Caractéristiques
- Titre : Leatherface
- Réalisateur(s) : Alexandre Bustillo et Julien Maury
- Avec : Stephen Dorff, Lili Taylor, Sam Strike, Vanessa Grasse, James Bloor, Jessica Madsen, Sam Coleman
- Distributeur : Metropolitan Video
- Genre : Horreur
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 90 minutes
- Date de sortie : 2 janvier 2018 (DVD et BR)
- Note du critique : 3/10 par 1 critique
Production à la tronçonneuse
Quand un festival attendu, comme l’est le PIFFF, dévoile sa programmation, c’est toujours un sentiment festif qui domine. On découvre avec allégresse les films, on fonce sur Youtube pour se plonger dans les trailers, on fouine à la recherche d’informations, on remplit son emploi du temps, et on court acheter des vitamines C. Parfois, on tombe aussi sur un titre bien connu, attendu, voire guetté au tournant pour diverses raisons. Leatherface fait clairement partie de cette catégorie. Autant être clair : le nouvel effort d’Alexandre Bustillo et Julien Maury (duo aux commandes de Livide) est précédé d’une mauvaise réputation. Mais, dans l’affaire, sont encore plus troubles les méthodes pirates de celles et ceux qui décrivaient, des mois avant la sortie française, un ratage complet. Bref, il fallait absolument qu’on se rende compte du résultat par nous même.
Une jeune infirmière est kidnappée par quatre adolescents violents évadés d’un hôpital psychiatrique avant d’être embarquée dans une virée pour l’enfer. Poursuivi par un agent des forces de l’ordre dérangé et avide de vengeance, l’un de ces jeunes aura dès lors une destinée tragique et les horreurs auxquelles il va faire face vont peu à peu le transformer et faire de lui le monstre connu aujourd’hui sous le nom de Leatherface.
Le principal souci de Leatherface n’est pas uniquement imputable à Alexandre Bustillo et Julien Maury. On sent bien que quelque chose cloche dans ce film, notamment dans les deux extrémités du métrage, étrangement gratuites, faciles, et pas du tout satisfaisantes. C’est, d’ailleurs, un problème qui fut validé par l’intervention, à la fin de la projection au PIFF, des deux réalisateurs, afin de nous montrer une ouverture, et une conclusion, toutes les deux alternatives et plus intéressantes. Il y a, donc, de véritables tares de production, que nous ne maitrisons pas assez afin de vous en faire part dans les détails. Elles sont assez fortes pour que l’on puisse imaginer que la vision du duo de réalisateur a pu s’en trouver troublée. Et ça, il ne faut pas en sous-estimer l’impact.
Trop de tares pour en faire autre chose qu’un raté
Une fois qu’on a bien replacé un contexte difficile, il est tout de même hors de question de passer sous silence certains défauts assez terribles. Car Leatherface, au-delà d’une saveur bis plutôt sympathique, ne peut cacher des manques criants, aussi bien dans la forme que dans le fond. En abordant la jeunesse de l’une des figures mythiques de l’horreur, le film se heurte au même souci que la première partie de l’insupportable Halloween de Rob Zombie. Ces monstres, comme Myers, ne gagnent rien à être justifiés, c’est peine perdue que de les expliquer. Sans surprise, le scénario ne parvient pas à nous rendre cet objectif un minimum sympathique, et encore moins effrayant. Pire, l’écriture cherche à créer le doute sur l’identité du tueur, ce qui ne fonctionne absolument pas et créé un véritable bordel à l’écran : on suit les aventures d’un groupe de dégénérés, sans trop comprendre ce qui nous emmène là.
La toute fin donnera tout son sens au titre, mais l’esprit donne plus dans le grand-guignolesque de Massacre à la tronçonneuse 2, ce qui est une bonne idée sur le papier. Mais on n’apprécie guère le rapport à l’arme, pas assez viscéral, et même plutôt petit bras quand on retire les litres d’hémoglobine. Plus haut, on écrivait à propos d’une saveur bis plutôt sympathique. Si l’on oublie qu’on fait face à la genèse d’une légende, Leatherface remplit son quota de séquences sanglantes parfois étrangement gratuites, mais assez rigolotes pour qui aime les effets gores qui tachent les murs. C’est trop peu pour s’en contenter, mais c’est à souligner : Alexandre Bustillo et Julien Maury aiment quand ça gicle, et comme on est plutôt bon public de ce genre d’effet, ça fonctionne. On se raccrochera comme on peut à cette très fragile branche, car ce n’est pas la teneur de ce road movie sans grande saveur, ni le casting très cabotinant, qui nous sauvera d’une certaine léthargie. On souhaite revoir au plus vite les réalisateurs à l’œuvre, sur une production plus saine…