Caractéristiques
- Titre : Overdose
- Réalisateur(s) : Olivier Marchal
- Scénariste(s) : Olivier Marchal & Pierre Pouchairet
- Avec : Sofia Essaïdi, Assaad Bouab, Alberto Ammann...
- Genre : Thriller, Action
- Pays : France
- Durée : 1h59
- Date de sortie : 4 novembre 2022
- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Le style Olivier Marchal
Overdose est le nouveau film d’Olivier Marchal. Il s’agit d’une adaptation du roman Mortels Trafics de Pierre Pouchairet qui a obtenu le prix du quai des Orfèvres en 2017. Très vite, on peut dire qu’on retrouve le style d’Olivier Marchal ce qui, en soit, constitue à la fois les qualités et les défauts du film, car si le réalisateur n’a rien perdu en termes d’efficacité et de rythme dans ses métrages, on est tout de même loin de sa grande époque avec 36 quai des Orfèvres ou MR 73.
On reconnaît néanmoins ses personnages toujours mal rasés, presque au bout du rouleau et qui passent leur temps à jouer aux gendarmes et aux voleurs. Rien de nouveau donc, mais le résultat est toujours efficace et, même si ça ne fait pas toujours plaisir à certains, ça fait du bien de voir de temps en temps un métrage promouvant la testostérone dans un paysage cinématographique français qui en manque cruellement.
Une histoire efficace mais imparfaite
Le scénario d’Overdose est en fait décomposé en 3 histoires, qui vont au fur et à mesure se rejoindre. D’un côté, nous avons Sarah qui dirige la brigade des stupéfiants de Toulouse et qui est informée par Raynal, un ancien amant qui s’est infiltré dans un gang préparant une go-fast entre l’Espagne et la France. Et Richard, chef de la brigade criminelle de Paris qui a pris en charge une enquête sur le meurtre de deux adolescents à l’hôpital Necker-Enfants malades. Suite à la mort de Léna (une membre du gang), des traces d’ADN correspondantes à celles retrouvées à l’hôpital amènent Richard à prendre contact avec Sarah.
Trois personnages principaux donc, entourés chacun d’une flopée de seconds couteaux pour lesquels il faut bien admettre que les interprétations sont souvent inégales. Si Sofia Essaïdi s’en sort plutôt bien avec un personnage à la fois fort et fragile, les deux autres membres du casting principal, Assaâd Bouab (Richard Cross) et Nicolas Cazalé (Raynal), paraissent beaucoup trop statiques dans leur jeu. Néanmoins, c’est dans le reste du casting que les différences se font beaucoup plus flagrantes : pour un Simon Abkarian toujours aussi bon, nous avons Kool Shen, au jeu plus approximatif.
Globalement, le casting se tient, mais on sent que la direction d’acteurs est fragile. Néanmoins, l’action permanente permet au spectateur, en tout cas lors de la première vision, de ne pas y prêter autant d’attention qu’il serait nécessaire. Pour ce qui est du scénario en revanche, un certain nombre d’incohérences, même avec l’action pour les soutenir, ne peut qu’attirer notre attention, comme par exemple une voiture de police tous feux allumés, qui n’est pas repérée par les bandits en planque ou alors un transport de prisonniers où l’on se demande vraiment comment ça a pu mal tourner, sans parler des trafiquants qui autorisent une junkie à les accompagner pour transporter plusieurs kilos de dope (!). Bref, ça sent le spectacle emballé de manière efficace (bien que certains passages de réalisation, entre autres une poursuite en voiture, s’avèrent très fouillis), mais vis-à-vis duquel il ne faudra pas être trop exigeant en terme de crédibilité – un comble néanmoins pour un Olivier Marchal, ancien flic qui a toujours fait de son passé un argument de vente.
Olivier Marchal en risque d’overdose
Ce que l’on pourra retenir du film Overdose c’est que, très clairement, on ne passera pas un mauvais moment à le visionner. Néanmoins, il faut être honnête : on n’en gardera pas non plus de grands souvenirs. Si, pour un film du samedi soir, on peut s’en contenter et s’en satisfaire, on ne peut pas aussi occulter l’idée qu’il fut un temps où les films d’Olivier Marchal, quand ils sortaient, créaient davantage l’événement et bénéficiaient d’un casting plus prestigieux (Depardieu, Auteuil), d’une réalisation et d’un montage plus exigeants et aussi d’une conviction qui transpirait davantage à l’écran.
Là, on se retrouve avec un produit calibré qu’un réalisateur de moindre talent aurait très bien pu mettre en scène. Alors oui, l’aspect cru des situations et la notion de justice expéditive que montrent le film retient notre attention voire nous amusent lorsqu’on se met à deviner la réaction à venir, forcément outrée, d’une majeure partie des critiques. Mais cette débauche de scènes aussi violentes que parfois mal amenées nous interpelle sur le fait de savoir si Olivier Marchal nous livre vraiment la vérité du quotidien qu’il a vécu, ou s’il s’agit seulement de la vérité fantasmée qu’il aime mettre en scène à l’écran. Bien que la violence dans les cités et celle des membres des cartels ne soient pas un grand mystère, il serait dommage que Marchal renonce à toute forme de crédibilité, au risque de bafouer son propre discours.
Overdose peut se conseiller car, bien que ceux lassés du style Marchal vous diront que c’est un mauvais film, d’autres, plus indulgents eu égard au fait que ce genre de métrage devient rare, ne passeront pas un mauvais moment. En fait, cela dépendra de votre humeur mais, en l’état, on dira que c’est un bon film, sans aucune prétention et sans aucun génie non plus.