Caractéristiques
- Titre : After Yang
- Réalisateur(s) : Kogonada
- Scénariste(s) : Jason Headley & Angus MacLane
- Avec : Colin Farrell, Jodie Turner-Smith, Malea Emma Tjandrawidjaja, Justin H Min...
- Distributeur : Condor Distribution
- Genre : Science fiction, Drame
- Pays : Américain
- Durée : 96 minutes
- Date de sortie : 6 Juillet 2022
- Acheter ou réserver des places : Cliquez ici
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Une plongée dans les souvenirs d’un robot
Second long-métrage de Kogonada, After Yang, présenté dans la section Un certain regard du Festival de Cannes 2021, se déroule dans un futur proche. Chaque foyer possède un androïde domestique, appelé « techno-sapiens ». Dans la famille de Jake, il s’appelle Yang, et veille plus particulièrement sur la jeune Mika, assurant pour cette petite fille adoptée d’origine chinoise, un rôle de tuteur, d’ami, de confident. Aussi, le jour où Yang tombe en panne, Jake met toute sa vie en pause pour tenter de le réparer. Mais le parcours va se révéler beaucoup plus compliqué que prévu, et va mettre Jake aux prises avec des questionnements existentiels et intimes vertigineux. Une réussite ?
Le scénario de Kogonada, d’après la nouvelle américaine Saying Goodbye to Yang d’Alexander Weinstein, s’avère intéressant sur plusieurs points. En premier lieu, il s’interroge sur les « techno-sapiens », qui sont clairement des IA, et donc sur la limite entre la notion pratique du robot qui nous sert tous les jours, ici pour aider une jeune fille, et la notion de conscience. Où est la limite ? Est-ce que ce sont les souvenirs qui vont évoluer ? Les relations entre humains et robots ? Ou même peuvent-ils aimer ? Ces questions sont posées au travers du regard de Jake qui, après la panne de Yang, va plonger dans les souvenirs de celui-ci. Cette enquête va l’emmener de surprises en surprises. S’il y a des réponses, ou plutôt des débuts de réponses, qui sont montrées, tout n’est évidemment pas certain.
Le deuil d’un famille
Mais, au travers de cette quête du souvenir et de la réparation de Yang, c’est aussi une réflexion sur l’humanité que nous avons là. Une réflexion menée à travers la relation avec les robots telle qu’elle pourrait se développer dans le futur. Comment les considérerions-nous ? Comme faisant partie intégrante de la famille? Devrions-nous les pleurer dès qu’ils ne marchent plus ? Une réflexion intéressante, qui nous renvoie aussi à notre propre mortalité. La question du clonage est aussi abordée, de façon moindre, mais la question est néanmoins traitée. D’ailleurs, le rapprochement entre l’IA et le clonage est fait à un moment de façon astucieuse.
Et les personnages dans tout ça ? Jake (Colin Farrell, excellent dans son interprétation) veut tout d’abord faire réparer le robot, mais cela va aller beaucoup plus loin. En plongeant dans les souvenirs de Yang ( Justin H Min, extrêmement juste dans sa performance), il va découvrir une partie de la vie du robot qu’il ne connaissait pas, mais qui va aussi le faire grandir en tant qu’être humain. Kyra, la femme de Jake, joliment interprétée par Jodie Turner-Smith (Queen & Slim) va elle aussi ressentir l’absence du robot sur le tard, mais on sent tout de même l’évolution de son personnage. Mika (Malea Emma Tjandrawidjaja, impressionnante pour son âge) va devoir faire le deuil de son « frère » et comprendre ce qu’il représentait pour elle. Enfin, Yang dans tout ça ? Plus on apprend à connaitre le « techno-sapiens », plus on découvre son humanité et cela donne matière à réflexion.
Esthétiquement beau
En ce qui concerne la réalisation de Kogonada, esthétiquement c’est superbe. Il fait surtout des plans fixes et laisse les acteurs jouer. Parfois (mais rarement), il s’autorise un champ contrechamp ou un traveling pour poser une ambiance. D’ailleurs, la photo de Benjamin Loeb est superbe. La plupart des plans ont été filmés en lumière naturelle ou tamisée pour un rendu le plus naturel et réaliste possible. Les effets spéciaux sont aussi de qualité. Il y en a peu, mais ils sont savamment utilisés. La musique d’Aska Matsumiya et Ryuichi Sakamoto est aussi magnifique. Mais le gros problème d’After Yang est son rythme. Certes un rythme lent est bon pour ce genre de film intimiste, mais sachant que le film dure 1h30, le réalisateur-monteur pousse les curseurs à fond et des lenteurs se font vraiment sentir malgré un récit prenant – ce qui donne du coup l’impression que le film dure de plus de deux heures.
Au final, After Yang est une belle réflexion sur les robots et l’humanité. Esthétiquement magnifique, porté par un récit poétique avec des acteurs impliqués et inspirés, le film possède cependant des lenteurs qui pourront décontenancer une partie des spectateurs.