Of Darkness est assurée par Henri-Pierre Pellegrin. Si le Main Theme est un chouïa peu moins mémorable que celui du précédent épisode, l’artiste est toujours aussi bon dans la gestion des instruments à cordes, et les sonorités s’accordent idéalement aux situations. Pareillement, on se doit de souligner la bonne facture du doublage (en anglais, sous-titré français).
Durée de vie : 4/5
Le premier run se boucle en plus ou moins vingt heures de jeu, ce qui est plus qu’honorable pour un soft d’infiltration. Seulement, à cela il faut ajouter que Styx : Shards Of Darkness déploie assez de possibilités pour favoriser une sacrée rejouabilité. Aussi, l’arrivée d’un mode coopératif, simple et amusant, poussera à multiplier les runs. Une grosse durée de vie donc, d’autant que les secrets à dégoter sont du genre nombreux…
Note finale : 16/20
On savait Master Of Shadows bon mais perfectible, et visiblement Cyanide Studio en était carrément convaincu. Styx : Shards Of Darkness corrige énormément des imperfections de son prédécesseurs, et ose même agrémenter l’expérience de quelques nouveautés bienvenues. Jeu d’infiltration qui mise énormément sur son level design très inspiré, le soft va bel et bien au-delà des promesses formulées. Meilleur, il l’est, et ce malgré un humour pas toujours pertinent, mais le titre peut désormais figurer parmi les réussites très agréables du genre.