Caractéristiques
- Titre : Armageddon Time
- Réalisateur(s) : James Gray
- Scénariste(s) : James Gray
- Avec : Anne Hathaway, Jeremy Strong, Banks Repeta, Jaylin Webb et Anthony Hopkins.
- Distributeur : Universal Pictures France
- Genre : Drame
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 114 minutes
- Date de sortie : 9 novembre 2022
- Acheter ou réserver des places : Cliquez ici
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Le film le plus personnel du réalisateur
Nouveau long-métrage écrit et réalisé par James Gray (Ad Astra, The Lost City of Z), Armageddon Time raconte l’histoire très personnelle du passage à l’âge adulte d’un garçon du Queens dans les années 80, de la force de la famille et de la quête générationnelle du rêve américain.
Le scénario écrit par James Gray est clairement autobiographique. Il suffit, après avoir visionné le film, de lire sa biographie pour en être certains. Il a juste changé quelques noms, mais cela se voit clairement. En tout cas, après le périple spatial qu’était Ad Astra, Gray revient sur la terre ferme, à New-York plus précisément, ville qui l’a vu grandir, avec plusieurs des thèmes récurrents de sa filmographie. On s’intéresse donc à Paul Graff, un enfant juif d’une dizaine d’années adorant dessiner et vivant dans le Queens au début des années 80. Il fait les 400 coups avec son ami afro-américain Johnny. Le jeune ado se rebelle, n’écoute pas ses parents et tient compte uniquement de ce que lui dit son grand-père. Il va donc être envoyé dans une école privée pour apprendre la discipline.
La perte de l’innocence selon James Gray
Comme dans la majeure partie de sa filmographie, le thèmes du rapport au parents est présent dans Armageddon Time. La relation entre Paul et ses parents mêle tendresse, désobéissance et moments de violence, jusqu’à ce qu’une épreuve familiale fasse grandir le garçon et lui fasse perdre son innocence. Evidemment, il s’agit là aussi d’un thème à part entière. On suit notamment le héros lors de son entrée dans une école privée où il va comprendre ce qu’est « l’élite », mais surtout le racisme latent contre les juifs et les afro-américains, qui fait écho à ce qu’il se passera quelques décennies plus tard aux USA avec Black Lives Matter. La dimension initiatique se retrouve également dans sa relation avec Johnny, qui offrira son lot d’aventures, mais aussi d’émotions. Il en est de même en ce qui concerne la relation entre Paul et son grand-père, qui est sûrement la plus aboutie et émouvante.
Et il y a aussi la peur de l’embrasement de la Guerre Froide en Guerre Nucléaire avec l’élection de Ronald Reagan. Cela reste inscrit en filigrane, mais est néanmoins bien présent, même si cela aurait pu être un peu plus développé. D’ailleurs, c’est de là que vient le titre Armageddon Time. Le tout est assez réussi, avec de petits moments en famille, même si certains passages, assez redondants, auraient pu être coupés pour donner un meilleur rythme au film. Avec tout ce qu’il a à dire et à montrer, celui-ci s’égare parfois et peut aussi se montrer involontairement naïf. Certes, nous sommes à hauteur d’enfant, mais il ne faut pas exagérer non plus !
Une réalisation belle et soignée
En ce qui concerne la réalisation de James Gray, il n’y a rien à redire. La reproduction du début des années 80 pour les décors et costumes est bien faite. L’utilisation des chansons de cette époque participe au sentiment d’immersion. Sa direction photo est soignée, surtout avec l’aide de Darius Khondji, qui nous offre une lumière belle et réaliste, le tout avec aussi des plans assez simples et une construction de l’image harmonieuse. Gray filme véritablement à hauteur d’enfant, en élevant la caméra au fur et à mesure de la perte de l’innocence. Le tout est réalisé avec une belle justesse. La composition musicale de Christopher Spelman est assez simple et s’incorpore et accompagne bien le film. Le montage est bon malgré deux-trois transitions assez violentes, et le rythme descend un peu vers le milieu du long-métrage, entrainant quelques longueurs.
Des prestations primables
Au casting, Anne Hathaway (Dark Waters) livre une excellente performance dans le rôle d’Esther, la mère de Paul. Elle montre un joli panel d’émotions et se révèle émouvante. Cela mériterait, au moins, une nomination pour elle. Jeremy Strong est aussi bon en père strict. Il a moins de matière que Hathaway, mais il rend sont personnage attachant lors d’une scène cruciale. Banks Repeta interprète aussi, justement, Paul. Pour son jeune âge, il livre également une belle performance. Jaylin Webb est également excellent dans le rôle de Johnny, surtout lors d’une scène au commissariat. Enfin, le talent d’Anthony Hopkins n’est plus à démontrer et il offre là aussi une excellente prestation dans le rôle du grand-père sage. Un rôle qui, là encore, mériterait d’être récompensé.
Armageddon Time est une belle ode à la perte de l’innocence. Très juste dans son propos (autobiographique), James Gray signe ici son film le plus personnel, à défaut d’être le meilleur ou le plus équilibré. Le casting est superbe et l’émotion palpable.