Caractéristiques
- Titre : American Assassin
- Réalisateur(s) : Michael Cuesta
- Avec : Dylan O'Brien, Michael Keaton, Taylor Kitsch, Scott Adkins, Sanaa Lathan, David Suchet
- Distributeur : Metropolitan Filmexport
- Genre : Action
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 105 minutes
- Date de sortie : 20 septembre 2017
- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Une nouvelle franchise d’action vient de naître
Aborder American Assassin, c’est tout d’abord se rappeler de Vince Flynn, auteur de thrillers très portés sur la technologie et la géo-politique, et récemment mort d’un cancer de la prostate. Connu pour son poste de consultant sur la série 24 heures chrono, l’auteur a laissé derrière lui gros lègue à la littérature. C’est bien entendu la série Mitch Rapp, laquelle met en scène un agent de la CIA dans le genre dépressif, et qui agit dans le contre-terrorisme à la limite de la légalité. Longtemps passée de mains en mains avant que Michael Cuesta (Secret d’État) ne s’en empare (côté réalisation, furent évoqués : Antoine Fuqua, Edward Zwick et Jeffrey Nachnmanoff), le projet d’adaptation au cinéma est désormais en passe de débarquer dans nos salles obscures.
Mitch Rapp est une nouvelle recrue de la CIA. Dévasté par la mort de sa petite amie lors d’un attentat, il est pris sous l’aile d’un vétéran de la Guerre froide qui lui fait subir un rude entraînement pour contrecarrer les attaques terroristes et traquer les criminels. Les deux hommes vont devoir collaborer avec un agent turc afin d’arrêter un dangereux terroriste qui souhaite déclencher une guerre au Moyen-Orient.
American Assassin adapte l’avant-dernier ouvrage de la série littéraire Mitch Rapp, sorti en 2010, et ce n’est pas un hasard. Il s’agit en fait d’un préquel, un choix parfait pour bien lancer une nouvelle franchise d’action, alors qu’actuellement on constate une baisse de régime chez les cadors du genre (Jason Bourne et compagnie). Et dès le début, on sait exactement tout ce que ce nouveau-venu va nous offrir : de l’action très percutante, voire carrément violente, marinée dans une sauce relevée au terrorisme vu par une bonne partie des américains. Déjà, on entend certaines dents grincer, et pourtant nous faisons partie de celles et ceux qui comprennent cette volonté de voir les choses en face. Oui, les attentats sont bien souvent guidés par une main demeurant au Moyen-Orient. Et après ? Le principal est que le film ne globalise aucunement sa vision du terrorisme, laquelle se veut directe, sans concession, et sans trop de réflexion sur les causes. Jamais les fous furieux ne sont confondus avec la population, et il faudrait être d’une sacrée mauvaise foi pour ne pas le capter.
Un film d’espionnage efficace, rythmé, mais pas dénués de petits défauts
American Assassin installe un contexte, et y développe une intrigue de film d’espionnage efficace, même si quelques regrets pourront être ressentis. Au rayons de ces derniers, la structure est parfois un peu trop décousue, alors même que le rythme demeure soutenu. En résulte une impression un peu étrange sur quelques passages précis, comme si certains éléments avaient du mal à bien imprimer notre mémoire. Mais cette remontrance ne doit pas éclabousser l’ensemble de l’œuvre, qui regorge de bons moments, divertissants en diable. L’introduction est du genre à marquer durablement, l’entraînement de Mitch Rapp, campé par Dylan O’Brien fait très « over the top » (non, rien à voir avec le Stallone) mais créée l’une des belles satisfactions de l’ensemble : la relation entre le personnage principal et son supérieur. Lequel deviendra son mentor, incarné par Michael Keaton, toujours impressionnant dans sa gestion du cabotinage. Le maître va pousser sa recrue dans ses derniers retranchements, en faire une bête de terrain, au risque de le couper de son for intérieur, et de ce qu’il a de plus précieux.
American Assassin ne fait pas dans la dentelle, on a en tête une séquence de torture pas piquée des hannetons, avec arrachage d’ongles et tout le toutim. D’ailleurs, il faut signaler que la violence est omniprésente et graphique. Heureusement, est-on tenté de penser, car dès que l’intrigue s’accorde quelques moments de répit, l’œuvre s’emmêle un peu les pinceaux, notamment à l’occasion d’un début d’histoire d’amour dont on se serait bien passé, même si sa conclusion sert au développement du personnage. Au final, le film se regarde pour ce qu’il est : une bonne série B d’action, qui aurait sans doute gagnée à se trouver un fond plus prégnant, mais qui assure un spectacle suffisant pour que le public passe un bon moment. Et l’on espère que le succès sera au rendez-vous, afin de découvrir un peu plus cet univers qui ne prend pas de pincettes.