Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Ordinateur/PC
- Xbox One
- Développeur : Funcom
- Editeur : Funcom
- Date de sortie : 8 mai 2018
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 7/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Une base plutôt satisfaisante, qui se bonifiera
Après une longue, très longue période d’accès anticipé, voilà que Conan Exiles débarque en version physique. Rappelons que ce jeu de survie est développé par le studio norvégien Funcom, notamment auteur des jeux d’aventures The Longuest Journey et Dreamfall. Et ce n’est pas la première incursion de ces développeurs dans l’univers du barbare créé par Robert E. Howard : vous vous souvenez sans doute du MMORPG Age of Conan, qui a vu sa condition s’améliorer après des débuts pour le moins chaotiques. Et nous allons voir que le schéma se répète ici, mais à plus petite échelle.
L’histoire de Conan Exiles, c’est avant tout au joueur de se la raconter, de se l’accaparer. Funcom met à votre disposition un contexte, mais quel contexte ! Comme vous l’aurez sagement deviné, le jeu prend place dans l’univers du barbare le plus populaire de la pop culture, et ce n’est pas un choix innocent. Un jeu de survie, dans ce monde si propice à la mort rampante, c’est un atout non négligeable, car il apporte une pertinence de tous les instants. Après avoir finement opté pour un personnage, que vous aurez fabriqué de fond en comble, du pur physique (y compris l’apparence des attributs les plus intimes, si vous faites le choix de les représenter à l’écran) à l’appartenance religieuse, cet avatar se retrouve en bien mauvaise posture. Crucifié au beau milieu du désert, pour des crimes qui posent l’ambiance (on vous en laisse la surprise, surtout que la gamme des délits est très diversifiée), rien ne paraît être en capacité de nous sauver d’une mort certaine. Rien, sauf Conan le Cimmérien lui-même, qui nous décroche et nous laisse seul face à notre destin. Pas sûr qu’il soit plus calme que suspendu à la croix…
Jouable en solo, mais préférez le multi
Si Funcom a voulu nous livrer quelques indices sur les tâches à réaliser afin de survivre, par le biais des missions du Périple, rien d’autre ne viendra réellement construire un quelconque scénario. Il faut insister sur ce point : si vous pensiez que l’univers, le monde d’Hyboria, serait développé par des détails écrits ou démontrés par des cinématiques, l’expérience Conan Exiles comprendra quelques déceptions. Par contre, si vous n’êtes là que pour vos actes via le gameplay, alors le trip pourra s’avérer plus savoureux qu’espéré. Pas de grand antagoniste, mis à part la mort elle-même, que vous tromperez grâce à vos avancées. Sachez que le jeu est jouable en solo, mais il n’est véritablement agréable qu’en compagnie d’autres joueurs. Tout d’abord en raison de son genre, la survie est un plat qui se partage. Mais aussi car la difficulté connaît des pics assez terribles, du moins pour qui a envie de poncer le soft jusqu’au trognon.
Les piliers de Conan Exiles sont constitués autour d’un thème central : le craft. Si votre truc, c’est la cueillette, la découpe du bois, le minage, la collecte d’élément rarissimes au prix de recherches homériques, alors vous serez en bonne compagnie. On va même aller plus loin : si vous ne supportez pas l’idée de construire une foule d’objets, voire de matières premières afin de créer d’autres éléments, eux mêmes indispensable afin de forger une arme, alors vous aurez du mal à bien rentrer dans le jeu. Funcom ne se cache pas, pour le studio la survie passe par le matérialisme, et moins par le combat et autres actions plus vindicatives. Alors, chaque buisson, chaque arbre, chaque rocher va vite devenir un point d’intérêt pour vos yeux intéressés. Vous connaissez le principe : telle brindille et tel morceau de pierre accouchent d’une hache, laquelle découpera du bois pour mieux s’atteler à d’autres outils, armes ou éléments d’habitation. On débute pour ainsi dire à poil, le fondement à l’air. À vous de régler le problème en cueillant de quoi vous confectionner des habits respectables, ce qui formera les débuts d’une fièvre de la construction. Classique certes, on pensera à Portal Knights notamment, mais plutôt efficace.
