Caractéristiques
- Titre : La Maison
- Réalisateur(s) : Anissa Bonnefont
- Scénariste(s) : Anissa Bonnefont et Diastème
- Avec : Ana Girardot, Aure Atika, Rossy de Palma, Philippe Rebbot, Gina Jimenez, Lucas Englander, Yannick Renier et Nikita Belluci.
- Distributeur : Rezo Films
- Genre : Drame
- Pays : France
- Durée : 90 minutes
- Date de sortie : 16 novembre 2022
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- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Une analyse du fonctionnement d’une maison close
Nouveau long-métrage d’Anissa Bonnefont (Nadia, WonderBoy) d’après une histoire vraie et adaptation du livre éponyme d’Emma Becker, La Maison raconte l’histoire d’Emma, 27 ans, Française qui part vivre à Berlin et décide de rentrer dans une maison close afin de découvrir et comprendre les prostituées, ces femmes qui sont payées pour être femmes et seulement ça, sujet de son nouveau roman. Tel du gonzo-journalisme, Emma devient l’une d’entre elles et son expérience, qui ne devait durer initialement que quelques semaines, va durer
Le scénario d’Anissa Bonnefont et Diastème fait l’analyse de ce qu’est une prostituée pour désacraliser le mythe autour de la prostitution. Attention, elles n’en font pas l’apologie, loin de là. Au travers de l’histoire d’Emma, on rentre peu à peu dans une maison close de Berlin. On y découvre comment cela se déroule, la clientèle, qui est constituée pour la majorité, d’ hommes et femmes comme tout le monde. Chacun a son histoire triste ou non et ses raisons d’être là. Dans une scène assez humoristique, on découvre un homme qui vient apprendre comment faire un cunnilingus. Ce sont des choses auxquelles nous n’aurions pas pensé…
On y découvre également le quotidien des travailleuses du sexe. Certaines sont là car elles ne peuvent pas faire autrement, et d’autres par choix. Et il est intéressant que le long-métrage s’intéresse auw deux. Evidemment, il y a aussi des dangers à faire cette profession, cela n’est pas éludé, notamment dans la dernière partie du film.
Un personnage principal à la dualité intéressante
Mais on s’intéresse aussi au personnage d’Emma. Ecrivaine qui a son actif deux ouvrages qui ont déjà bien marché. Elle va s’essayer à la prostitution pour découvrir ce monde de l’intérieur, croyant ne pas être comme tout le monde par rapport à ses sentiments et son rapport au sexe. Pourquoi l’expérience s’éternise-t-elle ? Est-elle perdue dans sa tête ou le fait-elle par vocation ? La réponse se trouve dans La Maison.
Les choses vont cependant changer quand elle va tomber amoureuse. D’ailleurs, elle fait référence que les rapports sexuels ne sont pas les mêmes quand elle le fait avec des sentiments que quand elle le fait dans la maison close. Le personnage évolue alors, jusqu’à se retrouver face à elle-même et à ses choix passés et futurs.
Un humour salvateur et efficace pour désacraliser un sujet délicat
On pourrait croire que le film est, de prime abord, vulgaire à cause de la façon dont le sexe est représenté, mais pas du tout. Evidemment, il y a des scènes de sexe, les femmes sont nues et le tout est cru pour nous montrer comment est ce milieu. On y découvre surtout des femmes maîtresses de leurs corps et qui l’utilisent pour faire plaisir. Une vraie plongée dans ce monde qui est désacralisé par une pointe d’humour qui est présente et efficace. Il y a de vraies situations ou répliques amusantes. Que ce soit avec des clients (comme nous le disions plus haut) ou entre prostituées. Un scénario bien construit, avec de très bonnes citations du livre, récitées par Ana Girardot, au début et à la fin du film.
Côté réalisation, il y a du bon et du moins bon. Les points positifs, c’est qu’Anissa Bonnefont connait son code couleur et sait parfaitement en jouer. Il y a de bonnes idées, comme un très bon plan séquence au milieu du film. Côté négatif, il y a pas mal de faux raccords, dont certains assez gros lors d’une discussion dans un lavomatique entre Emma et sa sœur. Cela nous a presque sortis du film. Mais aussi, il y a un parti pris esthétique pas terrible, à base de néons, pour La Maison, mais aussi, de façon générale, que ce soit pour l’appartement où habite Emma ou encore, les rues de Berlin. Pour le reste, le montage est bon et rythmé. Les transitions sont bonnes et on ne voit pas passer le temps. Enfin, la musique de Jack Bartman s’intègre parfaitement au récit.
Ana Girardot à nu
En ce qui concerne le casting, Ana Girardot (Deux Moi) se met à nu littéralement pour interpréter Emma. Elle le fait d’ailleurs très bien, avec plusieurs nuances vraiment intéressantes dans son jeu. Il est clair que sa prestation est primable. Aure Atika et Rossy de Palma (Une Sirène à Paris) sont de très bons éléments du casting, qu’elles soient là pour apporter du sérieux ou de l’humour. Philippe Rebbot n’a qu’une seule scène mais il est parfait dans celle-ci, entre naïveté et humour. Gina Jimenez surjoue dans la moitié de ses scènes, dans le rôle de Madeleine, la sœur d’Emma, c’est assez dommage. Enfin, le casting est complété par les bonnes interprétations de Lucas Englander, Yannick Renier (Goliath) et Nikita Belluci.
La Maison est une analyse et une désacralisation de la prostitution (dont il ne fait pas l’apologie), avec de bonnes idées au niveau de la réalisation malgré quelques défauts, Le film est surtout porté par une Ana Girardot exceptionnelle.
Attention, le film est interdit aux moins de 16 ans.