[Critique] Bloodsport : un premier film culte pour Van Damme

Caractéristiques

  • Réalisateur(s) : Newt Arnold
  • Avec : Jean-Claude Van Damme, Bolo Yeung, Forest Whitaker, Donald Gibb
  • Distributeur : Cannon Group
  • Genre : Action
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 92 minutes
  • Date de sortie : 27 juillet 1988
  • Note du critique : 8/10

Un film d’action exemplaire

image film bloodsport
Un combat au sommet !

La petite histoire derrière Bloodsport est bien connue, mais cela ne coûte rien de la replacer. Alors que sa carrière ne semble pas devoir décoller, après un rôle d’antagoniste dans le pas très glorieux Le Tigre Rouge, Jean-Claude Van Damme tente le tout pour le tout. Il apprend qu’un producteur très important, Menahem Golan, co-fondateur de Cannon Group, dîne dans un restaurant. Le belge fonce sur le parking, attend l’imminent personnage, et lui fait une petite démonstration de high kick, en arrondissant les angles sur sa carrière dans les arts martiaux, bien moins glorieuse que promise. L’anecdote dit que cela aura suffit pour convaincre Golam pour lui offrir le rôle principal du film que nous abordons ici…

Bloodsport s’appuie sur un personnage bien réel : Frank Dux. Si la véracité du vécu de cet homme, initiateur d’une sorte de ninjustsu à l’américaine (le Dux Ryu), est largement sujette à discussion, ce sont bel et bien ses pseudos exploits qui nous sont ici contés. Il sera, donc, question d’un tournoi secret, le Kumite, qui a lieu tous les cinq ans à Hong Kong. L’occasion, pour tous les combattants les plus aguerris, de différents styles, de se confronter avec les règles du Full Contact : seuls le KO, l’abandon ou la sortie de ring sont éliminatoires. C’est pour participer à cet événement hors du commun que Frank Dux s’enfuie de l’armée américaine. Mais avant cela, il doit parfaire son entrainement de son maître Senzo Tanaka, endeuillé par la mort de son fils. Une fois au point, le soldat en cavale va s’engager au Kumite, afin de défendre l’honneur de son professeur.

Bloodsport fonctionne toujours aussi bien qu’à l’époque de sa sortie, et pour deux raisons précises. Tout d’abord, la salvatrice fluidité de son histoire. La multiplication des intrigues pouvaient faire peur, mais elles ont en commun de faire grandir le seul intérêt du film. Comme dans Full Contact, et bien d’autres films d’action de cette époque, on observe la ficelle du héros en cavale. Ce qui distille un sentiment d’urgence, qui culmine lors d’une course poursuite, à pieds, dans un Hong Kong un peu cracra. Aussi, on a droit à une petite amourette, avec une journaliste qui fait intervenir la notion de doute autour du bien-fondé du Kumite. L’amitié fait aussi une arrivée remarquée, avec un buddy pataud, parfois même vulgaire, dont le style de combat fait effectivement très américain : on fonce dans le tas, et on cogne. Enfin, l’antagoniste, très réussit, sous les traits du toujours impressionnant Bolo Yeung (vu dans La Main de Fer, mais aussi un autre film avec JVCD : Double Impact), apporte une sacrée dose de ressenti, d’autant plus que ses exactions ont le don de marquer les esprits.

Van Damme lancé comme un frelon

Bloodsport est l’occasion rêvée, pour Jean-Claude Van Damme, de sortir du bois. La construction scénaristique met en avant ce que l’acteur a de plus convaincant : son sens du spectacle. On ne cessera de le répéter, celui que Hollywood surnomme « les muscles de Bruxelles » n’est pas un artiste martial des plus avérés. Par contre, ses dispositions très aériennes, sa souplesse, en font une véritable bête de scène, sous l’œil de la caméra. On ne saura jamais réellement si la volonté de mettre en avant cette particularité est vraiment le fait du réalisateur, Newt Arnold (premier assistant réalisateur sur Le Parrain Partie 2, ce n’est pas rien), ou celle de JVCD qui, après que Menahem Golam ait détesté le premier montage, a voulu modifier celui-ci. Toujours est-il qu’on assiste à un déluge de combats, et ces différentes oppositions ont chacune assez de puissance évocatrice pour retenir l’attention. Par exemple, l’entrée en piste de Dux n’est pas de moindre importance. Battre, au premier duel, le record de rapidité du grand méchant du film, réputé invincible et d’une cruauté meurtrière, ça laisse songeur. Aussi, la qualité de ces oppositions sont dus à un rendu très impactant, notamment grâce à la véritable maîtrise de la part des rôles secondaires. Le personnage utilisant le muay thai vous paraît incroyablement bon ? C’est normal, il est incarné par Paulo Tocha, un véritable champion de la catégorie.

Bloodsport est même l’occasion d’une ou deux petites surprises croustillantes. Parmi elles, on retiendra surtout la présence d’un certain Forest Whitaker, encore jeunot mais déjà assez expérimenté (il sortait de Good Morning, Vietnam). Son rôle de policier, plus précisément de bleusaille, n’apporte pas grand chose dans le film, mais on apprécie toujours sa présence. On pourra aussi s’émouvoir de la présence de Roy Chiao, chinois incarnant ici le maître japonais, Tanaka. Sa trogne vous dira sûrement quelque chose, et c’est bien normal : il figure au générique de plus de cent fils, dont Indiana Jones et le Temple Maudit, et Le Jeu de la Mort. Le genre de petite sucrerie qui ne se refuse pas, même si le gros morceau est ce dernier acte, le duel contre le perfide, violent, et tricheur, Chong Li. Un personnage coréen, c’est à souligner, alors que Dux défend son maître japonais. Un antagonisme qui s’inscrit dans le réel, on connaît les divergences terribles entre ces deux peuples. Cela ne fait qu’ajouter à la dramaturgie d’une baston qui restera à jamais dans les mémoires des amateurs de films d’action. Une remarque qu’on pourra pousser à l’ensemble de œuvre.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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