Caractéristiques
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Test effectué sur :
- Nintendo Switch
- PC
- Développeur : La Belle Games
- Editeur : Arte
- Date de sortie : 2 juillet 2020
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 7/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Frankenstein enfin adapté en jeu avec soin
Voilà désormais plus de cent ans que la créature de Frankenstein hante l’esprit des amateurs d’imaginaire. Paru en 1918, le roman épistolaire de Mary Shelley a su toucher des générations d’êtres humains, bien aidé par les innombrables adaptations au cinéma. De la Hammer jusqu’à Kenneth Brannagh, en passant par son apparition dans Monster Squad ou dans des films bien plus discutables, la créature est désormais partie intégrante de la pop culture. Par contre, les itérations en jeu vidéo sont certes nombreuses (citons Frankenstein : Through The Eyes Of The Monster ou l’adaptation du film de 1994), mais aucune n’a vraiment fait mouche. Enfin ça, c’était avant, car The Wanderer : Frankenstein’s Creature mérite qu’on s’y attarde.
Les équipes derrière The Wanderer : Frankenstein’s Creature forment déjà tout un sujet. Oui, Arte est aujourd’hui un éditeur de jeu vidéo, en plus de parfois nous servir de berceuse télévisuelle. Heureusement, ici, le groupe français a un peu plus de nez que quand il s’agit de nous dégoter un téléfilm traitant d’un drame sociale venu de Lituanie, même s’il n’était pas évident que le studio de développement La Belle Games allait embrayer après un premier jeu, Eugenics, passé inaperçu (mais qu’on a envie de découvrir, du coup). Rassurez-vous, c’est bel et bien le cas, et le jeu que nous abordons aujourd’hui a toutes les chances de beaucoup plaire aux amateurs de trips poétiques et éthérés, sorte de sous-genre dont la voie fut auparavant ouverte par les softs de Thatgamecompany.
Si un certain minimalisme est à l’oeuvre, on ne peut pas non plus tout à fait rapprocher The Wanderer : Frankenstein’s Creature et, par exemple, Flower. Le jeu de La Belle Games a tout de même une histoire à nous raconter, et pas n’importe laquelle. On va faire simple et sans spoilers : il s’agit d’une adaptation assez fidèle non pas à la lettre, mais à l’esprit de l’œuvre signée Mary Shelley. Comprendre par là qu’il ne faut pas en attendre une totale transcription du texte, ni même de la narration, mais plutôt de ses thèmes, de sa substantifique moelle. Ici, pas de course de relais entre les différents narrateurs, comme c’est le cas dans le roman, mais une attention toute particulière à la créature que nous incarnons, et à sa construction au travers de bien des épreuves humainement difficiles. Notre avatar, hideux, va faire face à différentes épreuves, dans des environnements certes immaculés mais qui ne cessent de le rejeter. On notera que l’expérience est entièrement sous-titrée en français, et de manière très soignée.
Une belle émotion, mais un challenge absent
Côté gameplay, The Wanderer : Frankenstein’s Creature alterne entre le quasi-walking simulator et phases d’énigmes. Que l’on soit clair : le challenge n’est clairement pas au centre de cette expérience. On a droit à des puzzles qui, pour la plupart, font surtout appel à la logique et au sens de la vue. L’aventure se divise en plusieurs tableaux, et tous renferment une épreuve à vaincre. Le niveau est tout à fait conseillé aux joueurs débutants, lesquels s’amuseront à réparer une statue, ou à trouver votre chemin au sein du laboratoire de votre créateur. Un enfant pourrait s’en sortir sans mal, par contre que les adultes restent tout de même parmi nous : La Belle Games n’a pas non plus fait de ce jeu un Adibou. Le studio a insufflé la notion de choix et de conséquences : beaucoup d’instants vous demanderont une réaction. Par exemple, choisir d’intervenir quand, dans la nature, un serpent tente d’attaquer un autre animal. C’est globalement très fin, on a bien l’impression d’assister à l’apprentissage plus ou moins douloureux de notre créature.
The Wanderer : Frankenstein’s Creature se termine rapidement : il vous faudra tout au plus deux heures pour en voir le bout. Le jeu propose tout de même une certaine rejouabilité, avec pas mal de différentes fins au programme. Seul problème, il faudra pour cela rejouer l’entièreté du jeu. Et, selon nous, il s’agit d’une expérience qui ne se savoure jamais mieux que lors de son premier run. Techniquement, le soft se tient remarquablement bien. Heureusement, c’est tout à fait fluide, et nous n’avons relevé aucun bug d’aucun type que ce soit. La direction artistique nous a carrément séduit, avec cet aspect peint du plus bel effet. C’est très joli, et s’en dégage un lyrisme qui nous a fondamentalement ému. Enfin, impossible de ne pas relever l’excellence du domaine audio : jouez-y au casque pour encore mieux savourer le mixage.
Note : 15/20
The Wanderer : Frankenstein’s Creature nous a charmé à plus d’un titre ! Sa gestion du récit, un véritable piège tant le roman de Mary Shelley est bien plus complexe qu’on le pense notamment dans sa structure, est une réussite. C’est aussi le cas de toute la technique, et encore plus de la direction artistique qui assure un spectacle d’une belle émotion. On regrettera simplement une durée de vie trop juste. Et l’on aurait aimé un peu plus de challenge même si, en l’état, l’expérience pourra plaire à un très large public. Du coup, le studio français La Belle Games a tout de l’entité désormais à suivre de près.