Du craft en veux-tu, en voilà
C’est sur la longueur que Conan Exiles a un peu plus de mal à convaincre. La cause est heureusement perfectible, grâce aux futures mises à jour : l’équilibre de la difficulté. Alors que les débuts sont agréables, violents mais tout de même un peu bucoliques pourrait-on écrire, les choses se gâtent quand on cherche à se forger des équipements de qualité optimale. Là, il faudra être obligatoirement accompagné d’une équipe, car se rendre au volcan n’est pas une mince affaire. Les ennemis se multiplient comme jamais, et l’intérêt de les abattre n’est que limité, tant le craft ne les impacte pas réellement. C’est cet équilibre qu’il faudra revoir, et nul doute que le studio en est conscient. Ce regret est-il tout à fait disqualifiant ? Non, car il existe des instants que Nathalie Kosciusko-Morizet qualifierait de grâce, et cette fois-ci à raison. Construire sa maison avec des matériaux nobles, développer son confort, acquérir des esclaves : la vie, la vraie.
Conan Exiles s’appuie sur un gros travail de ses développeurs, notamment dans l’élaboration de la map. Le terrain de jeu est effectivement gigantesque, et surtout très diversifié dans ses possibilités. On avait peur de la répétition des secteurs désertiques, ce n’est pas le cas. Ce qui pousse aussi à l’exploration, même désenchantée car sans espoir d’un développement du background. On ne peut nier que Funcom a beaucoup bossé sur le principe même de son titre, au risque de délaisser un peu les à-côtés. Riche idée que de proposer la mécanique des recette à débloquer, mais qu’en est-il des combats pas très glorieux ? On se retrouve à tournoyer autour de la moindre menace, en enchainant les roulades tout en espérant qu’elles nous apportent la protection nécessaire. C’est un peu juste, surtout que l’univers aurait pu se bonifier avec des joutes plus nerveuses.
Un titre qui connaît ses limites techniques
Conan Exiles va jusqu’au bout de sont concept, et c’est une bonne chose. Tous les joueurs n’y gouteront pas, surtout quand ils s’apercevront qu’il n’existe pas de déplacement rapide, enfin pas avant qu’on ne débloque les obélisques. Mais, même avec ceux-ci, il faudra passer du temps à marcher. Donc à faire attention à différentes jauges, comme la faim. Funcom ne pouvait pas se passer de ce genre de mécaniques, primordiales pour renforcer l’aspect survival. Le studio a même eu l’idée de donner aux repas une sorte de rythme, avec des aliments qui peuvent se périmer s’ils restent un peu trop dans votre sacoche. L’aspect un peu RPG est aussi un élément satisfaisant : on développe aussi bien les capacités brutes (force, énergie etc) que les skills. On sent une vraie courbe de progression, tout du long, et ce même si les derniers niveaux sont bien compliqués à atteindre.
Conan Exiles possède aussi la qualité d’un jeu visuellement malin. Si les chutes de framerate sont légion, on est tout de même surpris par certains panoramas. On ne parlera pas de claque technique, loin de là, mais d’une direction artistique consciente des limites de son moteur. En cela, Funcom s’extirpe d’un danger que beaucoup d’autres softs du genre ne savent pas éviter : le soft reste humble, mais ne s’interdit pas quelques poussées vivifiantes. Par contre, on compte énormément de bugs d’affichage, de pathfinding, et autres désagréments qu’un titre de cet ampleur ne peut écarter. Plus problématique, la taille des serveurs. Sachez que vous ne pourrez pas, au total, figurer à plus de quarante sur un de ceux-ci, ce qui pourra quelques problèmes. Et autant vous dire qu’en heure pleine, il est difficile de rejoindre sa partie en cours. Au point que nous avons dû reprendre notre progression en ligne du début, et ce plusieurs fois. Une gageur que le studio devra corriger, parmi d’autres imperfections.
Note : 14/20
Conan Exiles connaît le destin de la plupart des jeux de survie et de craft, à tendance online. Si les qualités sont déjà présentes, avec des bases solides qui justifient la note actuelle, on sent bien que le titre va prochainement évoluer, au fil des mises à jour. Alors certes, si vous voulez attendre que tout soit bien fignolé dans les moindre recoins, il va falloir attendre. Mais au cas où vous êtes en recherche d’un soft qui gâtera votre côté McGyver, avec comme enrobage l’univers solide du Cimmérien, alors il se peut que la pioche vous soit plaisante.