[Test] Toki : un retour classique mais satisfaisant

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Xbox One
    • Nintendo Switch
    • PC
  • Développeur : Philippe Dessoly, Pierre Adane
  • Editeur : Microïds
  • Date de sortie : 6 juin 2019
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Un remake à la hauteur de l’original

image toki
On retrouve tous les passages cultes de Toki.

Eh oui, même les gamers vieillissent. On pensait tous être à l’abri, on refusait d’y croire. Mais si vous avez connu le Toki original, tout comme nous, alors vous devez arborer, plus ou moins fièrement, quelques cheveux blancs. En tout cas, pour ceux qui ont la chance d’encore en avoir. L’autre élément qui vous revient, c’est d’avoir découvert, à l’époque, un jeu aux qualités indéniables. Un véritable classique de la plateforme à forte tendance action, qui a connu son heure de gloire au tout début des années 1990. Presque trente ans plus tard, voilà que le soft revient enfin, après un développement qui ne fut pas de tout repos, entre reports, rumeurs d’annulation et autres rebondissements à déconseiller aux cardiaques. Quelques mois après la version Nintendo Switch, c’est autour de la PlayStation 4, de la Xbox One et du PC de recevoir ce remake. Et le résultat reste satisfaisant.

Tout d’abord, il faut préciser que ce remake de Toki est l’oeuvre de deux anciens de chez Ocean Software (et paf, quelques cheveux blancs de plus), la boîte qui a édité le jeu notamment sur Amiga. Ce duo, composé de Philippe Dessoly et Pierre Adane, ne sera pas inconnu pour qui apprécie les bons jeux de plateforme. En effet, vous les connaissez pour Mr. Nutz, ce soft hyper difficile (dépasser le second niveau était un exploit), mais aussi une belle prouesse technique pour l’époque. Les voilà donc aux commandes de Toki, et force est de constater qu’ils ont cherché à surtout garder intact le titre de base. Ainsi, on retrouve le petit scénario d’époque : Vookimedlo, sorcier vaudou, a enlevé Miho, la petite amie de notre avatar. Ce dernier, au passage, a été transformé en singe. Il va devoir traverser six niveaux, se défaire des sbires du grand vilain, et libérer sa dulcinée.

Du bon gros challenge

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Attention, chaque erreur se paie cash…

Le remake de Toki garde, donc, toutes les qualités de son ainé. On retrouve cette prise en mains sciemment difficile pendant les premiers runs, et ce malgré plusieurs modes de difficulté au choix, de Facile à Très difficile. Un apprentissage rude, mais il faut passer par là pour rouler sur le jeu avec de plus en plus de plaisir. Notre avatar simiesque a la particularité de pouvoir de défendre de deux façons. Tout d’abord, en sautant sur la tête des ennemis, mais ce n’est pas toujours, et même rarement, la bonne solution. Cela servira plutôt à atteindre des items en hauteur. Plus sûr, il faudra utiliser sa capacité à cracher des boules de feu, et ce dans six directions, en comptant les diagonales. Voilà qui donne au soft une saveur action toujours aussi charmante, du moins pour celles et ceux qui apprécient la progression en die and retry. Comprenez par là qu’il va falloir mourir, et pas qu’un peu, pour expérimenter certains passages. D’ailleurs, quel que soit le niveau de challenge opté, sachez que vous mourrez à la moindre collision, au moindre faux pas, sauf si vous portez une protection temporaire.

Tout au long des six niveaux, vous pourrez récupérer des power up, qui impliquerons une plus grande puissance pour votre boule de feu. On pourra même profiter d’une sorte de lance-flamme, assez pratique au corps à corps mais parfois handicapant. Globalement, Toki vous demande une bonne mémoire, mais aussi des réflexes bien acérés. Si le premier niveau se traverse assez aisément (enfin, après quelques essais), les autres peuvent vite devenir bien énervés. Et savoir où se trouvent les améliorations, les vies cachés, devrait vous sauver la mise. Il faut donc faire attention à l’environnement, mais aussi aux patterns des ennemis. Ceux-ci pourront même s’avérer redoutables quand ils meurent, comme cette araignée qui lâche, dans son dernier souffle, des boulettes meurtrières. On décernera la palme du vice à cette sorte de bébé dinosaure, dont les éclats de l’œuf sont une arme redoutable. Sachez, aussi, que les boss ne pourront pas être vaincus simplement en mitraillant le bouton de tir, excepté le tout premier. Il va falloir comprendre les points faibles, les exploiter, mais aussi déjouer des attaques farfelues, comme cette onomatopée à briser d’urgence.

Pas de bonus, mais une technique agréable

image gameplay toki
Les boss répondent évidemment présents au rendez-vous.

Six niveaux, n’est-ce pas un peu court ? Comme signalé plus haut, ce remake de Toki s’attache à nous livrer un jeu fidèle à l’original. Du coup, quand vous aurez poncé le soft, ce qui signifie « ragé dessus pendant quelques temps », il est possible de le boucler en trente minutes. Bon, si c’est votre cas, c’est que vous êtes un dieu du pad, ce qui ne sera pas vérifiable pour tout le monde. Aussi, ne faisons pas l’erreur de limiter l’expérience à un run parfait : pour y parvenir, vous serez passés par pas mal de temps à vous acharner sur le titre. Ce qui déçoit, cependant, c’est le manque de bonus. On aurait apprécié un musée, on ne l’a pas. On apprécie tout de même le jukebox, dont huit musiques du jeu original. Aussi, dans les ajouts, signalons un mode speedrun, jouable dans tous les modes de difficulté. Enfin, on a droit à cinq filtres graphiques, pour les joueurs qui aiment les effets un peu rétro. Entre nous, on a préféré rester sur le rendu normal.

Le remake de Toki était aussi, et peut-être surtout, attendu pour sa technique. Il est indéniable que le jeu réussit son pari du lifting que l’on qualifiera d’authentique. Si la taille des sprites a un peu évoluée, on est tout de même assez frappé par la fidélité au soft d’origine, dans l’esprit en tout cas. Visuellement, le titre a fait un sacré bond en avant : c’est bourré de détails, que ce soit pour le character design ou les décors, et l’on apprécie grandement cette saveur artisanale qui se dégage de la direction artistique. Et ce jusqu’au dernier niveau, c’est bon à préciser pour celles et ceux qui remarquaient, à l’époque, que Mr. Nutz baissait de régime à partir du troisième level. Quant aux musiques, elles sont le fruit du travail de Raphaël Gesqua. Un nom qui parle aux amateurs de bandes originales de jeux vidéo (Fade To Black, Moto Racer), mais aussi de films, puisqu’il a bossé avec Alexandre Bustillo et Julien Maury sur À l’intérieur et Livide. Son travail, ici, est surtout de réorchestrer les compositions d’origine. Entre nous, elles n’étaient pas tops à l’époque, même si ces morceaux font partie du charme de l’original. Ici, on peut au moins éviter de s’arracher les cheveux, et même prendre du plaisir sur certains thèmes.

Note : 14/20

Livrer un bon remake de Toki n’était pas un objectif aisé, et l’éditeur Microïds peut se targuer d’y être parvenu. Certes, on aurait apprécié un enrobage plus commémoratif : l’absence d’un musée et, pourquoi pas, du soft original se font sentir. Mais on parvient à digérer ces absences grâce à un résultat agréable à la prise en mains, et qui ravive des souvenirs délicieux, faits de challenges à surmonter, d’histoires clairement détendues, et de directions artistiques de suite mémorables. De quoi s’assurer quelques soirées un peu rageantes, mais souvent amusantes.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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