Caractéristiques
- Auteur : Ariane Bois
- Editeur : Belfond
- Collection : Pointillés
- Date de sortie en librairies : 14 janvier 2021
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 256
- Prix : 19 €
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- Note : 8/10 par 1 critique
Une fresque romanesque inspirée d’événements historiques
Le 13 septembre 1916 à Erwin dans l’état du Tennessee aux États-Unis, l’éléphante de cirque Mary fut exécutée en public par pendaison après avoir tué un dresseur. Son corps, suspendu à une grue, fut photographié et diffusé dans la presse et marqua les esprits. Ariane Bois s’est inspirée de ce tragique fait divers, représentatif de l’exploitation et de la cruauté envers les animaux, pour imaginer cette très belle fresque historique romanesque.
L’amour au temps des éléphants, publié au sein de la très belle collection Pointillés des éditions Belfond prend la mise à mort de l’éléphante Mary comme point de départ d’une intrigue qui s’étend jusqu’aux Années Folles et embarque le lecteur du Sud des Etats-Unis jusqu’aux paysages sublimes de l’Afrique du Sud, en passant par les champs de bataille français pendant la Première Guerre Mondiale et les clubs de jazz parisiens.
Les trois héros, Arabella, Jeremy et Kid, se croisent à Erwin autour du triste sort de Mary avant que le destin ne les réunisse quelques années plus tard à Paris. Leur expérience de la guerre et leur amour des éléphants scellera leur complicité. Arabella l’ancienne infirmière et Jeremy le reporter de guerre tombent éperdument amoureux et se lient d’amitié avec Kid, jeune homme afro-américain qui a fui son Sud natal et combattu en France aux côtés des Harlem Hellfighters. Lorsque Arabella décide de libérer un éléphanteau d’un cirque pour le ramener en Afrique, les deux hommes l’aident à mettre au point un plan qui changera leurs vies à jamais.
Un roman touchant porté par des personnages forts
Ce septième roman de l’écrivaine et journaliste Ariane Bois brille dès le départ par sa dimension romanesque et son contexte historique, qui le placent quelque part entre Les racines du ciel de Romain Gary, La ferme africaine de Karen Blixen et De l’eau pour les éléphants de Sara Gruen. On y croise plusieurs figures historiques, parfois méconnues (les sœurs Cromwell, Jim Europe…) et on sent que l’auteure s’est documentée avec soin sur la période et les faits évoqués, contribuant ainsi à tisser une reconstitution crédible de cette époque et à nous plonger avec le même brio dans les différentes ambiances des lieux dépeints.
La relation entre les trois protagonistes reste cependant au centre du roman et lui apporte toute sa sève. On se laisse emporter par leur histoire et on est d’autant plus touchés que l’on voit les événements historiques et fictifs à travers leurs yeux, le roman alternant entre leurs différents points de vue d’un chapitre à l’autre.
Ariane Bois s’est inspirée d’une certaine tradition romanesque, qu’elle s’approprie ici de manière personnelle. Les personnages se rencontrent, sont séparés puis réunis par un hasard qui ne peut apparaître que comme la main du destin et pourtant, l’écrivaine ne sombre jamais dans le pathos ni la facilité. Ses héros sont à la fois attachants et faillibles – notamment Jeremy, le journaliste hanté par les horreurs de la guerre malgré le soutien de sa compagne.
La complicité de ces expatriés issus de milieux fort différents constitue le cœur battant du roman, auquel il apporte une authentique émotion tout en permettant à l’auteure d’aborder les différents visages de l’Amérique de cette époque. Les différents rebondissements semblent toujours justes et les personnages évoluent de manière toujours crédible.
L’amour au temps des éléphants se révèle ainsi être un très beau roman romanesque, rendant hommage à la bravoure de personnages agissant au nom de la liberté. Porté par un formidable élan de vie, ce récit historique nous fait voyager loin et se lit d’une traite. Les parcours et l’amitié d’Arabella, Kid et Jeremy, réunis par la cause animale et les horreurs de la Première Guerre Mondiale, nous accompagnent longtemps après avoir refermé le livre.