Caractéristiques
-
Test effectué sur :
- Nintendo Switch
- iOS
- Android
- Développeur : Tookyo Games
- Editeur : IzanagiGames
- Date de sortie : 26 juin 2020
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 8/10 par 1 critique
-
Existe aussi sur :
Death Come True propose un récit très soigné
Voilà un test pas comme les autres, pour un soft qui, très clairement, va diviser. Avant d’aborder les qualités et défauts de ce Death Come True, il faut en rappeler l’esprit. Pour ce faire, sachez que l’œuvre est pilotée par un certain Kazutaka Kodaka, un scénariste de grande renommée. Mais si, vous le connaissez très certainement : il est à l’écriture de la série Danganronpa, l’un des meilleurs Visual novels qui puissent exister. On avait donc hâte de savoir ce sur quoi le bonhomme travaillait, lui qui, finalement, se fait plutôt rare côté jeux vidéo. Désormais à la tête de son propre studio, Tookyo Games, on savait qu’il bossait sur un titre on ne peut plus narratif. Désormais disponible en Europe (édité par IzanagiGames), on ne peut que confirmer cette annonce.
Death Come True se présente comme un film interactif, c’est indéniable. Ici, il n’y a même pas de volonté d’aborder le moindre gameplay, un peu comme le font les productions Quantic Dream ou Supermassive Games. Non, on regarde un long métrage d’humble mais intelligente production, et l’on agit sur quelques phases bien précises, par le biais de choix entre plusieurs branches scénarisées. Et ne vous attendez pas à une multitude d’embranchements qui accoucheront de plusieurs segments totalement différents selon vos réactions. Non, le récit s’arrange pour vous mener jusqu’au final et son tout dernier dilemme cornélien. Tout juste aura-t-on, en cours de route, l’information d’une médaille glanée par le biais d’une mort expérimentée. Car c’est bien simple : si vous vous ratez dans votre choix, vous périssez.
Ici, il est temps de préciser succinctement la teneur du scénario, pour mieux comprendre pourquoi le concept de mort, donc d’échec, peut être intéressant. Death Come True s’inscrit dans la culture de genre, l’histoire tire clairement vers la culture de la science fiction. Le héros de l’histoire, l’amnésique Makoto, se réveille dans un hôtel (dont on a l’impression que le tapissier a fait un tour dans l’Overlook de Shining, ce qui n’est pas pour nous déplaire), sans trop comprendre ce qui a bien pu l’y emmener. Grosse frayeur : il n’est pas seul dans la chambre. Une femme repose, inerte, dans la baignoire. Alors que le jeune homme tente de se remettre de ses émotions, la porte sonne. Derrière, le total inconnu. Et pire encore : le danger. Tout d’abord inconscient de cela, notre attitude va nous mener droit à la mort violente. Vous croyiez voir l’écran de game over ? Oui, c’est le cas, mais de manière beaucoup plus subtile.
Kazutaka Kodaka livre un film interactif consciencieux
Dans Death Come True, on ne meurt pas, on recommence avec l’expérience précédemment acquise par l’expérimentation. Une sorte de Die and retry cinématographique, donc. À l’image d’Un Jour Sans Fin, et de tous les longs métrages de ce genre qui ont pullulé voilà peu de temps, le film réalisé par Kodaka s’articule autour de la répétition avec, comme point d’orgue, la compréhension de la situation par le personnage principal. Dès lors, on aura comme principe de retenir les bonnes solutions, mais aussi de vérifier ce qui a bien pu clocher à certains moments. On ne peut surtout pas utiliser un exemple trop concret, tant le spoiler pend au nez, mais sachez que le principe est admirablement maitrisé. On aura même droit à quelques retournements de situation formidables, dont un qui nous a carrément estomaqué. On n’en écrit pas plus, sachez simplement que les thèmes évoqués ne sont pas des plus anodins et pourront plaire à un large public.
Vous l’aurez compris, Death Come True mise tout sur le joueur : il faut qu’il soit embarqué dans l’aventure afin de ne pas voir passer les deux heures nécessaires pour en voir le grand final. Bien entendu, les joueurs sectaires qui pensent qu’une console n’est faite que pour un type de jeu vont avoir là du grain à moudre. Cependant, même eux devront avouer que Kazutaka Kodaka a grandement soigné sa mise en scène, que ce soit dans la plus pure réalisation ou la direction des comédiens. Le casting, d’ailleurs, figure parmi les grandes forces du résultat. Le personnage principal est incarné par un très crédible Kanata Hongo, lequel parvient a s’extirper de son aura de jeune mannequin un peu lisse qu’on pouvait regretter dans ses participations à Gantz et L’Attaque des Titans. Autre belle prestation, celle de Chiaki Kuriyama. Mais si vous la connaissez, c’était elle la Gogo Yubari de Kill Bill. Elle a gagné en maturité dans son jeu, c’est une bonne chose.
Finalement, notre seule véritable retenue concerne la localisation. Il faut être juste : on ne peut qu’être grandement satisfait par les sous-titres français disponibles tout au long de Death Come True. C’était inespéré, et cela apporte un confort remarquable. Par contre, les nombreuses vidéos du Death Tube, sorte de Youtube qui recense différents making of, ne sont pas traduites. Et là c’est quand même très dommage, espérons qu’une mise à jour viendra modifier cela. En tout cas, voilà qui termine de nous faire écrire qu’on fait face à une expérience intéressante. Laquelle, on l’espère, en appellera d’autres de la part d’un Kazutaka Kodaka qui, décidément, fait partie des noms à surveiller de près.
Note : 16/20
Il est particulièrement difficile de noter Death Come True sur des critères uniquement vidéoludiques. On fait face à un film interactif particulièrement bien écrit, à l’univers qui ne laissera personne indifférent. Autant vous y préparer : il n’est pas question, ici, de mécaniques de gameplay, et pas non plus de « narration élastique » qui changerait totalement le récit. Vous aurez simplement à choisir, et à faire en sorte de voir le grand final. Le résultat se fait étonnamment bien mis en scène, soigné tout autant dans la réalisation que dans la direction des comédiens. Une expérience à tenter, pour qui a envie de s’offrir deux bonnes heures de détente cinématographique.