Le public l’a découverte en 1999 au sein du groupe trip-hop MIG. Elle y chantait en arabe, anglais et français. Un mélange singulier, hors de tout clivage, qui valut une belle reconnaissance à ces grenoblois. Le succès fut certes relativement confidentiel mais le groupe assura néanmoins la première partie de Sinsemilia, The Cranberries ou Dyonisos et se fit ainsi connaître de la scène électronique française.
Lorsqu’au terme d’un deuxième album MIG se sépare, Djazia Satour décide de voler de ses propres ailes, passe dix-huit mois à écrire des chansons et les rôde sur scène avant de sortir un premier E.P. de 6 titres, Klami, en novembre dernier. Actuellement en tournée, elle se produisait jeudi dernier en duo acoustique au Transbordeur de Lyon, en 1ère partie de la chanteuse nigériane Asa. Je ne connaissais rien de Djazia Satour deux semaines auparavant (j’avais vu, plus tôt dans l’année, une photo promotionnelle, sans me rappeler de son nom) et c’est suite à une invitation que je me suis rendue au concert. J’adresse donc un grand merci à Damien car j’ai vraiment été charmée par la musique et la prestation de cette artiste singulière.
Une artiste inclassable
Très simple et souriante, elle a interprété une poignée de chansons aux styles variés, accompagnée pour l’occasion d’un guitariste lyonnais. Sur une majorité de vidéos trouvées sur You Tube, que j’avais visionnées pour me familiariser avec sa musique, elle était accompagnée de plusieurs musiciens, donnant lieu à des performances enthousiasmantes mais à l’énergie totalement différente. J’ai donc été surprise et charmée de la découvrir dans un cadre aussi intimiste, les accords épurés à la guitare constituant un bel écrin pour ses chansons.
Parlons des chansons justement : alternant titres en arabe et en anglais, son répertoire puise son inspiration dans des influences variées, allant du chant traditionnel arabe (le chaâbi) au nu soul en passant par le blues. On retrouve même de ci de là des sonorités un peu country, un peu jazzy. On aurait donc du mal à mettre Djazia Satour dans une quelconque boîte et c’est tant mieux. Née en Algérie en 1980 et arrivée en France au début des années 90, elle a grandi en écoutant de l’opéra et la pop des Beatles autant que les chants traditionnels arabes. La question de la diversité musicale ne s’est semble-t-il jamais posée à elle, s’est sans doute imposée comme une évidence. Pour moi qui suis friande de musique
anglo-saxonne (pop, rock, folk, blues, soul…) mais connaît très peu la musique orientale, ormis celle des quelques chanteurs de variétés/raï connus en France, Djazia Satour est donc une très belle découverte.
Performance intimiste devant un public charmé
Assise sur un tabouret ou debout face au micro, la chanteuse a offert au public lyonnais une performance aussi intimiste que chaleureuse, faisant preuve d’un joli charisme. Elle a terminé son set par une très belle reprise de « Illinois Blues » de Skip James, dont elle a souligné les origines africaines. Ce morceau, composé au début des années 20, racontait la vie modeste des ouvriers afro-américains et leur difficulté à s’intégrer. C’est donc à regrets que cette première partie, trop courte (30mn maximum, sûrement moins) s’est achevée.
Bien que peu de personnes du public, venues voir principalement Asa, étaient familiers de Djazia Satour, on pouvait sentir un véritable enthousiasme dans la salle. Outre le talent de cette dernière, cela est sans doute dû au fait que le choix de cette première partie était musicalement pertinent, même si les deux chanteuses ont chacune un univers qui leur est propre. Avant l’arrivée d’Asa sur scène, j’ai même pu entendre certaines personnes dire qu’elles allaient conseiller la musique de Djazia Satour à des
proches. Ajoutez à cela qu’elle vient de remporter le prix Fair 2011 qui soutient de nouveaux jeunes artistes français et que des radios telles que France Inter commencent à s’y intéresser, on a donc de bonnes chances d’espérer la sortie prochaine d’un album complet, que j’attends pour ma part de pied ferme.
Asa met le feu au Transbordeur
Quelques mots sur le concert d’Asa maintenant ! Je connaissais bien sûr le nom de cette chanteuse, très célèbre depuis trois ans maintenant, mais j’étais toujours un peu passée à côté de sa musique. J’avais entendu 2-3 titres, vu sans doute un ou deux clips et j’avais pu l’apercevoir quelques émissions mais je n’avais pas plus accroché que ça et n’avais pas eu la curiosité, jusque-là, d’écouter un de ses albums en entier. Je la classais un peu (à tort) dans la catégorie des chanteuses folk/world à la musique agréable et relaxante, un peu à l’image de la pop jazzy très lounge de Norah Jones. En gros, j’aimais bien mais pour moi, il s’agissait plus de musique à passer en fond sonore pendant qu’on est plongé dans un bouquin, quelque chose de beau mais un peu lisse.
Qu’elle n’a donc pas été ma surprise lorsque j’ai vu débarquer sur scène cette jeune femme vêtue de jaune et noir, cheveux relevés sur la tête en chignon et faisant preuve d’une énergie étonnante ! Elle était tellement différente de la discrète chanteuse à lunettes aux cheveux tressés que j’avais pu apercevoir un ou deux ans auparavant que j’ai presque eu du mal à la reconnaître.
Interprétant les titres de son second opus, Beautiful Imperfection, sorti en octobre dernier et des chansons de son premier album éponyme, elle a démarré le show de manière très rythmée, dansant et chantant avec le charisme et l’assurance d’une diva soul. Les fans, chauffés dès le départ, étaient ravis et j’ai eu le plaisir de découvrir une autre dimension de cette artiste que je ne connaissais que trop peu. Si je ne passerais peut-être pas sa musique en boucle, je suis sortie de ce concert véritablement charmée par sa performance, avec l’envie d’écouter dans leur intégralité ses deux premiers albums.
Ce fut donc une belle soirée de découvertes que je ne regrette absolument pas ! Découvrez les autres photos du concert ici.